COAL CHAMBER (usa) - Rivals (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 19 mai 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Néo Metal
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 46 Mins
COAL CHAMBER restera pour l'éternité un nom qui a marqué toute une génération fan de Nu Metal extrême à l'allure bigarrée. Aux côtés de MUSHROOMHEAD, un peu avant SLIPKNOT, ils ont incarné toute l'exubérance de cette frange de la jeunesse avide de décibels, de looks outranciers à base de coiffures improbables aux couleurs étranges, et de fringues customisées avec plus ou moins de bon goût.
Musicalement, on ne peut pas dire que le groupe ait laissé une emprunte indélébile dans les mémoires. Hormis un premier album éponyme qui décoiffait plus ou moins, aidé en cela d'un single imparable, "Loco", les deux efforts suivants connurent diverses fortunes, et des critiques mitigées. Après Dark Days, l'affaire tourna au vinaigre, suite à de multiples altercations entre Miguel Rascón et Dez Fafara qui en vinrent même aux mains.
La grossesse de Rayna n'arrangea pas les choses, mais si sa remplaçante Nadja fit du bon boulot, et supporta les Ego grandissants...
La grande gueule Fafara jura alors ses grands dieux qu'on ne l'y reprendrait plus, et que le groupe était mort et enterré pour toujours...
On aurait pu le croire, tant sa carrière post COAL était florissante. Avec son nouveau groupe, DEVILDRIVER, il réussit à se maintenir sous les feux de l'actualité, grâce à une musique puissante et un poil plus inspirée que celle de son ancien combo. Les autres tentèrent tant bien que mal de surnager, entre projets avortés, collaborations anecdotiques, et retrouvailles au coin du feu. Que pouvait il alors se passer ? Je vous le donne en mille...
En 2011, les quatre anciens compères (Dez, Miguel, Mike et Chela Rhea Harper dans un premier temps, puis Nadja à la basse) se retrouvèrent enfin pour discuter d'une possibilité de réunion. Au départ prévue pour honorer quelques festivals, celle-ci finit par se concrétiser autour d'une signature avec Napalm Records en vue d'un nouvel album. Et trois ans après ce contrat, voici enfin le résultat de ces longues années de tractation, sous la forme d'un premier LP depuis 2002.
Rivals.
La pochette laisse planer plusieurs interprétations possibles. La première, littérale, force à croire que COAL CHAMBER ne s'admet aucun rival. Si tel est le cas, c'est un point de vue assez péremptoire et fort prétentieux. La seconde, plus plausible, pose un jugement interne sur les relations du groupe. Ainsi, les heurts passés seraient oubliés, et les quatre musiciens seraient enfin unis pour aller dans la même direction. Mais laquelle ? Renouer avec un passé plus ou moins glorieux ? Tenir compte de l'expérience acquise pendant le split ? La réponse semble se situer entre les deux. Comme l'album, qui nage entre deux eaux. Le problème, est que les deux courants séparés sont tous les deux... tièdes.
Je le concède, je n'ai jamais été un fan hardcore de Dez, avec COAL ou DEVILDRIVER. J'aime sa voix, son énergie sur scène, mais les compositions qu'il a défendues durant ses carrières m'ont toujours laissé plus ou moins de marbre.
Mais je parlerai de cet album avec objectivité, comme je l'ai toujours fait, et c'est ce que l'on attend d'une chronique de toute façon.
Je l'avoue, j'ai bien trippé sur "Loco" à l'époque. J'aimais la folie de ce titre, le côté cirque macabre et schizophrène de sa vidéo, mais le souci - et on peut reprocher la même chose à bien des groupes, MEGADETH en tête de ligne - c'est qu'il n'était rien de plus qu'une chanson forte et accrocheuse noyée dans un océan de filler complètement dispensables. Dark Days avait légèrement arrangé la donne, et louchait déjà vers le futur de son chanteur.
Le problème se reproduit encore une fois ici. Rivals n'est pas un mauvais disque, mais les titres phares sont inondés par une mer de banalité et de routine.
Après de nombreuses écoutes, seules quelques individualités surnagent. L'ensemble des titres est d'une "qualité" homogène, mais c'est justement là que le bât blesse. Tout sonne presque à l'identique, et on cherche désespérément au bout de quelques minutes quelque chose à quoi s'accrocher. Le style COAL/DEVILDRIVER est bien présent, avec ses guitares lourdes et grasses, ses mid tempo heurtés et dynamiques, ses petites dissonances éparses, ses breaks carrés, et le chant de Dez à gagné en maturité.
L'entame "I.O.U. Nothing" est d'une efficacité totale (sorti en single déjà il y a quelques mois), "Suffer In Silence" avec Jourgensen en renfort rappelle avec bonheur les jeunes années du groupe, "Rivals", le second simple possède cette atmosphère moite et inquiétante que COAL CHAMBER sait parfois distiller, et le mid tempo "Over My Head" sait se montrer concis avec son up tempo chaloupé et son chant hurlé, mais...
Mais le reste est tout simplement moyen. Non dans le sens ou les compositions se cherchent, ou semblent manquer de professionnalisme, mais tout simplement parce qu'elles sonnent comme des choses qu'on a déjà entendues des centaines de fois, en plus original, en plus convaincant, en plus violent, en gros, en plus tout ce que vous voulez.
Rivals ne présente rien de nouveau d'une part (la plupart des idées semblent provenir de leftovers de DEVILDRIVER), mais à en outre l'énorme défaut de se montrer timoré, alors qu'on attend justement d'un groupe comme COAL de la fantaisie, de l'énergie explosive, en gros, de l'outrance et de l'efficacité. Les titres les plus convenus (et il y en a un certain nombre) feraient même peine au SOULFLY le plus complaisant, et en conclusion, comme pour appuyer mes dires, le quatuor balance son morceau le plus poussif, bâti sur des riffs archi rebattus et convenus... "Worst Enemy" ? Là aussi, l'interprétation est multiple. Serait ce un regard objectif sur les liens qui unissent les quatre musiciens ? Ou tout simplement une introspection débouchant sur cette vérité terrible:
COAL CHAMBER est son propre pire ennemi...
Une fois de plus, le groupe est retombé dans ses vieux travers, accentuant même ses défauts. Pas assez intense, pas assez varié, pas de réelle recherche de riffs à de rares exceptions près... Même la production semble lisser le tout pour le rendre encore plus linéaire. Et je pense que si SLIPKNOT, DEFTONES ou KORN ont acquis un tel statut de légendes à travers les années, et pas COAL, la raison est simple. Elle s'appelle le talent.
Alors je sais, les fans vont me tomber dessus à bras raccourcis, via des commentaires désobligeants tapés sur clavier dans un français sms approximatif, en me disant que je n'ai rien pigé, que je suis un vieux con, et qu'un mec qui n'est même pas fan ne devrait pas chroniquer un groupe...
Vous aurez peut être raison, mais je m'en tape. Parce que je sais reconnaître un bon album quand je l'ai sous les oreilles. Et Rivals n'en est pas un. Sans être un naufrage non plus.
C'est juste la synthèse d'une réunion qu'on attendait pas forcément, et qui va pouvoir déboucher sur de nouveaux concerts, où là, le groupe pourra peut être en donner pour votre argent. En attendant, faites ce que vous voulez, vous avez le droit d'aimer.
Mais j'aurais préféré un truc un peu plus loco, si vous voyez ce que je veux dire.
Ajouté : Lundi 14 Septembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Coal Chamber Website Hits: 6078
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