QUALM (nl) - Qualm (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 22 avril 2015
Pays : Pays-Bas
Genre : Raw Punk Hardcore
Type : EP
Playtime : 7 Titres - 8 Mins
"Dans le port d'Amsterdam, y'a des marins qui chantent"...
Je ne sais pas s'il en reste encore beaucoup depuis la mort du grand Jacques... Il y avait aussi des filles vendant leurs charmes à l'époque, de l'alcool, enfin en gros, un tableau assez cru et qui ne donnait pas vraiment envie d'y larguer ses amarres...
Les tulipes, les vélos, les moulins...
Tout ça, tous ces clichés de carte postale à peine dignes de se retrouver honorés dans une compile de Dave... Parce qu'Amsterdam, c'est aussi la dope, la violence, comme toutes les grandes villes d'Europe et du monde.
Mais quand même, elles devaient être déjà bien fatiguées ces dames qui vendaient leurs charmes, même il y a quarante ans...
Et en écoutant la version locale des QUALM, elles ont même tourné en mégères usées par la vie et les coups de boutoir donnés à l'arrière d'un vieux camping car pourri... La preuve, ils en parlent, et de façon directe, sans ambages, et ce, même sans attendre quelques titres de leur dernier 7''. Car Qualm, le single commence avec une insulte, un crachat dans la face du féminisme, de la politesse et de la galanterie.
"Whores" ? Le titre, le son, la démarche sont à l'image d'un simple qui ne fait pas dans la dentelle, et qui pousse tous les mauvais côtés du Hardcore le plus gras à leur paroxysme.
En écoutant les sept pistes de cette dernière livraison, j'en suis venu à me demander quel animosité pouvait pousser des individus à enregistrer une musique aussi crade... Au niveau sonore, peu peuvent rivaliser avec eux. La "production" de ce 7'' est tellement abrasive et sourde qu'elle ressemble à un album de DISCHARGE passé à travers une cabine Leslie, et recaptée par un vieux quatre pistes très fatigué. C'est grave mais suraigu en même temps, tous les instruments se retrouvent noyés dans un brouhaha chaotique, et ça prend des airs de groupe Punk Hardcore traité par un producteur indépendant fan de Post Grunge sans délicatesse aucune...
Une fois passé l'écueil de ce son si particulier, les chansons ne font rien pour en atténuer l'impact dérangeant. Elles sont courtes, parfois très, puisque les deux tiers ne dépassent pas la minute, et font montre d'une attirance indéniable pour le bruit, la fureur, et disons le, une certaine forme d'inconfort. C'est Core à n'en point douter, mais une sorte de Hardcore poisseux joué par des Punks qui ne rechignent pas à sonner Black de temps à autres. C'est extrêmement sauvage, comme si des hommes de Néandertal avaient découvert avant leurs congénères comment utiliser des instruments de musique sans vraiment savoir comment les faire sonner.
On ne sait trop d'ailleurs tellement la production est confuse si les morceaux en question sont rapides ou pas, tellement la sauvagerie dont il font étalage annihile toute possibilité de discernement. On sait par contre que le dernier d'entre eux, et aussi le plus long, "Loose Faith", est d'une lourdeur dérangeante, que les guitares sont encore plus passé au papier de verre gros grain, et que son ambiance générale est encore plus déliquescente que le reste du simple...
Qualm reste dans la lignée de leur dernière démo, Passive qui ne faisait déjà pas plus preuve d'empathie. Mais les néerlandais arrivent pourtant à pousser le bouchon encore plus loin dans la brutalité sommaire, tout en sonnant presque Rock, comme le démontre le diabolique et abscons "...", qui étale un riff gras comme du saindoux sur un mid tempo appuyé et convaincant. Sale MAIS efficace, serait ce donc la recette magique de ce groupe bizarre ?
"Obsession/Regression" tient quant à lui d'un Black raw et bourru, joué par des coreux faisant fi de toute cordialité. Ca va vite, c'est bourré de larsens, mais allez savoir comment, c'est captivant et catchy. D'ailleurs, les musiciens ne s'emmerdent même pas à chercher une fin propre à leurs chansons, qui pour la plupart s'arrêtent net, dans un dernier bruit assourdissant.
J'avoue que dans ma vie, j'ai déjà entendu des trucs un peu décalés et foncièrement brutaux. Mais dans le cas de QUALM, tout est si excessif que ça frise le grotesque, sans pour autant être d'une vacuité confondante bien au contraire.
Un peu comme une bande de mecs qui rentreraient dans un bar, après une journée de pêche, en hurlant comme des beaux diables, en regardant les gens de travers, et en buvant à grande lampées tout en bavant partout sur la table, le tablier de la serveuse, et même par terre. Basse primaire et suintante, chant lointain et caverneux, guitares sombres et pas propres pour deux sous, pour une musique primale et primaire qui fait du bien à la colère des oreilles.
Oui, dans le port d'Amsterdam, y'a des musiciens qui beuglent. Et qui beuglent pour oublier qu'ils beuglent. Et qui crachent sur les femmes infidèles.
Mais genre, un gros glaviot, bien noir et vert.
Ajouté : Jeudi 10 Septembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Qualm Website Hits: 5186
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