Comme son nom ne l'indique pas du tout, G.O.R.E est un groupe (supposé) drôle. Je sais, c'est difficile à concevoir, mais même la République Tchèque possède son GRONIBARD national. Les chantres de l'humour pipi-caca-doigts-dans-le-cul, de la poésie florale, des blagues nécro-pédo-zoophiles, les rois de la vanne sous la ceinture (car il faut une ceinture pour supporter ces grosses bedaines), des godes à paillettes, des combinaisons en cuir au pays de l'Obscene Extreme, ce sont eux ! Et devinez quoi ? Six ans après leur dernier canular, alors qu'on croyait être débarrassé d'eux, les revoilà sur le tarmac avec un troisième méfait. Charmant de loin mais loin d'être charmant, ce Stand Up Sexy Ladies, The Boogie Band Is Here, dès l'ouverture du digipack (très bien foutu au passage), dégage une sainte odeur d'urine mélangée à de la gerbe, des mégots froids et de la bière. Certains s'identifieront probablement à ce cocktail assumé et c'est tant mieux. Les autres n'auront pas d'autre choix que de subir cette petite demi-heure de Grind surexcité.

Davantage proctologues que grindologues, les G.O.R.E pour "Grind Of Rising Emotions" vont au bout du truc et j'ai presque envie de croire que c'est tant mieux. Même si ce n'est pas totalement jusqu'au-boutiste musicalement, avec des morceaux plus Rock N' Roll comme l'éponyme, les Tchèques font les choses avec sérieux. Quitte à renoncer de suite au moindre espoir de subtilité, autant relever tout de suite ce point positif pour maintenir l'illusion. Mais la réalité rattrape bien vite les errances. Impossible de jouir pleinement de cet album en pleine possession de ses moyens. G.O.R.E est une formation trop spontanée, trop excentrique, trop taquine pour qu'on puisse comprendre son Grind en total état de sobriété. Nourris au bon grain, les quatre compères font cependant leur possible pour rendre cet album supportable, en atteste de nombreux passages groovys, quelques samples, des changements de décors à la pelle qui auraient presque tendance à rendre leur Grind aussi original que riche. Problème, G.O.R.E souffre déjà de sa propre caricature et des morceaux structurés plus classiquement comme "So Many Shits On My Sheet" ou "Don't Worry Honey, I Just Want To See You Inside Out" (ou "Anal Song" pour ceux qui n'auraient pas compris...) passent un peu mal dans ce vivier de débilité. Non seulement Stand Up Sexy Ladies, The Boogie Band Is Here n'est pas un moment inoubliable de Grind, mais en plus, il n'est pas non plus très drôle. L'humour scato, ça va cinq minutes, mais on a l'impression que le monde de G.O.R.E s'arrêterait sans sexe sale et gants latex brunis aux extrémités. Difficile donc, quand on n'est pas du tout dans le même délire, de s'attarder avec bonne volonté sur cette œuvre intellectuellement limitée et musicalement rachitique. Comble du mauvais goût, les mecs ponctuent leur testament d'une reprise du "Daddy Cool" de BONEY M. Plus exactement, la chanson est en version originale avec l'un ou l'autre riff de guitare et la voix de Jozin qui fait écho aux nanas sur le refrain. Rien à voir avec une réinterprétation personnelle de ce tube disco. Je suppose que ça demandait trop de boulot et qu'une heure de boulot en plus, c'est une heure de picole en moins pour G.O.R.E. Pas une bonne idée donc.

Comme cet opus en fait. Cependant, je tiens à relativiser cette chronique peu élogieuse. Il y a des albums qui ont quelque chose de magique dans certains contextes, quelque chose d'effervescent. Assurément, Stand Up Sexy Ladies, The Boogie Band Is Here, n'est pas une galette aussi creuse et inutile que je le laisse entendre. Dans un contexte festif (à l'Obscene Extreme par exemple !), ce Grind bucolique aurait sa place. Dans l'intimité d'un vase clos, sans personne pour se satisfaire de ce toucher rectal indélicat, hélas, il y a peu de chance qu'on s'en amuse.