Parfois, on demande un cd pour chronique, sans vraiment savoir sur quoi on va tomber. Ca va du pire, le genre d’album sur lequel on ne trouve rien de pertinent à dire, au meilleur, pas plus facile d’ailleurs parfois, ou il aurait tellement à écrire qu’on ne sait plus ou donner de la tête. A priori, avec APOCRYPHAL VOICE, ça paraissait facile. Finlande, pochette monochrome, duo, ça puait le BURZUM ou le DARKTHRONE à plein nez. Ben c’est raté. Certes, c’est sombre, c’est culte, mais ça n’a rien d’un film d’occulte (bon, d’accord, je sors). En écoutant, j’ai pensé à un NEUROSIS en plein spleen, ou un UNSANE torturé, mais point s’en faut.
Cet album n’est pas facile à écouter, il faut s’y plonger corps et âme, de la même manière que les musiciens ont accouchée de cette œuvre. Le mot est lâché. C’est une œuvre. Assez inquiétante même.
Je ne peux pas décrire la musique qui traverse les 10 plages de ce CD, c’est impossible. C’est trop musical pour être du Dark ambient. Trop déstructuré pour être du gothique. Trop poétique pour être du Metal. Alors qu’est ce que c’est ? Un peu tout ça à la fois. Vous allez me dire que ça ne vous aide pas beaucoup. Ca n’est pas fait pour. Pour mériter ce genre de disque, il faut aller le chercher.
Disons que c’est assez flippant, parce que rien n’a l’air surfait, ou préfabriqué. La démarche est sincère, la musique aussi. Le son est aussi très étrange, gras, sourd, les aigus à zéro.
Pour comprendre, il faut écouter un titre assez symptomatique, « Dry Sound Of Rusty Nothingness », et ses douze minutes de douleur sonore. C’est extrêmement pesant, comme un procès pour hérésie dont on connaîtrait l’issue à l’avance. Ca va mal finir, mais on ne peut éviter l’inéluctable. Une autopsie barbare à la rugine dans un vieux bloc opératoire d’un hôpital psychiatrique abandonné. FERRAT disait « Je ne suis qu’un cri ». C’est aussi le cas de Stilltrapped. Plus qu’un album, c’est une introspection dans ce que chaque auditeur à de plus sombre. C’est faire face à ses démons une bonne fois pour toute.
Mais à regarder l’abîme insondable de son âme de trop près, on finit par en perdre la raison. A jamais…