BLACK SABBATH (uk) - The End (2016)
Label : Vertigo
Sortie du Scud : 20 janvier 2016
Pays : Royaume-Uni
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 55 Mins
Bon, il paraît que cette fois-ci, c'est vraiment la der des ders. Rien à voir avec la première guerre mondiale, mais plutôt en rapport avec un autre combat, celui d'une légende contre le temps.
Oui le SAB' l'a promis, cette fois, c'est fini, terminé, over. Ils rendent l'antenne, mais pas sans une dernière tournée mondiale bien sur, qui passera par l'Europe, les USA, et un peu partout en fait. Les trois guerriers Geezer, Tony et Ozzy, soutenus par Tommy Clufetos (puisque Bill Ward et Ozzy ne peuvent plus s'encadrer) repartent une dernière fois sur les routes, et de fait, se permettent un peu de promo, puisqu'ils n'ont plus sorti quoi que ce soit de frais depuis 13, l'acclamé LP de reformation, dont j'avais dit le plus grand bien.
Alors pour en donner un peu plus aux fans, le trio a eu l'idée de vendre sur ses dates un EP bâtard, qui fatalement à fini sa course sur le net, au grand bonheur de tous ceux n'ayant pas pu assister aux shows.
Pour rester objectif envers ce genre de produit, il faut une certaine dose d'abnégation, d'objectivité, sans occulter le glorieux passé ni le laisser écraser les faits du présent.
Alors jugeons le pour ce qu'il est, en prenant en compte plusieurs facteurs.
D'une, c'est un EP/LP, puisqu'il contient huit morceaux pour presque une heure de musique. De deux, il ne contient que quatre inédits, titrés des sessions de 13, complétés par des morceaux issus du même album interprétés durant les dernières tournées.
Il est vendu au prix d'un LP, ce qui revient à devoir l'envisager en tant qu'album, et sous ce point de vue la, le prix n'est pas forcément justifié. Avec seulement quatre chansons inédites, qui sont je tiens à le rappeler des leftovers, avec tous les sous entendus que cela implique en termes de qualité, le jeu en vaut il la chandelle ? Tout ceci dépend bien sur de la qualité des dits morceaux, qui est... aléatoire.
Bien sur, c'est du SABBATH new wave, produit par Rick Rubin, donc pas question de penser une seule seconde qu'ils puissent n'avoir aucun intérêt. Ils en ont un forcément, même si celui ci est plus "historique" que musical.
Certes, les chansons tiennent largement debout, n'ont pas forcément à rougir de la comparaison avec les "officiels" de 13, mais ne sont pas non plus transcendantes. Elles sont d'abord très similaires, bâties sur un ou deux riffs très redondants, et n'offrent absolument rien de plus que l'album dont elles ont failli faire partie. Alors OK, c'est du Iommi, lourd, compact, pesant, c'est chanté par Ozzy, et la basse de Butler s'amuse bien (spécialement sur "Take Me Home", qui offre même un joli solo de guitare classique), tandis que Brad Wilk fait ce qu'on lui dit de faire au kit, soit un joli démarquage de Ward, sans en rajouter.
Pour les fans, la chose existe, et se doit d'être acquise. Ils se rueront si ce n'est déjà fait sur ces morceaux qu'ils jugeront indispensables à la légende, et loin de moi l'idée de les contredire. Je m'adresse plus particulièrement ici aux autres, ne faisant pas partie du cénacle et qui apprécient plus ou moins BLACK SABBATH pour tout ce qu'il a apporté à la musique. Si vous avez apprécié 13, il n'y aucune raison qu'il n'en soit pas de même avec la première moitié de The End qui en respecte les codes, le son et l'attitude.
Il est bien évident par contre que les chansons sont un poil moins accrocheuses que leurs homologues triées sur le volet, même si la guitare de "Season Of The Dead", distille un bon gros Doom ténébreux en intro, comme seul le maître Iommi savait le composer au début des 70's.
A la rigueur, je conseillerai aux acheteurs potentiels de jeter une oreille sur le dernier des mohicans, "Isolated Man", qui rappelle la carrière en solo d'Ozzy, période 90's, avec en exergue un riff qu'aurait pu pondre un Zakk Wylde assez remonté.
Les autres morceaux live... Qu'en dire ?
Qu'ils proviennent de trois captations différentes (Sydney avril 2013, Auckland avril 2013, et Hamilton, Canada en avril 2014), qu'ils sont plus ou moins les pivots de l'album 13, que "God Is Dead" pâtit d'un son franchement catastrophique dans le genre "j'ai enregistré le concert avec mon iPhone du vingt troisième rang", et que les versions proposées sont plus ou moins investies.
Là aussi, un tri s'impose pour ne retenir que les deux morceaux issus de la date d'Hamilton, le 11 avril 2014, qui bénéficie de la plus grande ampleur et de l'interprétation la plus convaincante. Mais à vous de faire votre choix, sachant qu'ils ne sont là que pour compléter un EP franchement bancal à la base.
Je sens déjà les fans s'acharner et me traiter de pauvre type (pour les plus polis évidemment), mais ça à la rigueur je m'en cogne.
Pour être honnête, vendu sur une tournée à un prix très raisonnable, cet EP aurait représenté un bon souvenir pour un moment unique, celui où un admirateur lambda aura vu pour la dernière fois les trois quarts d'une légende en concert.
Mais une fois extrait des conditions initiales et du contexte, il devient un LP à juger comme un autre, et sent un peu l'arnaque. Non que les inédits soient mauvais, ce qu'ils ne sont pas, mais la pertinence des morceaux live choisis est un peu difficile à comprendre, surtout au niveau de la qualité sonore. Ce qui en fait un produit un peu étrange, et qui ne vaut pas forcément la somme que le groupe en demande.
Néanmoins, s'il s'agit là du dernier des derniers témoignages discographiques du groupe (encore faudrait-il que cette dernière tournée soit vraiment la dernière, mais avec les problèmes de santé passés de Tony, c'est une forte possibilité), alors je l'accepte pour ce qu'il est, sans rechigner.
Et d'ailleurs, prenez le comme ça, un dernier signe de la main d'une des dernières vraies légendes du Heavy Metal.
Et vu le rythme adopté par la grande faucheuse en ce macabre mois de janvier, mieux vaut profiter de l'instant.
Carpe Diem, et join the Sabbath...
Ajouté : Dimanche 22 Mai 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Black Sabbath Website Hits: 5258
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