Le Metalcore, pour moi, c'est un peu comme le quinoa et le boulgour, où les rassemblements sociaux de masse, j'évite comme la peste...
Ca me donne des boutons, envie de devenir grossier, et de balancer la tarte au chocolat dans la tronche du premier qui me barre la porte de sortie. En gros, je ne suis pas fan. Tellement pas, que je n'en écoute jamais... C'est vous dire si l'exception du jour confirme la règle, mais ne rêvons pas, c'est une exception, et je pense qu'elle le restera...
Le plus amusant est de réaliser que ce jeune groupe nous vient d'Allemagne, et non des USA, pourtant terre d'asile de ce style si prisé. Et c'est peut être cette origine européenne qui m'a séduit en fin de compte, car elle reste loin des tics dont abusent les locaux, et développe le truc à sa façon.

Bref, les UNLEASH THE SKY viennent de Darmstadt, dans la région de Hesse. Ils ont déjà sorti un premier LP, Hopes, Doubts & Inbetween sur lequel j'avais jeté une oreille discrète, et le résultat ne m'avait pas forcément emballé. Manque d'originalité, riffs convenus, chant monotone et thème rebattus, je n'avais pas jugé bon de lui consacrer les signes règlementaires.
Mais le groupe lui même ayant pris soin de préciser que "le principal but est de nous améliorer, de nous éloigner du Metalcore pour composer des chansons plus Rock, plus accrocheuses", je m'étais donc dit qu'il était peut être utile de me pencher sur leur second effort, Youth. Après tout, j'avais bien mis deux albums et demi à adopter MADINA LAKE, alors pourquoi pas...
Et je dois reconnaître que j'ai plutôt bien fait. Alors bien sûr, les UNLEASH THE SKY sont encore bien loin du Rock, mais ils ont aussi pris leur distance avec le Metalcore le plus convenu pour proposer quelque chose de plus personnel.

Selon les allemands, la jeunesse est "une étape très particulière de la vie. L'euphorie, la dépression, l'envie de reconnaissance individuelle et la quête du sens de l'existence. Un mélange sincère et explosif, en gros, la matrice parfaite pour un album...".
Dont acte. Et il est vrai que les morceaux constellant Youth décrivent à merveille cette transition de la vie qui nous fait passer sans précautions ni garde fou de l'enfance à l'âge adulte...
Musicalement, les morceaux ne sont justement pas si éloignés que ça d'un MADINA LAKE à cheval entre Attics To Eden et World War III et le ALPHA ACADEMY d'Impossible Possible (allemands eux aussi d'ailleurs...). On pourrait classer Youth dans la catégorie "Metal Moderne", a l'adresse d'un public adolescent, qui aime la puissance calibrée et les refrains fédérateurs. Et de ce côté là, les comptes sont bons, et le ratio est respecté.
Ne cherchez toutefois pas trace d'originalité dans la musique de UNLEASH THE SKY, ils ne sont pas là pour ça. Ils utilisent pour illustrer d'une manière musicale la folie, l'envie, et la faim de vivre de la jeunesse des recettes musicales déjà bien éprouvées, mais reconnaissons leur une efficacité et un plaisir de jouer assez évidents.
Les guitares sont évidemment grasses, lourdes, épaisses, la rythmique assure l'abattage avec une remarquable constance, tandis que le chant évolue encore dans les systématismes du Metalcore, oscillant entre plaintes mélodiques et hurlements virils.
Mais les progrès accomplis depuis le premier album sont indéniables... Et Youth possède un charme indéfinissable qui attire l'attention, comme le parfum légèrement enivrant d'une jeune fille qui passe dans la rue, et qu'on sent encore des heures après l'avoir croisée.

Pour en arriver là, Patrick, David, Christoph, Matthias et Daniel se démènent comme de beaux diables, et balancent douze pavés de Metal contemporain chargé en testostérone.
On pourrait dans un accès de facilité résumer le propos à deux de ses exemples, les up tempo énergiques de "BRLD" (illustré par une vidéo), ou "Sirens". Batterie bien en avant, qui marque tous les temps de sa grosse caisse tonitruante, pendant que les guitares tronçonnent tranquillement en arrière plan. Couplets directs, refrains aux choeurs bien troussés, c'est du travail classique, mais bien fait.
Le quintette se rappelle parfois de son passé, et l'ouverture grasse "These Days" en témoigne. Rapide, chorus qui s'écrase pour laisser les deux gratteux en avant poste, avant que le chant ne s'envole... Ce qui ne les empêche pas d'oser des choses intéressantes, comme cette cavalcade sauvage "Lonely Blue", qui emprunte au Néo Metal Ska sa rythmique qui caracole sans peiner sur fond de nappes de synthé disparates, avant de s'arrêter net sur un refrain acoustique bien trouvé.

Mais le meilleur morceau reste sans discussion possible l'étrange "Faithkeeper", plus mature et plus risqué dans sa construction, et qui évolue entre plusieurs eaux. Ce titre dévoile la mélodie la plus attachante de l'ensemble, et tente quelques paris rythmiques sympathiques, tout en restant percutant et matraqué. Il serait de bon ton que UNLEASH THE SKY se focalise un peu plus sur ce genre de propositions à l'avenir pour aérer sa musique et l'enrichir d'ailleurs...

Mais ne soyons pas bégueule, car nous aussi avons été jeune un jour. Et loin de sentir le faisandé, Youth reste un LP très frais, que l'on prend plaisir à écouter, joué par un groupe convaincant, qui à le mérite d'avoir concentré ses efforts sur une durée raisonnable pour ne pas trop lasser.
Chansons courtes et concises, envie, sincérité, UNLEASH THE SKY n'a qu'un seul but, faire plaisir à ses fans en leur offrant une musique simple, convenue, mais percutante.

Et que celui qui ne s'est jamais éclaté la tête sur du SUM 41 leur jette la première pierre.