ACKROS, ou comment extrapoler une réalité difficile à accepter. Jugez-plutôt. Si le Death Metal belge devait avoir son all-star band, son LOCK UP, son BLOODBATH, il s’appellerait probablement ACKROS. Avec à son bord des membres de CYCLOPE VISION, FABULAE DRAMATIS, DEADALUS et des anciens des maisons INNERFIRE, CURSE, DOMINE HATE, GARDEN OF DECAY ou, plus impressionnant encore, le chanteur de LENG TCH’E, ce groupe du Hainaut est déjà solidement constitué. Seulement voilà, le problème, c’est qu’on est en 2013, que The Multiverse a cinq ans, qu’ACKROS n’a plus rien sorti depuis une vague promo en 2010 et que son membre le plus développé, le génial Serge Kasongo, a déserté. Du coup, se replonger dans ce premier effort est une expérience plutôt douloureuse, tant le potentiel entrevu à l’époque à de quoi laisser des regrets. On était loin du plus rocambolesque album de Death mélodique de la décennie, mais le contenu de The Multiverse suffisait à notre bonheur.

Et pour cause, entre un riffing explosif, des moments mélodiques d’une grande beauté, d’autres plus incisifs et percutants (« Endless Soul »), une prestation irréprochable de Laurent Masse (ex-INNERFIRE) derrière la batterie et un Serge Kasongo on fire au micro, cet opus a tout pour plaire. Entièrement autoproduit, enregistré et mixé par ACKROS, The Multiverse est donc une œuvre qui sonne comme très personnelle. Il y a une griffe qui se dégage de ces quelques morceaux. Bizarrement, l’ouverture « Ackros » m’a rappelé le « Conquer All » de BEHEMOTH en version mélo-catchy-rock n’ roll. Une drôle de résurrection pour l’un des meilleurs titres des Polonais. Ce premier CD est ainsi constitué. Il évoque par épisodes certaines chansons entendues sous d’autres noms, certains noms entendus sur d’autres chansons et ce melting-pot détonnant est séduisant parce que groovy, remuant et puissant. Ayant à peine intégré LENG TCH’E à l’époque, Serge Kasongo étale déjà toute sa force vocale et son professionnalisme, deux éléments qui prêtent à sourire à la vue de son mètre vingt et de son physique trapu. Son timbre guttural est une véritable perle et on comprend vite en quoi son rôle dans LENG TCH’E, devenu référence mondiale en matière de Grind, est aujourd’hui indiscutable. The Multiverse reprend également les trois morceaux présents sur la démo éponyme de 2005, à savoir « Ackros », « Melissa » métisse d’Ibiza et « Renaissance ». Ce sont donc « seulement » sept inédits qui nous sont ici proposés et on détecte tout de suite une certaine forme de cohésion entre les titres dits récents. Si « Ackros » restera pour moi la composition la plus complète de ce disque, on remarquera également les excellents « Shining Shadow », « Demon Of Ice » ou « Stormbringer », une conclusion rythmiquement nuancée. Tout ce joli bazar forme une œuvre complète, sans grandes inégalités et pour l’époque extrêmement judicieuse.

Force est de constater que cinq années plus tard, The Multiverse fait toujours un sacré effet. Certes, ACKROS n’est plus vraiment un groupe d’actualité et ce seul full-lenght inscrit à leur discographie est un bien maigre trophée au regard de leurs capacités. Mais pour ceux ayant fait l’acquisition de cet album au moment de sa sortie, je dois reconnaître que vous possédez là un bien bel objet qui ne mérite pas de prendre la poussière.