Après un Cauldron remarqué, RUINS n’a pas tardé à sortir son nouvel opus ; on ne peut en dire autant du temps que j’ai pris à m’attaquer à cette chronique… Mais l’heure n’est pas à l’autoflagellation, laissons cela à Kvarforth (SHINING)…
Front The Final Foes (un peu leur « chaussettes de l’archiduchesse » à eux) reprend-il les choses là où Cauldron les avait laissées ? Disons qu’en l’espace de quelques mois, les effets du réchauffement climatique se font sentir même si, à la production, on retrouve, comme pour Cauldron, leur voisin, et frangin pour le batteur Dave, Joe Haley (guitariste fondateur, avec Dave – vous suivez ? – du groupe de Death technique PSYCROPTIC). L’auditeur a ici plus l’impression de se rapprocher des mers du sud que de la Mer du Nord. La faute (question de goût) à une batterie nettement mise en avant et une double pédale parfois utilisée à l’excès (« The Sum of your Loss », l’intro d’ « Annihilate »), ce qui donne une nette prédominance aux tonalités chaudes au détriment des sonorités mélancoliques portées par les guitares, plus présentes sur l’album précédent. Même le chant se fait plus rentre-dedans (« Breath of Void ») : pour vous donner une idée, une voix proche de Tom Warrior (CELTIC FROST), les postillons en plus. Cela prêterait presque à sourire par moments, à l’instar des prestations scéniques d’IMMORTAL, mais n’exagérons rien : RUINS continue à faire du Black avec des influences à la CELTIC FROST ou SATYRICON, et plutôt bien, et avec un son puissant. Toutefois, même si on retrouve les gimmicks du groupe sur des titres comme « Hallways of Always », force est de constater que le diable de Tasmanie n’a plus la verve (ou la verge, au choix) d’antan.
Au final, ce troisième album, que l’on a coutume de qualifier de celui de la maturité, se révèle plus linéaire, moins personnel. C'est un fait : le blizzard sied mieux au Black que le sirocco.