- J'ai réfléchi pour le groupe, je crois que j'ai une super idée pour nous distinguer des autres gangs de Lyon. On devrait mettre des costumes noirs et adopter des noms de scène qui font peur, un truc un peu démoniaque...
- Mais on va nous prendre pour un groupe de Black Metal !
- Non, t'y es pas, on aurait des costards super classe avec des masques effrayants, un genre de synthèse entre GHOST, SLIPKNOT et DAFT PUNK.
- Ah ouais, cool, et pour les noms de scène on pourrait trouver des pseudos qui évoquent les mythes germaniques.
- Exact, j'ai pensé à Artestyx pour le chanteur, Dimrost pour le bassiste, Enguer pour le batteur et Baushen pour le guitariste.
- On tient quelque chose là... Reste plus qu'à trouver un nom de scène. J'ai bien envie de coller deux mots qui n'ont rien à voir. Vu qu'on sera déguisés, on pourrait dire ASHES AND GLITTER...
- Et pour que les gens comprennent bien qu'on joue du Doom, on fait un artwork avec des loups, de la neige, la pleine lune et des arbres morts !
- Et si on inventait un sous-genre de Doom, un truc particulier, pour nous démarquer encore un peu.
- Que penses-tu de Doom Emancipatoire, ça le fait ?
- Ca le fait grave, mais qu'est-ce que ça veut dire?
- On s'en fout, les chroniqueurs des webzines trouveront bien quelque chose pour expliquer ça.
- Et pour le chant, on a une solution, tu as quelqu'un en tête ?
- Ben, moi tiens donc, je trouve ça super original un français qui chante anglais avec un accent allemand...

On rigole, on rigole, mais tout n'est pas si mauvais chez les lyonnais d'ASHES & GLITTER. Le gang fondé en 2013 sort son premier EP, Welcome. Six titres d'un Metal de plutôt bonne facture, avec des intros bien léchées, une rythmique discrète mais efficace, un très bon jeu de guitare qui cruste peut-être un petit peu trop, un mixage de très bonne qualité. En synthèse une musique bien troussée à défaut d'être vraiment originale.

Malheureusement, il y a le chant. Et là on a un problème. Artestyx maltraite l'anglais avec ferveur. Il déclame ses textes dans une espèce de Sprechsang agrémenté de tentatives de growl, grunt et autres pig squeal peu convaincants. Peut-on se permettre de chanter en anglais quand on écorche la langue de Shakespeare avec un accent germanique à couper au couteau et qu'on ne respect pas les accent toniques ? Est-il indispensable de conclure "Break The Prism" et "Swine Pride" par une espèce de grognement plus ridicule qu'inquiétant ? Et que dire du growl poussif sur "Present From the Devil" ?

On ne juge pas un livre à sa couverture.
En général, cette expression insinue que le contenant est bien meilleur que le contenu. Un bar borgne qui servirait une blanquette de veau à tomber par terre, une voiture pourrie avec un moteur de formule 1 ou une guitare à 40 balles avec laquelle un virtuose est capable de sortir des mélodies sublimes. Il ne faut pas se fier aux apparences...

Pour ASHES & GLITTER, c'est le contraire. Le contenant vend un rêve qu'on ne retrouve pas dans le contenu. Cet habillage un peu trop appuyé, ce phrasé pompeux sur la page facebook du combo, tout cela fait un petit peu prétentieux. C'est un disque frustrant car si la musique est vraiment intéressante, le chant, les costumes et ce ton ampoulé discréditent la formation au lieu de la distinguer.