Quelle longévité ! Second album au sein du label Listenable records, Primordial Domination n’est ni plus ni moins que la septième offrande à Belzébuth de la part de la horde Nord Américaine de INCANTATION dirigée de main de fer par John Mc Entee (guitares/chant). Après ces illustres quinze ans de carrière, INCANTATION est devenue une institution du Death Metal et un pilier de la scène underground internationale avec les classiques du genre que sont Onward to Golgotha (1992) et Diabolical Conquest (1994). Toujours aussi vicieuses et malfaisantes, les compositions des maîtres de la thaumaturgie continuent leur chemin devant tous nous mener vers les lieux de supplice de nous autres, pauvres âmes damnées. INCANTATION fait office de rejeton de l’Enfer dans le panorama du Death Metal chthonien avec son style à la fois brutal et racé du point de vue des ambiances et des atmosphères démoniaques. John Mc Entee et sa section infernale se sont toujours posés comme étant le groupe le plus fin et subtil du Death Metal Américain en son époque, tout comme IMMOLATION. Passant à côté de la renommée qui ne lui ouvrit jamais ses portiques, INCANTATION atteindra tout de même la réputation de groupe culte.
Affidés aux renversements rythmiques et aux créations mélodiques, les Américains ne changent pas de ligne directrice et délivre un concept basique depuis leur entrée dans le monde abyssale, et ce quasi sûr de réussir leur coup. Primordial Domination n’est certainement pas leur meilleure livraison à ce jour, mais reste néanmoins un bon album de Death maléfique. Le titre instrumental « Primordial domination » lance la charge avec son prélude Doom à la BLACK SABBATH en version tourmentée. On enchaîne avec « The Fallen Priest », avec lequel les véhémences démarrent réellement. Avec « Dissolute Rule/Begin Apocalypse » comme le titre l’indique, voici venu l’avènement de l’Apocalypse selon St John… Un titre qui prend toute son ampleur grâce à de savants riffs et une construction nous rappelant les meilleurs moments du Death Metal de la décennie passée. Le morceau intitulé « Hailed Babylon » sent quant à lui le souffre des puits pestilentiels des Enfers. Puis avec « Lead to Desolation » intense et martial, INCANTATION nous amène à travers ce morceau vers des terrains où règne l’affliction. Malgré ce beau tableau à la Jérôme Bosch, le second acte de l’album perd en puissance et précipite malheureusement l’opus vers le bas. Un bon début un tantinet raté par des titres comme « Extirpated Dominus » et « Conquered God », des pistes moyennes.
Cette septième torture représente donc un album correct d’INCANTATION, en mode vitesse de croisière dans le bon sens du terme, rien à voir par exemple avec le dernier opus de SUFFOCATION, ultra décevant. Une ligne de conduite musicale, c’est respectable, se répéter et lasser, çà l’est moins. Espérons que le prochain album renouera avec les hautes sphères maléfiques auxquelles nous avait habitué John Mc Entee.