Nous avions quitté SODOM un an auparavant, légèrement désabusés par la facilité extrême avec laquelle ils continuent de composer leurs brûlots de pur Thrash Metal mais également un peu contrariés par la nonchalance affichée. L’envie de changer de disque se faisant de plus en plus présente chez leurs fans, les allemands prennent grand soin de… l’ignorer. Avec Masquerade In Blood, nous sommes en face d’un enregistrement bizarre. Probablement celui où la patte de SODOM est la plus absente. Le fautif est tout trouvé : Strahli où l’homme qui a décroché le précieux sésame qu’est le poste de guitariste au détriment d’Andy Brings. Il est vrai que sa prestation ici n’est pas des plus inspirée. Cet opus moyen marquera pourtant la fin d’une très importante crise du line-up, puisque dès l’année suivante, le trio se stabilisera autour d’un noyau qui ne bougera jamais plus.
Revenons-en à l’essentiel, ce septième opus de la discographie de nos thrasheux favoris. L’éponyme fait déjà grincer des dents, à cause d’une production que je trouve beaucoup trop aigue et qui met trop en avant les agressions sonores de Guido Richter derrière sa batterie. La crash s’échauffe, parfois pour pas grand-chose. Même dans les retombées mélodiques, Richter fait trop usage de ses cymbales. Ce n’est que le début et SODOM fait bien vite grimacer. Il faut dire qu’après les tueries du début de décennie, des titres comme « Gathering Of Minds », « Murder In My Eyes » ou « Braindead », malgré leur bonne volonté, ne peuvent paraître que rébarbatifs. La formation n’a pas perdu le sens du riff, mais plutôt celui du riff malin. Celui qui venait briser des dynamiques et des cervicales a disparu, au profit de solis vus et revus. L’adaptation de Strahli aux grattes s’est faite dans la douleur. C’est la première fois qu’un guitariste chez SODOM frôle d’aussi près l’indécence pour manque de moyens. Des envolées guère transcendantes et des frappes transparentes, voilà ce qui compose le maigre répertoire de notre ami qui n’aura pas fait long feu. C’est aussi la première fois qu’on entend un Tom quasiment monocorde et essouflé. Lui qui est d’habitude si à l’aise dans ses braillements semble en petite forme. Seules « Verrecke ! » et « Mantelmann » attirent l’oreille, sans doute car chantées en allemand, arborant ce phrasé barbare qui fera toujours sourire. Il y’a aussi la reprise d’ANTI-NOWHERE LEAGUE, « Let’s Break The Law » qui, avec ses accents Punk et Rock & Roll, passe comme un bon Jack & Lucky après un repas fade et trop copieux. Pour le reste, définitivement rien de neuf à se mettre sous la dent. SODOM m’inquiète. Où sont passés les slogans ? Où sont passés les hymnes ? Tom et sa bande ont les moyens de faire bien mieux. Seulement voilà, ils semblent être confortablement installés sur leur lit de lauriers. Ce disque est loin d’être mauvais, il manque juste cruellement d’originalité. Ce qui leur était toléré au préalable commence à agacer quelque peu.
Il leur avait été demandé de faire un geste, un signe… de prouver que les imperfections de Get What You Deserve n’étaient que des problèmes de réglage. C’est un sentiment nouveau qui m’habite après ce Masquerade In Blood… celui du constat qui se veut cruel. SODOM est sur la pente descendante, SODOM régresse. Et avec ça, toutes les questions inévitables se bousculent dans ma tête… et si ? Et si ?

Discographie Complète de SODOM :
In The Sign Of Evil (Mini Album - 1984), Obsessed By Cruelty (Album - 1987), Persecution Mania (Album - 1987), Agent Orange (Album - 1989), Better Off Dead (Album - 1990), Tapping The Vein (Album - 1992), Get What You Deserve (Album - 1994), Masquerade In Blood (Album - 1995), 'Til Death Do Us Unite (Album - 1997), Code Red (Album - 1999), M-16 (Album - 2001), Sodom (Album - 2006), The Final Sign Of Evil (Album - 2007), In War And Pieces (Album - 2010), Epitome Of Torture (2013)