ABINAYA (FRA) - Beauté Païenne (2014)
Label : Brennus Music
Sortie du Scud : 28 mars 2014
Pays : France
Genre : Metal tribal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 45 Mins
C'est une drogue, une obsession.
C'est une folle, une sirène...
Que cette voix à l'unisson,
Qui s'est bien glissée dans tes veines...
Ces mots ont désormais trois ans. Ce sont ceux d'Igor Achard, parolier en chef d'ABINAYA pour la chanson "Algo Mais (Quelque Chose De Plus)", en cinquième position dans la tracklist de Corps (2009), deuxième opus de leur discographie après une sortie éponyme en 2004, du temps où Rock prenait encore le dessus sur Metal.
Si je cède à cette percée de nostalgie, c'est parce qu'après six ans de service sur Metal-Impact, plus de 1100 chroniques, je n'ai en tout et pour tout sur ma playlist portative que deux douzaine de morceaux, parmi lesquels "Algo Mais (Quelque Chose De Plus)", qui, au même titre que les 23 autres, est une chanson qui fait partie intégrante de mon quotidien. Puis j'oublie. J'oublie ABINAYA car ABINAYA est un groupe discret, qui n'est pas taillé pour faire de vagues, et qui nous propose à intervalles longs et réguliers un délicat embrun de poésie, de finesse, de Metal ethnique comme eux seuls savent faire. Beauté Païenne est le troisième album de ce groupe d'amis, plus amis que groupe je pense, et c'est peu dire qu'une fois encore, la magie des mots m'emportera loin, si loin, au Nord, au Sud...
Quand le Nord s'endort, le Sud ravale sa peine...
Déroutant, Beauté Païenne l'est au premier abord. ABINAYA se permet une composition de huit minutes, preuve s'il en est que le quatuor a emmagasiné suffisamment durant trois ans pour se lâcher dès le premier titre. On redécouvre très tôt, sans déplaisir, les caractéristiques qui font d'ABINAYA un groupe unique : ces aspérités tribales façon SOULFLY, cette canicule sudiste façon PANTERA, ce groove typique du NWOAHM et surtout, surtout, la prose d'Igor Achard. Si vous aimez les groupes français qui racontent n'importe quoi en français pour bien montrer qu'ils sont français, alors vous adorerez ces quelques poèmes, véritable déclinaisons de douceurs et de rimes cinglantes écrites par l'enfant qui a découvert cet univers à l'âge de 14 ans. Mon seul regret, c'est qu'à l'inverse de Corps et de la chanson "La Mort Des Amants" qui intégrait un passage des "Fleurs du Mal" de Charles Baudelaire, Beauté Païenne ne réinterprète pas un autre texte sacré de la poésie, se "contentant" d'un hommage appuyé à l'écrivain et combattant Jules Vallès sur "Le Nouvel Insurgé", en référence à son roman "L'Insurgé". En ce qui concerne l'identité musicale de cet opus maintenant, je dois reconnaître avoir été plutôt surpris à la première écoute. Qu'on soit clair : ce disque est autrement plus sombre, plus mature, plus Metal et plus dense que son prédécesseur. Certaines chansons paraissent incroyablement hermétiques, avant de pouvoir s'en imprégner à force de réécoutes. Je pense ainsi à "Haine" et son petit penchant pour le Heavy et l'épique (il y a du AMON AMARTH muré dans le soubassement où je rêve ?), à "L'Epitaphe" et ses différentes textures ou à la superbe balade "Le Noir Soleil", sur laquelle Igor Achard ne pourra pas cacher son spleen, ni textuellement, ni vocalement. Terriblement noir, Beauté Païenne s'ouvre avec toute la délicatesse d'une fleur jusqu'à ce point d'orgue de métissage qu'est "Almées". L'occasion de souligner une fois encore l'importance de Nicolas Héraud, fracassant frénétiquement son djembé et de Nicolas Vieilhomme, un batteur non-voyant qui agit avec pour seule aide une mémorisation (à ce niveau là, c'est une photographie) parfaite de l'éventail rythmique déployé sous ses baguettes. Quelle classe !
Si différent de Corps mais néanmoins capable de réveiller en nous les traceurs qui font d'ABINAYA le groupe le plus anonymement apprécié de la scène Metal française, Beauté Païenne est un octosyllabe répondant à une simple prophétie évangélique. Et le Vers s'est fait Chair.
Ajouté : Dimanche 09 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Abinaya Website Hits: 6730
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