SUIDAKRA (se) - Book Of Dowth (2011)
Label : AFM Records
Sortie du Scud : 25 mars 2011
Pays : Suède
Genre : Death Black Metal Mélodique Celtique et Folk
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 40 Mins
Mine de rien, SUIDAKRA nous présente là son dixième album, et cela sans forcément jouir d’une forte réputation. Restés constants dans leurs sorties, certaines plus Folk, d’autres plus Extrêmes, mais toujours s’imposant comme de bons crus avec, en 2009, un Crógacht, mariant puissamment le Death Mélodique au Celtique, assénant un retour en fanfare suite au précédant disque, plus placide. Depuis Caledonia, les Allemands livrent, à nouveau, un album concept, adapté de célèbres légendes celtiques. Cette fois-ci donc, pas question de guerres romaines, ou de héros tuant son fils, mais plutôt d’êtres démoniaques, les Fomores, dont sont contées les périodes successives de dominations et déchéances. Cette histoire fait, par ailleurs, quelques liaisons subtiles avec celle de l’album précédent, tout comme ce dernier en faisait avec son prédécesseur.
Si, dans le premier cas, la connexion ne s’en tenait qu’à la trame, dans le second, elle semble également s’appliquer au contenu musical, puisque ce Book Of Dowth possède de nombreuses similarités avec le disque précédent. Alors, même si l’aspect lyrique entre en jeu et voit les compositions écrites en fonction, il est malgré tout dommage d’assister à des agencements analogues à ce que le groupe avait fait deux ans auparavant, comme le milieu d’album concentré sur les sections Folk qui s’avèrent, en outre, moins aguicheuses que leurs homologues. Car, là où Crógacht, dans sa pochette dorée, gardait des tonalités joviales, surtout avec l’apport des instruments traditionnels et des chœurs enchantés, la jaquette de ce nouveau disque, superbement dessinée, dégage plutôt une aura maléfique et envoûtante, tentant d’attirer l’auditeur au sein de ses nuées mystiques. Cette ambiance visuelle, accordée à l’histoire, se retrouve aussi musicalement et principalement sur les titres davantage celtiques et acoustiques, à l’instar du pressant « Birog’s Oath » présentant un chant féminin grave, appuyé de cordes frottées et percussions low tempo, ou de « Mag Mell », et sa mélancolie prononcée soutenant des vocaux masculins doublés du sexe opposé. Bien que ces deux pistes soient belles, le niveau reste inférieur à « Feats Of War ». Par contre, « Over Nine Waves » révèle une utilisation de la cornemuse plus aboutie.
Précisons, aussi, que la production, plus nette et bien moins typée Black, permet à Lars d’hisser proprement sa batterie au premier plan. N’étant plus étouffé dans le mix, il dévoile un jeu toujours aussi bien exécuté, parcourant les compositions de schémas implacables. S’il rythme les sections légères avec un soin chirurgical, il sait également relâcher des impacts déferlants donnant une vigueur considérable aux titres (« Fury Fomoraigh »). Pareillement, à la basse, Marcus incruste ses cordes avec précision, apportant la profondeur nécessaire et participant à assombrir les pistes acoustiques. Du fait de ce mixage, le son est tout de même moins brut et agressif, surtout au niveau des guitares, passées au second plan, avec davantage de partitions en cordes sèches. Les riffs restent néanmoins énergiques et, hormis quelques-uns prenant une touche atmosphérique (« Stone Of The Seven Suns »), assez classiques pour le groupe, menant à certains morceaux secondaires, tel que « Battle-Cairns ». Sont également proposées, quelques démonstrations mélodiques et leads de bonne facture, à l’image de ce que l’on trouve sur « Balor », qui accuse, de plus, des réminiscences avec NIGHTRAGE.
Effectivement, il ne faut pas oublier la base Death Mélodique de la formation, qui garde une présence affirmée grâce à l’instrumentation véloce, et au frontman Arkadius. Tout d’abord, son travail sur les claviers se manifeste avec discrétion ; loin de surcharger les pistes, il ne sert que de support minutieux à de rares instants, à l’image de l’accompagnement des envolées vocales sur le dynamique « Dowth 2059 », ou bien des samples atmosphériques ardemment martelés de « The Dark Mound », dans des sonorités dans la veine du Whoracle d’IN FLAMES. En ce qui concerne le chant, ses lignes subissent aussi le remaniement sonore et apparaissent assagies. Qui plus est, ses vocaux extrêmes sont moins gutturaux et laissent davantage de place à des plus éclaircis, mais tout de même vindicatifs, et la compagnie de plusieurs passages interprétés en chœurs. Par conséquent, on note un aspect épique ne ressortant pas assez des titres. La piste de clôture illustre parfaitement ce fait puisque censée correspondre à l’implosion de l’univers, d’après l’histoire, mais faisant davantage office d’une brise légère au bord de l’eau.
Finalement, SUIDAKRA poursuit tout simplement sur sa lancée et, même si on aurait apprécié une évolution plus sensible de leur musique, force est de constater qu’ils conservent toujours la même force persuasive dans l’exécution de leurs compositions. Evidemment, ce petit accroc laissera sans doute les amateurs du groupe préférer le précédent opus, puisqu’on ne peut s’empêcher de comparer les artifices réutilisés qui nous avaient fait sillonner des sentiers identiques. Quoi qu’il en soit, le Metal Celtique prouve à nouveau qu’il possède de glorieux représentants, délivrant une musique de qualité, dommage que la reconnaissance du groupe ne soit pas plus prononcée, en dépit de ses seize années d’existence ; ce serait amplement mérité.
Ajouté : Vendredi 06 Mai 2011 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Suidakra Website Hits: 8982
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