Inaugurons aujourd'hui un nouveau système de chronique (qui sera appliqué régulièrement sans devenir une norme globale), la review fast and concise, système que j'ai mis en place pour parler d'un maximum de sorties, en étant bien évidemment comme son nom l'indique, rapide et concis. Car après tout, certains albums ne nécessitent pas forcément deux pages de laïus, pour plusieurs raisons (brièveté de l'album, style, production pléthorique), et le fait de réduire le traitement à l'essentiel ne peut que servir mon propos... Et puis, il faut bien innover un peu non ?

Je commence aujourd'hui avec les Italiens de HIEROPHANT, qui fêtaient en novembre dernier la sortie de leur troisième album, Peste. Après Abissus Abissum Invocat en 2010 et Great Mother : Holy Monster l'année dernière, le quintette constitué de Lorenzo et Steve (guitares), Giacomo (basse), Ben (batterie) et Carlo (chant) ne change pas vraiment son fusil d'épaule, et se cantonne à ce qu'il sait faire de mieux, du Crust Hardcore fumant et furieux, avec une légère touche de Sludge bien poisseux, qui a tendance à s'estomper avec le temps. Si leur premier effort faisait encore montre de bien des inclinaisons à la lourdeur et aux dissonances, ces empruntes sauvages et douloureuses ne sont maintenant plus que des appuis sur lesquels le groupe ne se repose que peu, préférant cavaler à cent à l'heure tout en mettant l'emphase sur des riffs très lourds et très graves. Bien sur, ces pauses acides servent toujours de transition entre deux parties bien distinctes, mais loin d'être un but, elles ne deviennent qu'un moyen parmi tant d'autres pour accentuer le côté "chaotique" de la musique. Et celui ci est relativement prononcé.

Toujours aussi enclin à taper là où ça fait mal sans s'embarrasser de principes, HIEROPHANT privilégie le format court, avec quatre vingt pour cent des morceaux sous la barre des deux minutes. Subtile alternance de pesanteur maladive et d'accélérations intempestives, Peste et ses vingt minutes est un gros bloc lancé right in your face, mélangeant avec flair la haine du Hardcore, la colère débridée du Crust, et les harangues tenaces du Sludge, marchant dans les pas de His Hero Is Gone, comme toujours. Si les neuf premiers morceaux se succèdent comme autant de claques dans le nez, le final "Inferno" prend le temps de conclure sur une note rappelant la jeunesse des italiens, et se veut long, emphatique, tourmenté, à l'image des larsens d'antan qui reprennent le pouvoir le temps d'un break bruitiste assourdissant. Joli conclusion en forme d'allégeance.

Peste est donc une étape de plus sur le chemin biscornu que suit HIEROPHANT depuis ses débuts, et avec sa production épaisse et tassée, révèle que les cinq collaborateurs savent définitivement ce qu'ils veulent. Jouer vite, fort, appuyer fermement sur les tempes de l'auditeur de temps à autres, et surtout, rester fidèles à ce Crust très dark, parfaitement de saison. La déception n'est donc pas pour aujourd'hui.