Il faut nous considérer comme privilégiés, nous, franchouillards : nous pouvons nous délecter avec quelques mois d'avance sur les autres pays européens du quatrième album studio de KORITNI. En effet, nos malheureux voisins ne pourront profiter de Night Goes On For Days qu'à compter du mois de Septembre : et toc ! En même temps, il n'y a rien d'étonnant dans cette sortie "stratégique" : entre KORITNI et la France, c'est une histoire qui dure et depuis un moment déjà. Le chanteur Lex vit dans nos contrées, son guitariste soliste (Eddy Santacreu) est français, et récemment le six-cordiste Manu Livertout est venu leur prêter main forte pour suppléer un Luke Cuerden (guitare rythmique) alors indisponible.

Et ce coup-ci, KORITNI pousse le bouchon encore plus loin puisque la légendaire section rythmique de TRUST, à savoir Yves "Vivi" Brusco et Farid Medjane (batterie), a été invitée à taper le bœuf sur pas moins de trois titres, "Try To Live (A Little Bit)", "Carousel" et "Seal The Deal". C'est une habitude pour KORITNI d'inviter les copains, puisque sur Welcome To The Crossroads, le chanteur Jeff Scott Soto et le leader gratteux d'ANNIHILATOR Jeff Waters s'étaient déjà fendus d'une petite participation... Mieux, sur Night Goes On For Days (et plus précisément sur le titre "Water Of Life") KORITNI a fait sortir de sa retraite le cogneur John Coghlan, membre de STATUS QUO à la grande époque et qui n'avait rien enregistré depuis... 1985 ! Tout ce beau monde s'est donc donné rendez-vous sur un album qu'on n'attendait pas de sitôt et qui, pourtant, botte le cul une fois encore.

Sans surprise, c'est ce "Horns Up" qui ouvre les hostilités, excellente entrée en matière qui fait taper du pied, dresser l'index et l'auriculaire tout en scandant un "horns up !" fédérateur. En clair, KORITNI est bel et bien de retour ! Véritable groupe de scène, la bande de Lex sait comment exciter les foules, dans la plus grande tradition du Hard à l'australienne : des riffs estampillés Angus Young, des refrains aux chœurs mémorables, le gosier de Lex qui ne faiblit jamais, les soli d'un Santacreu éblouissant du début à la fin, tout y est, tels les brûlots "Rock'n'Roll Ain't No Crime", "Waking Up The Neighbours" et "Horns Up". Parfois le tempo est ralenti sans arrêter de swinguer ("Breakdown"), parfois il se veut plus bondissant, entre Boogie Rock, Blues et Hard Rock traditionnel ("Seal The Deal").

Et si certaines compos lorgnent vers le Hard US tant affectionné par chaque membre du groupe, à l'instar du titre éponyme, jamais KORITNI ne s'était autant rapproché de ses racines et des origines du Rock, empruntant de plus en plus au Blues (le riff de "Try To Live" ne laisse planer aucun doute à ce sujet). Les experts du manche à six-cordes que sont Luke Cuerden et Eddy Santacreu citent volontiers Slash (ex-GUNS N'ROSES) et Stevie Ray Vaughan parmi leurs modèles... Dans KORITNI, il y a un peu de ce mélange improbable mais clairement audible. Qui plus est, KORITNI ose épurer sa musique de toute saturation électrique, une audace qu'il faut saluer et qui permet à Night Goes On For Days de ne pas sonner comme une redite de Welcome To The Crossraods ou Game Of Fools. Ainsi, les "Carousel", "Little Man", "Try To Live" et "Water Of Life" sont dénués de tout artifice inutile, sans dénaturer la pêche naturelle de chaque titre, grâce à un chanteur qui excelle aussi dans ce registre quasi-Folk (même la ballade "Woman In Love" a un certain charme). On appréciera tout particulièrement l'intro de "Water Of Life", nommée "The Mississippi Delta", sorte d'interlude acoustique, qui sent bon la guitare slide et illustre avec beaucoup de réalisme la moiteur écrasante des Etats du Sud américain. Inutile de vous préciser (mais on va le faire quand même) que sur ces morceaux, Eddy Santacreu fait preuve d'une classe encore impressionnante...

Comme quoi, KORITNI n'a pas encore tout dit et nous réserve de bonnes surprises. Non seulement ce groupe sonne encore frais mais il semble parti pour durer et sans faiblir. Alors "horns up !!!".