FORGOTTEN TOMB fut mis au monde dans la nuit à la fin des années 90, dans le Nord de l’Italie. Surgissant des plus profondes ténèbres, la rencontre de Herr Morbid (guitares, voix, etc.) et Torment (basse) marque la naissance d’un projet glacial, austère, misanthropique, sorte de litanie à la gloire de la solitude et de la dépression aussi bien qu’apologie du suicide, pour résumé, une œuvre que n’aurait sans doute pas renié notre ami philosophe allemand Nietzsche.
Après des débuts remarqués avec leur prémices initiaux audio (Obscura Arcana Mortis en 2000) et la mise en bouche savoureuse que fut Songs To Leave en 2002, le combo italien, à présent débarrassé de Torment mais comprenant maintenant un vrai batteur en la personne de Wedebrand (ex-SHINING) lance son chef d’œuvre, Springtime Depression, ode à la violence et à la neurasthénie et la langueur, véritable méfait de FORGOTTEN TOMB. Révélation de la scène Black en 2002, le duo transalpin enfonce le clou très profond dans nos tissus musculaires avec Springtime Depression, trois quart d’heures de désespoir et d’ambiances putrides et néfastes. A se demander ce qui leur passe par la tête au moment de la composition de ces six pièces noires de musique de chambre funéraire. Poussant le concept encore plus loin que Songs To Leave, FORGOTTEN TOMB semble vouloir atteindre à tout prix les limites extrêmes de son Black Doom navrant et sinistre. Si le titre éponyme, pièce instrumentale, semble accorder un semblant de répit dans ce déchainement austère de mélancolie bestiale, Il n’en sera pas de même pour les autres pistes.
Cinq morceaux de chair suicidée étirée, aux rebondissements aussi froids qu’une sale de médecin légiste, FORGOTTEN TOMB mise tout sur une ambiance cafardeuse mise en relief par les arpèges de guitares, les mélodies tranchantes comme une lame de rasoir sous la gorge, cris cauchemardesques, Herr Morbid déploie tout son talent de songwriter dans ce disque. Chaotiques, toujours sur la brèche, à la limite de la rupture, voilà en quoi consiste les titres que sont « Scars », lancinante comme un convoi mortuaire, «Subway Apathy» longue marche funèbre ou encore la désincarnée «Todestrieb». Alors que le duo italien met également en avant son côté le plus bestial et sauvage avec «Daylight Obsession», violente démonstration de Black décomposé.
Ceci étant, si les morceaux sonnent de la même façon, c’est dans un but de cohérence sonore et conceptuelle, redondance désirée dans le but d’instaurer une aura plombée. Enregistré au Abyss Studio par Tommy Tagtgren, le frère de, FORGOTTEN TOMB délivre une musique fanatique, sombre, crépusculaire et sauvage, tant les compositions maladives prennent l’auditeur en otage et instaurent une atmosphère de mal être ambiant. Certainement le meilleur opus de Herr Morbid.