Une femme à cornes de boucs allongée sur un lit de câbles électriques prend une pose de madone tandis que de goulus poupons lui broutent les intestins sous une pluie de dollars. On peut se faire des noeuds au cerveau à chercher un sens à cet artwork gorissime ou juste le considérer pour ce qu'il est : le portail vers un album de Thrash/Death qui annonce la couleur : du brutal, du sanglant et du méchant. C'est important la première impression. Les dijonnais de DEATH DECLINE l'ont bien compris puisque c'est la pochette de leur premier méfait, Built for Sin dont il est ici question. Et vu le contenu de la galette, il est important de préciser d'entrée de jeu qu'on n'est pas au pays de Candy (celui où il y a des méchants et des gentils). Ici, les gentils sont restés dehors. On n'a laissé rentrer que les méchants.

DEATH DECLINE a été fondé en 2011 mais il a fallu quatre ans pour stabiliser le line-up et finaliser le projet du gang. Le groupe actuel réunit Alexis Fleury (chant), Jordan Henriques (guitare), Fabien Legue (guitare), Alexandre Morel (basse) et César Vesvre (batterie). En quatre ans, le groupe a beaucoup tourné et son projet s'est construit sur scène, aux côtés de grands noms du circuit (DECAPITATED, LOUDBLAST, NAPALM DEATH, GOROD, MAGENTA HARVEST, NO RETURN). C'est l'arrivée d'Alexis et Mario en 2014 qui permettent au groupe de passer à la vitesse supérieure en enregistrant son premier opus, Built For Sin.

Avec ses 58 minutes pour seulement 9 pistes, c'est un disque d'une longueur surprenante. La plupart des morceaux dépassent les 5 minutes et le morceau titre "Built for Sin" annonce fièrement 13 minutes ! Bien que DEATH DECLINE parvient à éviter le trip Thrash progressif et les concours de branlette de manche en folie, la plupart des chansons auraient gagné à être écourtées.

Nos amis n'hésitent pas à brouiller les pistes avec des parties acoustiques comme sur l'intro "Are We?" une bonne question en forme de canular où une mélodie entêtante à la guitare sèche accompagné de roulements de caisse claire masque le râle désespéré du mec qu'on torture au fonds des oubliettes du château. Are we? Qui sont-ils vraiment ? Une bonne question que le morceau suivant "Architects of Fear" a vite fait de répondre. Gros riff qui crunche, grosse caisse massacrée à la double pédale et screaming en chant clair doublé par un growl bien Death. Cela va très vite, très fort et ça fait très mal. Du gros parpaing de béton qu'on se prend direct dans la tronche. Une structure plus efficace qu'originale mais qui marque des points en ouverture de l'album. "Architect of Fear" est l'un de ces morceaux qui aurait pu s'arrêter à 3 minutes mais qui en compte 5. Même constat pour les autres morceaux de la tracklist qui ont pour la plupart dit ce qu'ils avaient à dire à 3 minutes et s'allongent pourtant vers des 6 à 7 minutes. Toutefois, il y a quelques pistes sur lesquelles la longueur est justifiée. Quand le combo modifie la structure de sa mélodie ("Enslave the Weak"), joue sur l'alternance des techniques de chant ("Despise and Delusion") ou s'appuie sur un bon vieux solo de gratte bien foutu ("Perpetual Way of Sin" et "Dark Widow"). Et bien sûr il y a "Built for Sin" cette chanson conceptuelle de 13 minutes. Elle reprend tous les ingrédients développés sur les autres pistes. L'intro acoustique qu'accompagne un montage de plusieurs discours de politiciens acclamés par des foules en délire. Le riff Heavy puis l'explosion du growl d'Alexis qui marque une accélération brutale du tempo sur une structure assez convenue qui nous accompagne pendant la première moitié du morceau, le retour de la guitare acoustique, puis d'un riff Heavy Metal avec une rythmique à l'avenant qui fait un pont avant de revenir à la structure initiale. C'est osé, mais comme sur d'autres pistes, un peu trop étiré.
La production de cet effort est satisfaisante, un bon placement des instruments qui n'écrasent pas la voix, des guitares mises sur le devant quand il faut. Il n'y a que la batterie qui soit un peu trop souvent écrasée, la double pédale ressortant un peu trop tandis que le travail sur les toms est comme écrasé et un peu trop plat.

Alternant les sensations, les chants et les techniques, ce premier album qui n'évite pas quelques maladresses propose dans l'ensemble plus de bon que de mauvais. Il a au moins le mérite de montrer que DEATH DECLINE a sa place sur la scène Thrash/Death hexagonale.