Comme cela arrive bien souvent dans la vie d’un chroniqueur, on découvre les groupes bien longtemps après leurs débuts. Ça peut être chiant pour la chronique mais ça permet aussi d’arriver avec les idées vierges de tout parti pris. HACRIDE semblait déjà faire une bonne unanimité avant Lazarus, le dernier sorti de leur usine. Mais cet album mettra à genoux les derniers récalcitrants, c’est une certitude.
Même IRON MAIDEN n’a pas pris le risque de sortir un troisième album avec direct un morceau long. Pourtant, ils y connaissent quelque chose en morceaux longs. Eh bien HACRIDE a décidé de mettre ses couilles sur la table pour voir s’ils faisaient le poids. Et voilà qu’arrive « To Walk Among Them », un morceau énormissime d’un quart d’heure. Tout simplement. Enfin, simplement, c’est un bien grand mot. Parce qu’on ne rentre pas dans la facilité de la répétition du riff qui s’en va et qui revient (et qui est fait de tous petits riens). Ici, on tisse une toile morceau par morceau, on enferme l’auditeur dans des méandres complexes tout en essayant de le guider pour lui faire croire qu’il maîtrise encore son chemin. La musique passe du plus brutal au plus atmosphérique. Et même si parfois on pourrait croire que les transitions sont abruptes, c’est qu’on n’a pas suffisamment bien écouté ce qu’il se passait en arrière plan. « To Walk Among Them » peut effrayer, c’est une certitude, mais soyez assuré que si vous accroché à ce morceau, le reste de l’album ne sera que du pur plaisir. « Act Of God » met peut-être moins à genoux, mais on y retrouve des passages étonnants, notamment un digne des grands noms du Heavy polyphonique. Tout ceci pour replonger ensuite dans un maelstrom puissant Post Hardcore. Vous irez donc de surprises en surprises avec cet album, pour terminer votre voyage par un « My Enemy » vertigineux.<br< Samuel Bourreau au micro a su aussi parfaitement varier les émotions qu’il veut diffuser par une voix qui parfois sait se faire plus calme, tendre, émouvante. Pour mieux nous achever par derrière ensuite.
HACRIDE signe là un grand album. Même s’il vaut mieux être coutumier des errances Post Hardcore pour y plonger rapidement, il a aussi cette force pour pouvoir capter même les novices en la matière et les initier à un monde qui peut paraître opaque vu de l’extérieur.