A en croire la rumeur qui se répand dans les lointaines contrées enneigées et les sillons brumeux de la banlieue parisienne, Sworn To The Elders, le deuxième album des originaux français de NYDVIND serait dans les cartons depuis l’automne 2005. Pourtant, ce n’est qu’à l’orée de la nouvelle décennie que nos jeunes coqs nous servent sur un plateau d’argent la rondelle en question. Et toujours dans ce même état d’esprit qui a fait leur réputation sur le seul Eternal Winter Domain (2003 – réédité en 2006) : la glorification de Mère nature, de la Terre de nos ancêtres, d’un univers fantastique et résolument plus sain par rapport à celui dans lequel nous tentons de nous épanouir, non sans quelques difficultés. Je concède d’ailleurs que malgré le peu d’attrait que j’éprouve pour le « Nordic Heathen Metal », les groupes faisant l’effort de nous embarquer dans des concepts bien précis, aussi farfelus soient-ils, ont toujours aiguisé mon intérêt.
Il en va de même pour le contenu plutôt singulier de cet opus, qui n’est pas décoré de la griffe Trollzorn pour rien. De prime abord, et sans connaître plus en profondeur l’idéologie ni les qualités musicales intrinsèques des franciliens, j’apprécie leur sobriété et leur élégance, tant pour mes yeux que pour mes oreilles. La base principale des structures de leurs morceaux s’affilie au Black Metal… duquel découla le Pagan Metal qui devint alors « Nordic Heathen », notamment dans des compositions extrêmement typées comme l’éponyme, longue d’une dizaine de minutes, à l’instar de « The Godless ». On sent NYDVIND fortement impliqué dans la conquête de son propre Graal, même s’il n’est pas forcément herculéen de devenir chef de file d’un mouvement dont on est l’un des instigateurs. Néanmoins, il est essentiel de maitriser les grandes lignes de son sujet. Et dans tous les domaines, tant dans l’originalité des pistes proposées que dans l’utilisation d’instruments adéquats, en passant par la transmission d’un message fort et surtout la capacité à voir ce message perçu et compris par l’auditeur, NYDVIND excelle. Car qu’on soit réceptif ou pas à la mouvance générale du Pagan Metal, Sworn To The Elders ne laisse pas indifférent. Parlons maintenant technique pure et dure. Les guitares sont clairement branchées sur courant Black avec des passages beaucoup plus folkloriques comme sur le final de « To Enter The Realm Of The Ravenlord » ou l’intro plutôt joyeuse d’« Upon The Throne Of North », qui n’est pas sans rappeler les frasques burlesques du dernier NARGAROTH. Mais on ne peut pas décemment citer la musique de nos petits français sans mention l’extrême ambivalence des vocaux. La grande majorité est constituée de chœurs. Des chœurs d’hommes, des chœurs de mâles, hirsutes et vaillants. Des chœurs, presque religieux, qui vous appellent à serrer les rangs ou à vous battre pour les valeurs que vous défendez. Un côté très solennel s’en échappe. C’est d’ailleurs l’effet escompté. Derrière, on pourra entendre à quelques reprises des braillements typés Black, mais dont le vibrato me gêne un peu, sans gâcher toutefois la performance globale.
Toujours aussi travaillé et intéressant que les bribes entrevues sur Eternal Winter Domain, NYDVIND prouve avec Sworn To The Elders qu’ils sont des garçons qui font vraiment corps avec leur musique et que ce côté épique et guerrier leur tient à cœur, au plus au point. Pas forcément transcendant d’un point de vue technique, c’est le genre d’album qui vous interpelle par sa facette authentique, auguste et hiératique. Maintenant le cap du deuxième franchi, on peut légitimement espérer que NYDVIND va donner de grands coups de cravache pour revenir galoper au plus vite.