2 ans après No More Color, le groupe culte CORONER fait son grand retour. Fidèle à sa poisse, le trio suisse est victime des erreurs de stratégie de son label, qui publie Mental Vortex quasiment en même temps que l’album noir d’un quatuor venu de San Francisco … Autant vous dire que face au cataclysme que va déclencher le Black Album de METALLICA, Mental Vortex aura l’effet d’un coup de vent auprès des amateurs de « Metal en général ». Pourtant, pour la plupart des fans ultimes de CORONER, ce quatrième album incarne son œuvre la plus aboutie.
Après le déjà très technique et très travaillé No More Color, CORONER va encore plus loin dans sa démarche. Ici les titres sont plus longs (de 5 à 6 minutes en moyenne), les riffs répétés jusqu’à plus soif. C’est là tout le talent de Tommy Vetterli (guitares) et de Marquis Marky (batterie) : cet assemblage de rythmiques très torturées et de différents tempos reste dynamique, et s’enchaine de façon quasi naturelle… Du grand art, comme en attestent « Divine Step », « Semtex Revolution » (exceptionnel), ou encore « Metamorphosis » : là se succèdent tempêtes techniques jubilatoires et des passages plus étranges, presque lamentés, voués à constituer la B.O. parfaite d’un film sur H.P. Lovecraft…
Car l’ambiance de ce disque est aussi très froide, cliniquement glaciale et met mal à l’aise : CORONER vous envoûte, vous transporte, vous hypnotise, vous anesthésie… avant de vous découper lentement au scalpel. La voix de Ron Royce (basse et chants) n’y est pas étrangère, les textes de Marky non plus, teintés de colère (« je suis au service de la révolution / … / mes pensées sont radicales / je n’hésite pas à tuer ») et de pulsions malsaines (« regarde moi devenir serpent / pour m’enrouler autour de ton cou / sens-moi devenir une langue / pour glisser doucement le long de ta colonne »). Le groupe incorpore même à sa musique des samples de films idéalement choisis (« Hellraiser III » ou « Re-Animator » sur « Divine Step »), histoire d’accentuer encore cette oppression sonore et envoutante.
Enfin, la production et le mix sont pris en charge par Tom Morris, aux Morrisound Studios de Tampa : le son est tout simplement irréprochable et la création de CORONER sublimée. Seul bémol : la reprise du « I Want You » des Beatles, qui bien que réarrangée, fait un peu figure d’OVNI… mais montre quand même à quel point CORONER sait s’approprier les chansons des autres.
En 1991, il y a donc 16 ans, dites-vous bien que CORONER représente déjà un style musical à lui-seul, bien loin du Thrash Metal initial auquel on le rattachait. Et s’il y a un disque à retenir de ce super groupe 1000 fois sous-estimé, c’est bien Mental Vortex. A se procurer d’urgence si ce n’est pas déjà fait…

Tracklisting :
1 – Divine Step
2 – Son Of Lilith
3 – Semtex Revolution
4 – Sirens
5 – Metamorphosis
6 – Pale Sister
7 – About Life
8 – I Want You