Quelques dix huit mois après la sortie de la première partie de DOWN IV, Phil, Pepper et Jimmy remettent le couvert pour ce deuxième volet, qui, avouons le d'entrée, tient toutes les promesses du chapitre introductif... Mais les gars, un an et demi pour avoir une suite, c'est un peu beaucoup non ? Je sais que vous êtes tous très occupé, et qu'il est difficile de réunir des musiciens ayant tous un projet majeur dans leur carrière mais quand même...
Après le départ de Rex, c'est cette fois ci Kirk qui s'en est allé, et nous retrouvons donc à la seconde guitare Bobby Landgraf, ce qui ne change en rien le son si typique du groupe. Car Part II ne fait que prolonger le travail accompli depuis le séminal Nola, et offre une extension de choix au Purple EP, tout en s'autorisant quelques incartades plus modernes que ce dernier.

Pas de souci, la prod est toujours aussi énorme, et la puissance du groupe intacte. Les riffs s'accumulent d'une manière inversement proportionnelle à la vitesse des morceaux, le chant de Phil est toujours aussi intense, et la batterie de Jimmy dynamise le tout d'une frappe pachydermique. Mais ce qui rend Part II si intéressant, c'est qu'on y sent une ouverture vers l'avenir qui permet toutes les hypothèses. Si Purple payait sa dîme à BLACK SABBATH à l'écu près (et à tous ses suiveurs, ST VITUS, WITCHFINDER GENERAL, etc...), Part II s'éloigne parfois ce cet hommage pieux pour arpenter des sentiers rythmiquement plus instables, et développer des riffs qui s'ils sont aussi consistants que les classiques, sont plus sinueux, voire même groovy parfois.

Bien sur, à l'écoute de "Steeple", le titre d'ouverture, cette affirmation ne vous paraîtra pas évidente. Lourdeur étouffante, guitares plombées à outrance, chant hurlé, c'est du Iommi dans le texte, et l'analyse littérale ne prend pas plus que quelques secondes. Mais dès "We Know Him Well", les choses changent. Feeling Core proche de certains titres de PANTERA, mid tempo pilonné, riffs cisaillés à la CROWBAR, on prend ses distances avec les 70's, même si les accointances sont bien présentes. La tendance se confirme sur "Hogshead/Dogshead", dont la construction à tiroir déstabilise. Structure complexe, parties distinctes qui se mélangent et nous perdent, guitares versatiles, c'est un labyrinthe musical aussi intéressant que puissant.

Et si "Conjure" semble tout droit sorti de sessions de Black Sabbath ou Paranoid, c'est sans aucun doute pour assurer la cohésion entre les deux EP's, tant ses huit minutes suintent l'atmosphère de Birmingham par tous les pores. Peu, voire pas de variations, basse à la Geezer, vocaux plaintifs, tout est là, et même le reste. Savoureux !

La rupture est définitivement entérinée par "Sufferer's Years", fleurant bon les clubs des bas fonds de la Nouvelle Orléans. Sur une ossature Rock de base, le quintette insuffle des éléments quasi Post Hardcore, et mixe le meilleur de COC, PANTERA et EYEHATEGOD pour aboutir à un mélange unique, mais terriblement homogène. Morceau le plus "atypique" du lot, il permet d'aérer un peu l'ensemble et de présenter une facette plus légère de DOWN.

"Bacchanalia" et son intro bluesy en diable termine l'affaire en synthèse parfaite du parcours du combo depuis ses débuts, et privilégie ces riffs gluants semblant tout droit sorti d'un bayou glauque et mal famé. Epitomé de la science inégalable du trio Anselmo/Keenan/Bower pour composer des titres patauds mais chaloupés (à leur façon bien sur...), c'est plus qu'une conclusion, c'est une signature.

La seconde partie de Down IV est donc une fois de plus une très bonne livraison en provenance de la Nouvelle Orléans, plus qu'une surprise d'ailleurs, tant DOWN n'a jamais vraiment déçu (à part peut être sur Down II, un peu plus faible que le reste de leur discographie), et va une fois de plus nous laisser en attente d'une suite que je pressent dans un futur pas vraiment proche. Si les musiciens ont vieilli, si certains sont partis, la foi est toujours là, collée au coeur de mecs à qui on ne la fait plus, et de fans pour qui "fidélité" n'est pas un vain mot.
Il est plaisant d'écouter en 2014 des groupes qui ne vous prennent pas pour un con, même après tant d'années au service du Metal.
Mais c'est pour ça qu'on les aime tant je suppose...