THE SIEGE FIRE (usa) - Dead Refuge (2015)
Label : 1859 Records
Sortie du Scud : 29 mai 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Crust Hardcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 29 Mins
Direction Portland, Oregon, pour fêter le premier LP d'un groupe qui décidemment ne ménage pas ses efforts pour convaincre. THE SIEGE FIRE est un nouveau venu sur la scène Hardcore Crust à tendance "mélodique", et dès son premier effort, frappe fort, grave, rugueux et direct.
Et sous une pochette superbe qui aurait magnifié l'opus d'un combo de Doom/Shoegaze (signée par Mike Roberts, le hurleur du quatuor) se cache l'un des meilleurs albums d'un style un peu à cheval entre plusieurs tendances.
L'énergie qui s'en dégage est Crust, indéniablement, le feeling cru et sans ambages est résolument Core, mais les mélodies tendues, les progressions harmoniques tapies apportent un plus à ces morceaux qui finalement, sont assez difficile à classer.
C'est bien sur violent, rapide, mais bien plus qu'une simple attaque sonique sans pitié, Dead Refuge fait montre de belles qualités d'hybridation, et se permet de teinter de Post Rock/Hardcore une musique faussement simpliste au prime abord.
Les comparaisons avec FROM ASHES RISE, TRAGEDY et HIS HERO IS GONE ayant déjà été faites par les différents zines concernés, je me bornerai à tenter de décrire l'ambiance qui se dégage de ce premier LP, disponible dans un superbe package 12'', ou plus sobrement en version digitale, sur le store de 1859 Records.
Ensemble homogène, constellé de titres aux durées vraiment très variées, THE SIEGE FIRE est emprunt d'une réelle mélancolie mélodique, tapie sous une épaisse couche d'ultra violence, qui sait toutefois rester raisonnable. On parle de Crust évidemment à cause de cette rythmique qui cavale en apnée, de ces brutales accélérations en blasts de quelques secondes, mais je me plaît à voir en THE SIEGE FIRE un solide combo de Hardcore moderne qui aurait puisé dans les extrêmes l'énergie indispensable pour se démarquer.
Certes, le tempo est pratiquement similaire d'un titre à l'autre, avec sensiblement les mêmes cassures, mais loin de conférer à l'ensemble un côté roboratif un peu lassant, il lui assure une belle cohésion, tant les idées sont nombreuses et riches.
Polies par un son sec et tranchant, qui cimente les instrumentistes en un bloc unique, les compositions de Dead Refuge ont toujours ce petit plus qui permet au groupe de se distinguer de la masse Crust ambiante. Ainsi, si "The Bit Of Beaten Dogs" trace à belle allure, sa mélodie ténébreuse et résignée le fait basculer dans une dimension supérieure, un peu comme si les américains avaient extirpé des harmonies typiquement Doom pour les incruster dans un contexte Hardcore.
C'est une impression qui se fige dès l'entame de l'album, puisque le riff moteur du morceau d'introduction "A Blight Of Flames" ne cache rien de ses inclinaisons. Bien que celui ci soit énorme et tombe comme une chape de plomb, on sent dans ses accords une très légère harmonie acide, tonalité qui sera conservée sur la quasi intégralité du disque.
Loin d'être dérangeante, cette dualité est fort intéressante, un peu comme si HIS HERO IS GONE tapait le Split avec le DISCHARGE des années 80, offrant ainsi une jolie confrontation des genres.
Avec ses guitares toujours épaisses, son chant qui éructe sans discontinuer, les fondamentaux de Dead Refuge sont indéniablement Crustcore, avec mêmes quelques dérapages aux limites du DownCore ou du Math ("Dead Refuge"), mais la présence d'une pause amère comme "Interlude" et ses notes de basse diffuses propulsant une sobre guitare électrique en son clair indique que le quartette veut vraiment aller plus loin que les agressions d'usage.
Même les segments les plus courts, à l'image de "Mantra" et de sa minute et quarante secondes ne donnent pas vraiment dans la franchise aveugle, et se permettent des arrêts sur des cases Doom, presque Stoner même, pour mieux relancer le débat.
Et lorsque THE SIEGE FIRE se lance dans des incarnations plus développées, ils atteignent une sorte de paroxysme dans leur art en trompe l'oeil, et deviennent de plus en plus inclassables.
Les limites de l'Indus Core sont atteintes par les trois compositions les plus longues, dont "Flay The Fist" qui s'embourbe dans un Sludge Core vraiment poisseux et dissonant, mais c'est surtout le long final "The Fire Sermon" qui n'hésite pas à nous placer sous un ciel chargé à la chaleur moite. Basse en intro martelée comme sur une enclume, rythme pataud, voix qui "s'aggrave" de plus en plus, la mince frontière qui nous séparait du Sludge est franchie, avant que la rythmique n'accélère une fois de plus, sans pour autant priver le titre de ses harmonies sombres.
De là, il eut été logique d'attendre un crescendo de violence, mais c'est le contraire qui se produit, puisque la course se transforme à nouveau en marche lente, évoluant au gré d'arrangements de plus en plus grondants et bruyants, pour atteindre une apogée du chaos, striée de larsens et de percussions sourdes.
Sans envoyer balader les coutumes Crust qui font figure de références aujourd'hui, THE SIEGE FIRE les module, les transforme, les modifie en y injectant un bonne dose de tristesse mélodique, pour les adapter à ses aspirations qui se situent bien au dessus de la moyenne de l'efficacité. En restant agressifs de bout en bout, mais sans tomber dans les excès, les américains signent un premier album impressionnant d'ambition, qui appelle une suite que l'on pressent passionnante.
Sludge Crust ? L'équilibre n'est pas encore atteint, mais le grand écart pourrait ne pas tarder à voir le jour.
Ajouté : Mardi 22 Septembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: The Siege Fire Website Hits: 5200
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