Piece Of Hate est ce genre d'album qui passe dix secondes dans tes mains avant que tu n'en comprennes le sens. Tu ouvres le booklet, tu tombes nez à nez avec cinq Belges qui te regardent, quatre avec un air inexpressif et un dont le regard genre méchant n'en évoque aucun autre que celui de ce vrai gentil d'Ottis Toole. Puis tu tombes sur trois mots bizarrement accolés, "Unhealthy Beatdown Deathcore" et quelque part, tu te réjouis d'une telle maitrise de l'anglais mais pas vraiment du sort qui t'attend. Tu survoles les paroles, non sans ignorer le choc de mots finement pesés comme fuck, fucking, motherfuckers, shit, bastards, bitch qui trahissent un trop plein de poésie. Puis quand tu aimes le Deathcore comme moi, tu peux envisager que THE LAST SHOT OF WAR ne soit pas qu'un ramassis de conneries mais également une bonne surprise et à l'évidence, ce sera tantôt l'un, tantôt l'autre. Puis au passage, pour faire mon pseudo-job de biographe, sachez que cet opus est leur deuxième. C'était là votre seul moment wikipedien.

Aucune encyclopédie en ligne ni même aucun webzine ne saurait mieux vous renseigner quant à la géniale médiocrité qui garnit Piece Of Hate que l'écoute dudit CD. Le suspens dure approximativement 90 secondes, le temps pour "Perversion" de faire son œuvre de néant / introduction avant l'arrivée de "Beyond The Nightmare Of Dreamers", de ses guitares tranchantes, de ses bpm qui s'enfilent ma foi mieux que des perles, de sa relative naïveté aussi. THE LAST SHOT OF WAR est un groupe qui a été nourri au grain, au rythme des exploits des WHITECHAPEL, CARNIFEX, ALL SHALL PERISH pour le côté br00tal, EMMURE pour l'art du breakdown casse-gueule. Toutes ces références sont vomitives selon les sensibilités mais sachez que votre serviteur n'en a jamais souffert et qu'il ne saura que trop vous déconseiller cette purée d'hôpital pour peu que vous souffriez de deathcorophobie. Soyons franc, ce groupe est un cliché ambulant qui s'épanouit dans la complaisance. Rien ne saurait mieux le prouver que les "A Vice", "This Sensation" et "Bill To The Death", désarmants de facilité. Pourtant, et c'est là que mon côté coreux reprend le dessus, THE LAST SHOT OF WAR, de par ses choix discutables, laisse difficilement insensible. Je ne suis pas trop fan du breakdown enfantin qui conclut "Obscene Whisper", je suis encore moins adepte du passage Dubstep (en vrai, j'ignore si c'en est, tant je m'en tape) au cœur de "New Unhealthy Order" qui, a moins d'être une caricature de cette mouvance, est à se taper la tête contre le mur. Je ne suis pas non plus surpris par la conclusion pleureuse mais pas heureuse de "Life Without Hope" qu'on sent venir à trois kilomètres. Par contre, j'ai vraiment flashé sur "All You Need Is Hate" qui pour le coup, est un vrai bon titre de Deathcore avec son ambiance de film d'horreur, son motif insidieux, sa cadence bien soutenue qui dissimule habilement l'apathie de Jean-Michel ou de la paire de gratteux Mathias-Arnaud. Ça correspond totalement à la part d'optimisme que j'ai à leur égard. Piece Of Hate est brouillon, pataud, niais, tout ce que vous voulez, mais il est bourré de fulgurances éparses qui me laissent penser que le groupe a peut-être un avenir dans ce milieu s'il parvient à gommer des morceaux ridicules comme "Just Once" (en featuring avec Ezekiel de 6 WEAPONS et Ben de DA CROWN) et à virer cette nuance "Beatdown" qui donne l'impression constante que THE LAST SHOT OF WAR joue avec le frein à main. Si je veux du Beatdown, j'écoute les potes de YOU'RE NOTHING et ça fait ma journée. Point.

Pas du tout convaincu, pas entièrement défaitiste non plus, ce Piece Of Hate me laisse au final sur un sentiment assez mitigé. Je n'ai pas la certitude de réentendre parler d'eux de sitôt même si au fond de moi, j'ai envie qu'ils me la fassent à l'envers en se basant sur les excellentes idées d'un "All You Need Is Hate" et sur leurs petits arrangements de flipettes pour pondre un opus qui sache mettre tout le monde d'accord, comme sait le faire, à titre d'exemple, un ALL SHALL PERISH. Il reste du boulot mais quelque part, là-haut, il y a une toujours cette lueur...