BREAKOUT (FRA) - Nothing In Sight (2016)
Label : Autoproduction
Sortie du Scud : 28 mai 2016
Pays : France
Genre : Punk Hardcore / Crust
Type : Album
Playtime : 13 titres – 27 minutes
Un groupe punk as fuck de Paris, qui se paie le luxe d'une tournée Européenne digne de ce nom avec en sus un gros détour en Russie, et ce, avec un simple EP vinyle en poche ? Louche ? Bizarre ? Copinage ?
Que dalle. Des guts, des balls, et surtout, une rage palpable, une foi sans bornes en ses qualités, et puis pas mal de culot. Rien de plus, ni de moins.
Il faut dire qu'après avoir écouté leur musique, on comprend mieux pourquoi le monde et les clubs leur ouvrent leurs portes.
C'est effectivement du Punk Hardcore as fuck, rotten to the bone, qui se la joue 2016 tout en lorgnant sévèrement du côté des racines. Celles des 70's, mais surtout des 80's, sans pour autant ne pas voir ce qui s'est passé dans les années 90.
Le Core français, même Punk, est généralement bien métallisé. Souvent proche du Metalcore, il s'éloigne de ses racines Punk, et c'est sans doute cette différence qui rend les BREAKOUT si...différents. Eux n'ont pas peur de se la jouer authentique, un peu paillards et gouailleurs sur les bords, et ça leur va carrément bien.
Je connaissais leur EP, au titre en forme de leitmotiv, Never Give Up !, et je savais pertinemment qu'on pouvait attendre beaucoup de ces faux crétins à crêtes beaucoup plus futés que leurs photos promo. Toute l'affaire sentait trop bon les GORILLA BISCUITS, AGNOSTIC FRONT, et je savais Franck (chant), Sylvain (batterie), Raf (basse, choeurs) et Marty (guitare, choeurs) bien partis pour écraser la concurrence. Ce premier LP vient à point nommé concrétiser tous les espoirs placés en eux, et s'avère être une sortie de choix qui va mettre un bon coup de Doc dans la fourmilière du Hardcore français, qui en a bien besoin.
Ici, tu peux laisser tes oripeaux au vestiaire man. Ta chaîne de vélo chromée, ta boucle d'oreille épingle à nourrice en argent aussi. No bullshit, juste du Hardcore, qui s'emballe régulièrement et ne te fait pas perdre ton temps sans pour autant le meubler en surface.
Impossible à l'écoute des morceaux les plus fast & crust de ne pas penser à Roger Miret et sa bande de pitbulls, mais pour autant, les BREAKOUT ne sont pas qu'une simple entreprise capitalisant sur la nostalgie. Ils aiment le Punk, versant Rock N'Roll, jouent juste, et se veulent bien dans leurs godasses et leur époque, tout en nous ramenant aux origines du style.
Avec une production parfaite, qui transforme la batterie en glissement des plaques tectoniques, qui place les choeurs bien en avant et qui polit les guitares pour les rendre encore plus tranchantes, les Parisiens jouent crânement leur carte, et avouons sincèrement qu'ils ont une sacrée main les cons. Et avec ça, pas besoin de bluff.
Alors évidemment, nombre d'entre vous me diront, "c'est du Hardcore man, rien de plus", mais je les emmerde d'avance. Oui, c'est du Hardcore mec, et du comme ça, on en trouve plein les clubs Anglais, les rades Espagnols, et les hôtels borgnes Russes. Et maintenant, on en trouve même dans les bistrots Parisiens, et je serais tenté de dire : tant mieux.
Non que la scène Core française attende son saveur, mais les chevaliers Punk crédibles et intenses sont toujours les bienvenus chez nous.
Treize morceaux, aussi intenses les uns que les autres, qui se partagent entre mid tempo bien soutenu par des choeurs de teigneux, et poussées de fièvre Crust/Hardcore, comme une grosse allusion à des albums comme Liberty And Justice For, et autres pamphlets US bien sauvages comme il faut.
Pas de fioritures, juste l'essentiel, un gros riff porteur, une rythmique efficace, et surtout, des vocaux enragés et engagés qui emballent la machine pour la faire fumer.
Alors, on garde le format court, et on ne s'étend qu'à l'occasion du morceau éponyme, le seul à passer le cap fatidique des trois minutes.
Mais pas pour rien, je vous le garantis. Intro qui se met en place tranquillement, et puis soudain, une guitare qui donne le signal du départ pour la bourrée parisienne, qui ne doit rien en termes d'intensité à son homologue auvergnate. La recette vous paraît simpliste ? C'est simplement que vous confondez simpliste et efficace, puisque c'est le seul mot d'ordre que les parisiens connaissent.
Impossible de digresser pendant des heures sur un opus pareil, parce que ce genre d'opus, uniquement digital pour le moment, c'est l'urgence, rien d'autre.
L'urgence, le besoin de jouer un Punk Hardcore simple et franc. Et sous cet aspect-là, les frenchies n'ont de leçons à ne recevoir de personne, même pas des Européens.
Mais ne comptez pas sur eux pour foncer sans regarder où ils courent. Tiens, "Mad As Hell", c'est plutôt posé ça... Riff mélodique, chant samplé, percussions, basse qui cogne, c'est futé, très futé...Evidemment, c'est contrebalancé par des brûlots bille en tête comme l'anarchique "Cities Burn", qui effectivement crame tout sur son passage, mais c'est la règle du jeu.
Allez, je ne vais pas disserter pendant des plombes, le truc dure même pas une demi-heure, alors... Avec Nothing In Sight, les BREAKOUT dressent un portrait fidèle de notre société, et cette volonté de voir les choses bouger, tout en admettant que le stoïcisme n'est pas prêt de céder la place à l'activisme. Mais eux font bouger les choses, et surtout, font vivre la scène Punk française.
Et pour ça, et leur musique, moi je les aime bien.
Punk as fuck, but not too drunk to. Telle est la devise.
Ah, les mecs au fait. Rien en vue ? Si.
Vous.
Ajouté : Lundi 14 Novembre 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Breakout Website Hits: 7647
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