MESSALINE (FRA) - Eric "Chattos" Martelat et John Bailly (Mars-2013)
MESSALINE est un combo formé en 2003 venant de Bourg En Bresse. Un nom qui ne vous dit peut être rien de prime abord, pourtant nos Bad Boys ont déjà un énorme parcours derrière eux. Il faut dire que le groupe est né des cendres d'ABSURD qui a sévi de 1998 à 2003 et a gravé deux albums ainsi qu'un mini Lp avant de disparaitre corps et âmes dans les abymes du Metal. Cette éclipse définitive est à l'origine de la naissance de MESSALINE. Au fil du temps, cette impératrice de la débauche s'est imposée sur la scène hexagonale grâce à un Hard Rock mélodique puissant et très efficace qui s'amuse en permanence à nous titiller les neurones. Après dix ans d'existence, le gang a dans sa besace trois albums : Guerres Pudiques (2005), In Cauda Venenum (2009) et Eviscérer les Dieux (2013). Le petit dernier qui s'avère être une très belle réussite et qui prouve que la scène Française recèle de très bonnes surprises. Il faut dire que MESSALINE n'est pas un groupe de plus que l'on peut ranger au rayon Hard Rock car il est doté d'une réelle originalité basée essentiellement sur des textes brillants et raffinés qui distillent une poésie allié à une intelligence évidente, le tout saupoudré d'un humour ravageur. Eric Martelat ayant quelques mauvais dons d'acrobatie verbale (comme dirait notre ami Thiéfaine) qui donne du cachet à ses écrits alambiqués et souvent à double sens. Poésie et Hard Rock ne sont pas incompatible loin de la, MESSALINE en est le parfait exemple. Il suffit de regarder les titres des morceaux d'Eviscérer Les Dieux pour s'apercevoir qu'ils ont un petit quelque chose en plus qui fait toute la différence. On n'est jamais très loin d'un certain Hubert Felix Thiéfaine (Le naufragé du Pinardier, L'appeau De Chagrin ou encore Lilith Requiem). Il est évident que nos amis ont su créer un univers bien à eux unique en son genre au sein du Metal Français ! Une vraie révélation. Il faut dire que les bougres ont été à bonne école et son fortement imprégné par ANGE, une formation légendaire de la fin des seventies qui sévit encore de nos jours grâce à la détermination de son leader incontesté Christian Descamps. Celui-ci étant en quelque sorte un maître spirituel incontesté pour lequel MESSALINE a d'ailleurs enregistré "Les Cailles Au Fenouil" un vibrant hommage au leader de ANGE. Ils auront aussi le bonheur d'ouvrir pour la formation Prog/Rock à de nombreuses reprises. Christian Descamps est devenu au fil des ans un ami très proche d'Eric Martelat. Ce qui a fini par aboutir à une collaboration fructueuse sur le titre "Sale Temps". Profitant du passage à Paris de Eric Martelat (chant) et Jonathan Bailly (batterie) venus assurer la promotion de leur petit dernier Eviscérer Les Dieux, MI n'a pas résisté à la tentation de soumettre à la question nos deux lascars ! Rencontre avec deux musiciens sympathiques qui manient l'ironie et la langue de Molière avec dextérité, un vrai régal. Magnétos les gars, c'est à vous !
Line-up : Eric "Chattos" Martelat (chant), Mickäel Colignon (guitare et choeurs), Jaimé Gonzalez (basse), John Bailly (batterie)
Discographie : Guerres Pudiques (2005), In Cauda Venenum (2009), Evicerer Les Dieux (2013), Illusions Barbares (2015)
M-I Interviews du groupe : Eric "Chattos" Martelat et John Bailly (Mars-2013), Eric "Chattos" Martelat et John Bailly (Mai-2015)
Metal-Impact. Bonjour, c'est la première fois que vous venez à Paris ?
Eric "Chattos" Martelat. Non, je suis de la province mais je connais bien Paris [Rires] J'y ai passé de très bonnes soirées. D'ailleurs, si il y a deux ou trois ex qui pouvaient me recontacter vu que je reste ce soir dans la capitale... Non, je rigole ! [Rires]
MI. Comment s'est déroulé votre concert avec ANGE à la Tannerie de Bourg En Bresse ?
Eric. Très bien. J'en garde un excellent souvenir parce qu'effectivement c'était le 9 février, le jour de la sortie de l'album, pour être précis. C'était complet, il y avait 600 personnes et le marchandising a bien fonctionné ce soir-là. C'était vraiment bien et en plus on avait un bon son. Nous avons bien joué et nos fans les plus loyaux étaient là puisqu'on est de Bourg En Bresse et que la tannerie se situe dans notre ville. Il y avait aussi une partie du public qui venait de loin et ce show nous a permis de conquérir de nouveaux adeptes. On a fait coup double ce jour-là.
MI. Vous avez jammé avec Christian Descamps ce soir-là d'ailleurs !
Eric. Oui, on a fait "Sale Temps" qui est un titre que l'on a joué en duo sur Eviscérer Les Dieux. En plus ce soir-là, il ne faisait pas très beau. Ca tombait très bien qu'il vienne chanter ce morceau sur scène avec nous. C'était une belle éclaircie au cœur de ce mauvais temps ! [Rires]
MI. Comment as-tu rencontré Christian Descamps ?
Eric. Au départ, j'étais fan d'ANGE et je faisais des études aux Beaux Art à Besançon. Je l'ai rencontré après un concert qu'il a fait en solo. A l'époque, je faisais des illustrations d'après les textes de ANGE. C'était comme ça, je travaillais sur un projet personnel. Je lui ai présenté mon travail et peu à peu, de fil en aiguille : on est devenu pote. Ensuite, il est venu bosser avec moi pour mon diplôme des beaux arts de cinquième année. En même temps, on a commencé à se voir régulièrement. Je dessinais dans une revue qui s'appelait Rock Style et Christian travaillait aussi dans ce magazine. Il faisait des éditos et participais à certain bouclage. Tout ceci se passait à Besançon. Il y a pas mal de journalistes de Rock Style qui ont percé maintenant. Il y avait par exemple Christophe Goffette qui a été par la suite rédacteur en chef de pas mal de magazine et qui dernièrement était à la tête de Fluide Glacial. Il y avait aussi Philippe Lageat qui faisait des piges ainsi que Henry Dumatray qui a travaillé au sein de Hard Force et qui aujourd'hui fait partie de l'équipe de Voici. Il y avait une belle bande de frappa dingue et Christian était au milieu de tout ça. Ensuite nous sommes devenu intime et la c'est vrai que ça fait quinze ans qu'on est proche. Il a été témoin à mon mariage et moi j'ai fait la même chose pour son troisième mariage. On est vraiment ami. Du coup, il n'y a plus le coté fan, c'est-à-dire que je ne suis plus fan du tout ! Mais quand je dis ça, il ne faut pas le prendre dans le sens ou je n'aime plus la musique d'ANGE mais ça veut tout simplement dire que j'ai dépassé ce stade là. On est au Hard Rock Café et il y a des chemises de Rockstar sous verre, Christian a dormi à la maison ce n'est pas pour ça que je vais mettre ses slips et ses cds sous verre tout ça parce qu'il a dormi chez moi ! [Rires] ... J'ai réalisé ce rêve de gosse qui était de le rencontrer au moins une fois dans ma vie. J'ai découvert après que c'était un personnage hyper attachant et ensuite on est passé à autre chose, on est devenu ami. Maintenant on envisage les choses d'égal à égal. C'est pour ça qu'on a pu l'inviter à venir chanter sur le disque sans aucun problème. Tu sais, parfois tu as des Guest qui habitent à l'autre bout du monde et tout ce fait par échange de fichier Mp3. Tu as un solo de tel guitariste et en fait tu ne l'as jamais rencontré, c'est juste pour te faire de la renommée. Là ce n'est pas du tout ça, c'est vraiment de l'amitié. On va en studio, on chante ensemble d'égal à égal et c'est vraiment super.
MI. Vous avez d'autres concerts de prévu avec ANGE ?
Eric. On va essayer de voir si on peut faire des premières parties. Alors après on veut sortir de ce truc là, on n'a pas envie de se faire étiqueter groupe copain de ANGE. Il faut qu'on fasse attention à ça surtout que nos morceaux sont plus Metal. On ne va pas cracher dans la soupe, c'est super et si on nous demande de refaire des dates avec ANGE on va les faire, ça nous permet de jouer devant pas mal de monde. Mais ça ne sera pas notre priorité.
MI. Il y a eu beaucoup de changement récemment au sein de MESSALINE. Votre bassiste JC Zurun et votre batteur Stéphane Cordovado vous ont quitté. Que s'est-il passé ?
Eric. Ils étaient là depuis le début de MESSALINE et JC Zurum jouait dans ABSURD le groupe d'avant. JC était intermittent du spectacle et il a commencé a voir sa carrière monter en flèche. Il s'occupe des lumières et il a commencé à faire des lights pour des formations connu et aussi pour des comiques comme Dubosq, Elie Seimoun et bien d'autres. Il s'est mis a fond dans la musique, il est régisseur de Pep's un mec qui a sorti un single il y a trois ou quatre ans et il travaille aussi pour SENSEMILIA. Il était aussi sur la tournée d'adieu des SCORPIONS. En fait, il est sur les routes 24H/24H donc il était de moins en moins disponible et comme c'était un pote de longue date, on rongeait un petit peu notre frein. Quand notre batteur a décidé de partir, il nous a dit : "Ecoutez, je vais vous enlever un poids de la conscience entre guillemet, je vais partir aussi. Comme ça, vous pourrez repartir sur de bonne bases avec une nouvelle section rythmique". Ca n'a rien a voir avec des divergences musicales ou des engueulades. JC n'a pas de problème avec nous, Stéphane viens nous voir en concert. C'est la vie, nos chemins ont bifurqué.
MI. Comment s'est fait le choix des remplaçants ?
Eric. Pour la basse, ça s'est fait assez facilement. La dernière année avant que JC parte, on avait pas mal de concerts et il était parfois obligé d'annuler à la dernière minute. Il nous l'annonçait parfois la veille ou le matin même. Il nous disait : "Merde, finalement je pars avec SENSEMILIA à Marseille". On a du annuler un ou deux show. Ensuite, on en a eu un petit peu marre donc on a recruté un bassiste intérimaire qui s'appelle Jaimé Gonzalez et qui est maintenant devenu un membre officiel de MESSALINE. Il répétait dans un local à coté du notre et il venait nous voir de temps en temps car il aimait bien ce que l'on faisait. Du coup il a été d'accord pour nous dépanner. Il a appris les dix/quinze morceaux de notre set list. Il nous disait que c'était dommage d'annuler des concerts, qu'il était d'accord de les faire avec nous. La dernière année, il a fait plus de concert que notre bassiste officiel. De ce fait quand JC est parti, c'est tout naturellement qu'on lui a demandé d'intégrer le groupe en tant que membre officiel. De plus, il a été adoubé par JC (notre ancien bassiste). En effet, il voulait que ce soit Jaimé qui prenne son poste. Il l'avait vu sur des vidéos et il voulait que ce soit lui absolument qui lui succède. Quand JC est parti, j'ai appelé Jaimé le lendemain et il ne m'a pas tout de suite dit qu'il était ok. En ce qui concerne John, il faisait parti de plusieurs groupes qui officiait dans la région. Je l'avais repéré parce qu'un jour, il avait fait notre première partie. J'avais discuté plusieurs fois avec lui dans des locaux de répétitions, j'ai vu qu'il était jeune mais qu'il avait de bonnes références Hard Rock actuelles et passées. On a fait un essai et à la fin de la répétition ; comme ça le faisait, on l'a recruté.
MI. Ce changement de section rythmique a t'il changé quelque chose au niveau musical ?
Eric. Oui, on a une assise plus béton. Notre rythmique basse/batterie est différente. John a un jeu plus carré et plus puissant. Jaimé a un son de basse énorme. Du coup, ça a donné un son plus compact au combo. Ce qui fait que lorsque Mickaël part en solo, la basse/batterie appuie bien. Après, tu peux t'amuser à faire des solos de guitares et des lignes de chant dessus et ça passe très bien, pas de problème. Quand c'est compact derrière, tu es lancé sur une autoroute.
MI. Vous avez donné votre premier concert ensemble le 9 Juin 2011 !
Eric. Oui, le jour de mes quarante ans. Ils m'ont fait un beau cadeau. On avait commencé à répéter ensemble en janvier et ce pendant trois ou quatre mois. Ils ont bossé l'ancien répertoire et on a commencé tout de suite à composer de nouveau morceaux. Le premier concert a eu lieu dans un petit Caf Conques le 9 Juin 2011. J'étais entouré de mes potes sur scène et dans la salle. Ca a été un super moment, je me suis dit : ça y ait je tiens la bonne formation. C'était retransmis en direct par une radio locale via Internet, c'était sympa. Parfois, les gens envoient des mails à la radio mais ce n'est pas évident d'avoir des retours quand tu passes sur les ondes.
MI. Eviscérer Les Dieux, ce n'est pas anodin comme titre d'album. C'est basé sur un concept ?
Eric. En fait, Eviscérer Les Dieux ; c'est un bout de phrase que je chante dans le morceau qui ouvre l'opus "La Pire Pirate". Lorsque je dois trouver un titre d'album, parfois j'essaye de piocher des morceaux de phrases que j'ai mis dans un texte. En l'occurrence, j'ai trouvé que ça sonnait très Metal et c'était assez violent. D'autre part en dépassant ce coté premier degré, c'était bien parce qu'il y avait ce contraste entre éviscérer et Dieu. D'un coté tu as éviscérer, c'est à dire retirer la barbaque qui est à l'intérieur d'un être humain ou d'un animal, d'un être vivant et de l'autre ; tu as Dieu qui est immatériel. Il y a un contraste entre être vivant et spirituel. Déjà l'opposition entre éviscérer et Dieu, je trouvais ça marrant. J'ai mis les Dieux parce que ce n'est pas une attaque contre les religions monothéistes, ça n'a rien à voir avec le Black Metal. Si tu mets éviscérer le Dieu, ça pourrait être du Black Metal anti chrétien. Mais ce n'est pas du tout ça. Cela concerne les Dieux qui sont au panthéon, les Grecs, les Romains. Mais on va plus loin que ça, on parle aussi des Dieux actuels car on est dans une société qui est très polythéiste finalement. On est entouré de gens qui croient en plein de religions différentes et ce n'est pas forcément des sectes, c'est le Dieu fric, la déesse télé réalité (pas la DS voiture, la déesse femme... c'est un jeu de mot que j'aime bien [Rires] ... La CX voiture, ça ne fonctionne pas ! [Rires] ... Tu as aussi le Dieu foot, ce sont les nouvelles icônes modernes.
MI. Le monde est très sectorisé ?
Eric. Oui, Eviscérer Les Dieux c'est un peu pour dénoncer tout ça aussi. On a déployé de nouvelles croyances au 21éme Siècle.
MI. Vous avez mis neuf mois pour enregistrer cet opus. C'est assez long !
Eric. Oui, et en plus il est sorti au forceps ! [Rires] ... On avait en tête de battre le record de Chinese Democraty ! [Rires] ... C'est un disque qui a énormément voyagé en fait. Les parties de batterie et les guitares rythmiques ont été enregistrées à Macon au mois de Janvier. Ensuite, la basse a été faite à domicile et puis j'ai enregistré mon chant l'été dernier. On a eu un problème de planning avec les studios, on voulait se balader un petit peu, faire les choses différemment. Les voix, je les ai faites dans le salon d'un mec qui est un artiste local et qui sort des albums sponsorisé par France Inter. Il s'appelle Remi Garreau, il est dans l'esprit chanson Française piano/voix. Le mixage quand a lui a été fait au Costa Rica, l'ingénieur du son est un intermittent du spectacle, il s'appelle Didier Boyat. Du coup, quand il part en tournée c'est pour deux mois. Il fait des spectacles pour enfants en relation avec la forêt amazonienne. Parfois, il va enregistrer des bruits de perroquets au fin fond de la jungle pendant un mois. Attention, il y a peu être des bruits bizarre sur le CD ! [Rires] ... C'est à vous de trouver [Rires] ... Il a emmené le disque dur au Costa Rica et a fait ses mixes là bas. C'est pourquoi, au final, ça nous a pris neuf mois. Cet opus avant de sortir avait déjà bien voyagé. Pour des ploucs de Bourg En Bresse, on voyage pas mal ! [Rires] ... Quand au mastering, il a été fait pas Jean-Pierre Bouquet qui a déjà travaillé avec LOFOFORA. Il a fait un super boulot. C'est Didier Boyat qui a enregistré les titres, il travaille depuis longtemps avec nous. Il était déjà là à l'époque d'ABSURD. Je suis en confiance avec lui en ce qui concerne les prises de son de la voix car il fait en sorte que ma voix ressorte bien. Ce n'est pas évident de bien prononcer les mots. On ne fait pas comme certains qui veulent absolument franchir un cap à chaque galette et qui essaye de trouver un producteur à la mode. Nous ça a toujours bien fonctionné avec lui alors pourquoi changer !
MI. Est-ce qu'il y a des producteurs que tu apprécies particulièrement ?
Eric. Je suis branché par les anciens producteurs qui sont très pointilleux sur certains détails et en même temps hypra ouvert au niveau de la création. Il y a des producteurs actuels qui sont vachement dans l'enculage de mouche. DEEP PURPLE va sortir un cd qui a été produit par Bob Ezrin, j'attends de voir ce que cela donne. C'est un mec de la vieille école qui doit couper les cheveux en quatre sur certaines choses et qui j'en suis sur, doit laisser les musiciens improviser à mort pour en tirer quelque chose de très bon. Il y a aussi Kevin Shirley qui a produit le dernier BLACK COUNTRY COMMUNION. J'ai bien aimé son travail parce qu'il a enregistré live. J'aurai bien voulu rencontrer Martin Birch. Il a fait exploser DEEP PURPLE et IRON MAIDEN au début de leur carrière. Il a aussi bossé avec BLACK SABBATH, RAINBOW, WHITESNAKE. Je suis un grand fan de RAINBOW et surtout de l'album Rising.
MI. RAINBOW et DEEP PURPLE t'on beaucoup influencé ?
Eric. Oui, alors après on ne peut pas dire que Dio m'ait influencé dans la voix. Je n'ai ni son ampleur vocale, ni sa tessiture. Mais l'attitude de Dio, le personnage ; pour moi c'est le plus grand chanteur de Hard Rock de tous les temps. Il a la technique et l'émotion. Robert Plant aussi a ça. Mais Dio c'est plus Hard Rock.
MI. D'où vient cette pochette qui ressemble à une peinture ?
Eric. Effectivement, c'est une peinture faite par un peintre allemand qui s'appelle Von Struck. C'est un style ambiance romantique comme ça se faisait beaucoup à la fin du XIXème siècle. Il y a ce coté romantique avec cette femme à moitié dénudé, elle a un serpent autour du cou. Elle pourrait être Lilith, cette femme du morceau "Lilith Requiem". Sinon, si on observe les paroles de plus prêt, le sujet de la femme revient fréquemment un peu comme une idée fixe. Sans vouloir dire que c'est un concept, c'est un thème important.
MI. Vous aimez aussi utiliser le latin !
Eric. Oui, c'est un petit peu le fil directeur par rapport au nom du combo. On aime bien mélanger le français qui est une langue vivante au latin qui est une langue morte.
MI. Vous venez de réaliser un clip pour le titre Si Belle Cigüe. Comment s'est passé le tournage ?
Eric. C'est des gens qui travaillent à la base pour une association qui fait de la vidéo et aussi de la photo. Il a été fait par Charlotte et Laura qui se sont démarquées un petit peu pour faire essentiellement de la production vidéo. Elles nous ont proposé de réaliser le premier clip de MESSALINE, on a choisi un morceau un peu fédérateur avec des relents de Hard Rock et des mélodies qui accrochent bien traitant de la Cigüe qui est un poison. L'idée du clip, c'est que la Cigüe est représentée par une femme, elle attire les quatre membres de MESSALINE vers elle et la mort. On a voulu casser un peu le cliché Hard Rock / Heavy qui montre trop souvent des mecs en train de jouer et de secouer les cheveux. On a opté pour quelque chose de glauque et de sombre voir limite gothique. Au niveau du grain, on s'est inspiré de vieux films de Vampire. Il y a pas mal d'images subliminales que les gens peuvent interpréter un peu à leur façon. on voulait proposer quelque chose d'original.
MI. Quand as-tu donné ton premier concert avec MESSALINE ?
John Bailly. C'était pour les quarante ans d'Eric en Juin 2011.
MI. Est-ce que tu connaissais MESSALINE avant de les rejoindre ?
John. En tant que musiciens de Bourg en Bresse, forcément j'avais entendu parler d'eux car ils sont présent sur la scène locale depuis on bon moment déjà. C'est le groupe de Hard de Bourg en Bresse qui a le plus d'actualité et qui fait le plus de choses. Je connaissais leur style de Hard chanté en Français. Ce n'était pas forcément la catégorie dans laquelle j'évoluais avec les combos auxquels j'ai participé. A l'époque, je jouais dans des petites formations et je savais que MESSALINE sortait des albums que tu pouvais trouver à la Fnac ou dans des grandes surfaces. En janvier 2011, j'ai eu un coup de fil de la part d'Eric qui me proposait de venir jouer avec eux. Je n'ai pas réfléchi 107 ans et j'ai voulu tout de suite faire un essai pour voir et ça l'a fait. Ce que je privilégie aussi dans une formation de compos, c'est le côté humain et pour avoir discuté avec un ou deux membres de MESSALINE avant mon recrutement, j'ai vu qu'humainement ça pouvait bien le faire. Je suis aussi un gros fan du chant en Français. Mes références vont plutôt dans un style plus percutant comme LOFOFORA. Mais j'ai écouté ANGE aussi, j'ai toujours été un fan de bonne chanson Française, j'aime aussi NOIR DESIR.
MI. Vous avez aussi ouvert pour VULCAIN. C'est un bon souvenir ?
Eric. Oui, on s'est chauffé pour mon anniversaire et deux mois après on se tapait VULCAIN.
John. VULCAIN, je connaissais de nom forcément mais je n'avais jamais eu la chance d'aller les voir en concert. On m'a dit : "tu vas jouer avec des types qui ont ouvert pour MOTÖRHEAD à Lyon, Halle Tony Garnier". Ils étaient super sympa en plus, il y a eu du monde. C'était une bonne soirée.
Eric. Il a bien enchainé, son deuxième concert c'était VULCAIN et son troisième était BLASPHEME [Rires] ...
MI. Que pensez-vous de toute cette vague de reformations issues des années 80 ?
John. Que ce soit au niveau des formations ou même de l'art en général et aussi des gouts vestimentaires, il y a un gros retour de ce qui se faisait avant dans les années 70/80. Après, que des groupes comme ça reviennent sur le devant de la scène, je trouve ça pas plus mal. Ils montrent qu'ils sont toujours là.
MI. Eric, j'ai lu que tu pensais que le Hard Rock était mort !
Eric. Oui, le Hard Rock est mort au niveau impact médiatique. Je vais avoir 42 ans et j'ai connu l'âge d'or du Metal. A l'époque, c'est Francis Zégut le pape du Hard Rock qui nous a fait découvrir ce style. Il ne faut pas oublier qu'à la fin des années 80, il animait une émission qui s'appelait Wango Tango sur RTL qui était la plus grande radio de France. C'était tous les soirs du lundi au vendredi à 23h, ce qui n'est pas trois heures du matin. C'était incroyable. Quand je dis que le Hard Rock est mort maintenant, c'est parce qu'on ne se rend pas compte de ce qui se passait à l'époque. Tu avais des émissions musicales à la Télévision, ils passaient du TRUST, du SORTILEGE, il y avait Les Enfants Du Rock. Quand tu vois ça et qu'aujourd'hui tu te bat, même les grands combos, pour avoir un papier dans libération, dans les grands quotidiens nationaux. Et même pour passer sur France Inter c'est difficile, tu y passes mais chez Vaillant à deux heure du matin. A un moment faut pas se leurrer, il y a des combos comme SATAN JOKERS qui reviennent et c'est super bien. Mais tu vois GOJIRA c'est un peu l'arbre qui cache la forêt, ça marche pour eux en France et aux Etats Unis mais en même temps derrière les autres galères. Tu connais combien de groupe Français qui font une tournée de 20 dates en France, il y a GOJIRA et LOFOFORA. Quand tu vois les combos de Hard Rock comme VULCAIN et BLASPHEME, ils font du coup par coup un peu comme nous finalement. Ils vont jouer soit le vendredi, soit le samedi parce que tu ne vas pas déplacer cinq cent personnes un mardi soir, c'est con à dire mais c'est la réalité. C'est pour ça que je dis que le Hard Rock est mort même si c'est un peu fort car il faut être réaliste ce n'est plus comme avant. Mais aussi ce qui est génial, c'est qu'on a joué deux fois avec BLASPHEME et c'était super de les voir faire leur show. Il y a aussi KILLERS qui continuent contre vents et marée, ils ne lâchent jamais. Je les aime bien parce que ce sont des mecs qui ont toujours été intègre. Après on aime ou on n'aime pas leur musique, il y des albums qui sont moins bien que d'autres ce qui est normal dans une carrière. Mais tu ne peux pas leur enlever leur intégrité et ça je trouve que c'est vachement important dans la musique.
MI. Pour terminer, qu'est-ce qui te parait important de rajouter concernant MESSALINE ?
Eric. C'est un groupe qui est foncièrement honnête. La musique est faite avec honnêteté et sincérité. Je pense que ce qui est bien avec nous par rapport à d'autres, c'est qu'on est plus personnel. Il faut nous laisser notre chance. On est différent. On ne veut pas faire du sous machin ou du sous truc.
John. Pareil, je rajouterai : n'ayez pas peur d'écouter aussi des groupes qui chantent en Français quand les paroles ont de l'intérêt. Ce n'est pas parce que c'est brayé en anglais que c'est forcément bien. Il ne faut pas avoir peur d'essayer d'être un petit peu original, ne pas se coller une étiquette quel que soit le style que l'on écoute.
MI. Merci à tous les deux.
Eric. Merci à toi.
John. Merci beaucoup.
Ajouté : Vendredi 04 Avril 2014 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Messaline Website Hits: 12693
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