LINKIN PARK (usa) - Meteora (2003)
Label : Warner Bros. Records
Sortie du Scud : 25 mars 2003
Pays : Etats-Unis
Genre : Néo Metal
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 37 Mins
S’il y en a un qui doit bel et bien se féliciter en ce moment, outre le groupe lui-même, c’est le label Warner Bros. Records qui, grâce à l’insistance de l’A&R Jeff Blue pour que LINKIN PARK obtienne un contrat, a fini par le signer, non sans rester suspicieux. Mais, en un temps record, les Californiens se sont imposés, avec leur premier album Hybrid Theory, comme une révélation et un des groupes les plus importants de leur génération, remportant plusieurs prix dans la foulée. La collection de tubes explosifs pressentie avec ce premier jet a enchaîné des ventes hallucinantes, par millions, laissant tourner ses singles en boucles sur toutes les chaînes et stations radios destinées au genre. Le sextet, avec le retour de David Farrell à la basse, devint alors un invité de renom sur des centaines de dates ,et cette rapide reconnaissance leur a d’ailleurs permis de créer, en 2002, leur propre tournée (Projekt Revolution) qu’ils ont partagée avec des artistes provenant des genres les influençant. La même année, la formation a sorti Reanimation, un album remixant les compositions de Hybrid Theory, et d’autres exclusives, dans une veine très Hip Hop/Electronique avec, principalement, la présence de nombreux artistes underground et de Jonathan Davis (KORN), entre autres.
Autant dire qu’avec une actualité aussi chargée, c’en est presque étonnant qu’ils aient trouvé le temps d’écrire un nouvel album. Et pourtant, après trois ans d’attente, les américains se devaient d’offrir d’autres morceaux talentueux. Mais, en réalité, comment mieux chroniquer ce nouveau disque qu’en reprenant ma critique d’Hybrid Theory et seulement en changer les noms de titres ? Vous l’aurez compris, Meteora, nommé d’après une région grecque au caractère épique, ne possède finalement aucune influence de ce pays, et n’hésite pas à réutiliser la recette de son prédécesseur quasiment à l’identique. Qui plus est, avec une piste supplémentaire, l’album totalise un temps plus court, dû à la moitié des compositions ne dépassant pas les trois minutes.
On se retrouve donc face à une formule des plus familières, même après trois années de maturité. La structure des compositions n’a pas changé d’un iota, toujours ancrée dans le formatage single de chacun des titres qui, bien que restant efficaces, reprennent sans vergogne les lignes de ceux d’Hybrid Theory ; en témoignent le refrain intense, entouré de couplets placides au clavier portés par Mike, de « Somewhere I Belong », ou le synthé ambiant déchiré des vocaux profonds de Chester sur « Easier To Run », empruntant les passages phares de « Crawling » et « In The End », ou bien le pont déchaîné de « Don’t Say » repris de « One Step Closer ». Même l’instrumentale « Session », exécutée exclusivement par Joseph Hanh, se place à l’identique de son modèle « Cure For The Itch » dans la playlist, et développe une ambiance atmosphérique similaire, ponctuée d’éléments électroniques, mais présentant une meilleure maîtrise de l’instrumentiste dans la variété et l’exécution de ses divers scratches et samples.
C’est d’ailleurs sur l’ensemble de l’album que le DJ étale ses capacités améliorées, poussant ses lignes plus en avant dans la musique de sextet, tout en jouant sur un niveau de complexité supérieur dans l’agencement de ses effets. Il est plus présent que jamais comme le montrent les introductions variées et réussies, que ce soit de l’album, avec « Foreword », enchaînant subtilement sur le premier titre et qui laissait entrevoir un opus bien plus abouti, ou simplement des morceaux, à l’instar de celle angoissante de « Hit The Floor » et une autre dérivée d’un riff de guitare acoustique (« Somewhere I Belong »), ou bien ses constantes percussions, boucles et samples électroniques habillant les compositions (« Lying From You », « Easier To Run », « Numb »).
Meteora n’est pas non plus un plagiat pur et simple de son aîné, puisque LINKIN PARK a tout de même tenté d’y inclure de nouvelles sonorités, pas toujours justifiées, à l’image de « Nobody’s Listening », dominé par le côté Hip Hop du groupe avec Mike rappant en principal et des beats prononcés le rythmant, mais introduisant également un air asiatique déstabilisant, de par l’emploi de shakuhachis (flûtes japonaises). « Faint », quant à lui, se démarque sans peine grâce à son énergie indiscutable apportée, évidemment, par les vocaux hurlés de Chester, dont un breakdown effréné, mais aussi un tempo plus élevé, accroissant l’agressivité de l’instrumentation, et la présence d’un mini-orchestre de violons, violoncelles et violas cisaillant la mélodie. Ces deux facteurs apparaissent également sur « Breaking The Habit », morceau rafraîchissant et un des plus brillants de l’album qui se distingue, notamment, par son absence de guitares distordues, remplacées par l’orchestration de cordes frottées ainsi qu’ une importante couche de synthé et éléments électroniques, et uniquement interprété par Chester Bennington délivrant une prestation touchante, aussi bien en chant clair qu’éraillé.
Globalement, lui aussi a amélioré son style vocal, desservant des vocaux clairs davantage travaillés, approfondis et mélodiques et des hurlements fougueux, toujours aussi efficaces (« Lying From You », « Figure.09 »). Mike Shinoda, quant à lui, rappe sur quasiment tous les titres avec un flow légèrement diminué en cadence. Cette fois, la répartition des pistes vocales est moins aléatoire que sur le précédant album puisque les couplets sont, la plupart du temps, laissés aux soins de Mike tandis que Chester s’occupe des refrains, avec tout le talent qu’on lui connaît. Les différents filtres, mélanges harmoniques des deux voix, et effets n’ont pas disparu et renforcent le côté plus électronique de l’album. Et pour les paroles, on reste, là aussi, dans la même direction que sur Hybrid Theory, même si un certain optimisme transparaît davantage.
Néanmoins, dans son ensemble, Meteora manque de profondeur et d’émotion, les membres montrant juste qu’ils sont capables de refaire des morceaux énergiques, directs et entraînants. C’est pourquoi la majorité des titres a du mal à se démarquer et les plus réussis le doivent principalement à l’instrumentation plutôt qu’aux deux frontmen que l’on sent moins impliqués dans leurs oraux, à l’exemple de « From The Inside », possédant la rythmique la plus intense de l’album, ou « Numb », surtout mis en avant grâce au clavier accrocheur, malgré l’interprétation sincère de Chester. La production n’est d’ailleurs pas anodine aux lignes saisissantes des musiciens puisqu’elle propose cette fois un son propre, où chaque instrument parvient à percer, et résolument surpuissant, ce dont profitent les guitares sans pudeur. Les riffs volcaniques dépiècent les compositions et soutiennent les refrains, avec l’aide de la basse calquée sur le même schéma, mais n’en restent pas moins simplistes. Ce qui n’est pas vraiment le cas de la batterie qui peut s’avérer assez complexe (« Easier To Run »), mais semble avoir eu moins d’importance dans le mix, les claviers et beats électroniques lui étant privilégiés.
En définitive, Meteora tient davantage le rôle de faire-valoir pour le groupe que d’album réellement nouveau. En effet, LINKIN PARK appuie sa capacité à composer des titres toujours aussi accrocheurs et fébriles, mais ne brille guère par son inventivité puisque trop de morceaux se contentent de reprendre les structures du précédent album. Après trois ans d’attente derrière cette formation talentueuse, c’est donc un disque en demi-teinte auquel l’on est confronté, le sextet ayant préféré assurer une prise de risque plus que minimale. On reste alors sur notre faim et, bien que disposant d’un son plus propre, on lui préfèrera son prédécesseur qui capturait de manière unique toute la fougue et la spontanéité de la jeunesse des membres.
Ajouté : Samedi 06 Novembre 2010 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Linkin Park Website Hits: 11159
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