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ACE FREHLEY (usa) - Origins Vol.1 (2016)






Label : SPV
Sortie du Scud : 15 avril 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 51 Mins





Là aussi, je vais faire d'entrée mon mea culpa. Je n'ai jamais été un grand fan de KISS même si je reconnais que l'apport des quatre super-héros au Hard Rock moderne est énorme. KISS est une institution depuis longtemps, et je ne viendrai certainement pas les critiquer, puisque seule ma subjectivité est à mettre en cause.
Alors au moment de chroniquer le nouvel album d'un de ses anciens chevaliers, je me dois au contraire de faire preuve d'une objectivité sans limites.
Mais là encore, en parlant d'Ace, je vais avoir du mal à mettre mon ressentiment de côté...
Autant je reconnais que son apport musical dans KISS est indéniable, et qu'à l'instar d'un George Harrison, il n'est pas un guitariste très technique mais au feeling et style immédiatement reconnaissables, autant je constate que son parcours en solo est très erratique, et frise le moyen tout en côtoyant régulièrement l'insipide. Son épisode FREHLEY'S COMET n'avait vraiment rien d'extraordinaire, et il faut avouer que le bonhomme a longtemps pu se reposer sur sa réputation au sein du géant Shock Rock pour relancer une carrière chancelante. Mais là n'est pas forcément le propos aujourd'hui, même si... un peu quand même.

Mais lorsque j'ai appris que l'ombrageux guitariste allait une fois de plus consacrer son présent à une grosse partie de son passé, je n'ai pas été plus étonné que ça. Après tout, il capitalise dessus depuis son départ de KISS, alors, pourquoi pas une nouvelle tranche de nostalgie.
Sauf que cette tranche-là ne concerne pas forcément KISS, en tout cas, pas uniquement. Si on retrouve au casting de ce Origins Vol.1 le nom de Paul Stanley, venu prêter main forte à son ancien complice sur une reprise de FREE, et trois morceaux composés par Ace lui-même à l'époque, mais chantés par Gene, le reste se concentre plutôt sur les influences personnelles de l'homme de l'espace.
Le tracklisting parle de lui-même, et aligne les pépites des 60's/70's, avec un goût très sûr. Ainsi, Ace se fait les dents et les doigts sur les STONES évidemment, mais aussi sur les ego de CREAM, la préciosité Irlandaise de THIN LIZZY, le groove lubrique du ZEP, la liberté du bitume des STEPPENWOLF, la brutalité rustique des TROGGS, et la magie noire d'HENDRIX. Sans oublier de citer pour un panorama exhaustif le flegme british des KINKS et évidemment, les trois fameux hymnes de KISS que sont et seront toujours "Cold Gin", "Rock And Rock Hell" et l'incontournable "Parasite".

Sur le papier, tout ça sent très bon, mais une fois réchauffé par le cœur et la mémoire d'Ace, le menu est-il à la hauteur des attentes ?
Avec étonnement et une surprise non feinte, je dirais oui, et même un grand OUI, et je suis moi-même le premier surpris.
Pourtant, la tâche était ardue. Apporter sa propre vision sur de tels classiques impérissables était une entreprise très dangereuse, mais Frehley s'en sort à merveille. Et ce, pour plusieurs raisons... La principale étant l'intelligence avec laquelle il a choisi les morceaux qu'il souhaitait reprendre. Il a pioché dans les titres s'adaptant le plus à son style, pour ne pas prendre de risque inutile, et ce choix s'est avéré le meilleur qu'il puisse faire. Evidemment, nous n'échappons pas à quelques petites erreurs, mais ces mêmes erreurs n'empêchent pas ce premier volet de reprises d'être ce qu'il est, une véritable réussite. Et pourtant comme je le disais, je ne suis pas fan du bonhomme. C'est vous dire si cette constatation est honnête.

Evacuons d'office les choses les plus dispensables, puisque ces épisodes sont les plus rares. En tant que musicien, nous savons tous qu'il n'y a rien de plus jouissif que de se faire les cordes vocales et de guitare sur des imputrescibles comme "Louie Louie" ou "Wild Thing", ces hymnes garage à trois accords que tout le monde connaît par cœur avant même de les avoir joués.
Et certes, la version d'Ace avec Lita Ford en guest ne manque ni de charme ni d'énergie, mais après tout, avait-on vraiment besoin d'une millième retranscription ?
Pas vraiment, mais après tout, c'est l'album de Frehley alors il a le droit de se faire plaisir.
Sa version de "Street Fighting Man" souffre aussi de quelques approximations vocales, mais reste largement à la hauteur de sa retranscription de "2000 Man", qu'on retrouvait il y a "quelques" années sur Dynasty.
Voilà pour les moments "discutables", passons maintenant au gros de l'album, animé d'un panache assez admirable.

Comme je le disais, l'homme a pioché ses classiques dans la partie du répertoire des artistes originaux la plus accessible pour lui, vocalement parlant, et ça, c'est très bien vu. Ace n'a jamais été un grand vocaliste, mais sa réappropriation de morceaux de KISS qu'il avait composés est très bien sentie, même si on les connaissait déjà dans des versions live.
"Cold Gin" avec Mike McCready des JAM est ainsi un fantastique relifting de ce standard de KISS, et le chant du bonhomme lui apporte enfin sa véritable dimension. Même chose pour le plaisir solitaire "Parasite" que les ANTHRAX s'étaient appropriés en leur temps, qu'Ace reprend à sa sauce en compagnie de John 5. Là, on peut parler de tuerie intégrale, alors même que l'original incarné par Gene sur Hotter Than Hell était déjà bien bouillant. Mais le riff est encore plus redondant que celui balancé il y a plus de quarante ans, ce qui vous en conviendrez n'est pas une performance anodine.
Plus surprenant est le pari remporté sur "Rock and Roll Hell", issu de Creatures Of The Night auquel Ace n'avait quasiment pas participé, et qui du coup jette un regard différent sur cet album, qui avec un apport plus conséquent du guitariste renfermé aurait pu obtenir une plus-value non négligeable.

Niveau "outside covers", le tableau est tout aussi idyllique. Ace s'amuse beaucoup avec son compère Paul à transcender le déjà superbe "Fire And Water" de FREE, et le transforme en monument de stupre groovy sur lequel la voix féline de Paul fait vraiment merveille, associé au timbre rauque de Frehley.
L'appropriation du fabuleux "Emerald" des LIZZY est aussi un hommage de toute beauté, Ace étant parvenu à garder le cachet précieux de la voix de Phil, tout en se livrant à un festival de guitares incendiaires. Il faut dire qu'avec Slash à ses côtés, les duels sont largement à la hauteur des standards exigés...
Le "Magic Carpet Ride" des WOLF gagne en densité, en psychédélisme Rock, et tient plus que la comparaison, puisque Ace parvient sans peine à se l'accaparer à tel point qu'on pourrait le croire compositeur de l'œuvre.
LED ZEP se voit aborder par son versant le plus ouvertement Bluesy, et si Ace a choisi un Willie Dixon pour leur rendre hommage, le hasard n'a rien à y voir. Ses interventions sont brillantes, exubérantes, et trouvent leur apogée dans un déluge de plomb que même le dirigeable le plus inflexible à rarement fait tomber.

Et si "Till The End Of The Day" des frères Davis trouve un écho Hard Rock assez incongru, bien loin de leur flegme rural, ce morceau n'en reste pas moins très exubérant et animé d'une énergie qui ne dénature pas la mélodie, loin de là.
La reprise de CREAM est plus anecdotique, et manque un peu de finesse. Mais après tout, elle reste quand même largement à la hauteur des exigences de l'exercice, même si la frappe de Baker manque cruellement.

Au final, cette récréation s'incarne dans un album de très haute volée, et à l'écoute de ces reprises, on sent qu'Ace Frehley s'est vraiment fait plaisir et a pris son pied. Et du coup, nous prenons aussi le nôtre car rarement un album du space cadet aura été aussi joyeux, flamboyant et haut en couleurs. Origins Vol.1 comme son titre l'indique appelle une suite évidente, que je n'aurais jamais pensé attendre avec une telle impatience.
Mais en l'état, Origins montre qu'Ace n'a pas perdu son Rock en route, ni son phrasé unique. Et ça du coup, ça fait vachement plaisir. Même lorsqu'on n'est pas fan. Et cette constatation aussi est très honnête. Vous pouvez me faire confiance, sinon, je n'aurais jamais suivi Ace dans les étoiles du ciel de son passé.



Ajouté :  Samedi 23 Avril 2016
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Ace Frehley Website
Hits: 6518
  
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