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DEVIN TOWNSEND (ca) - Ghost (2011)






Label : Inside Out Music
Sortie du Scud : 20 juin 2011
Pays : Canada
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 63 Mins





Une catharsis, quelle qu’elle soit, est un processus humain terriblement difficile à définir, et voire parfois, une quête dont on ne sort ni indemne, ni véritablement sur d’avoir trouvé les réponses intérieures. C’est une démarche personnelle dictée par un besoin irréfutable, celui de pouvoir ouvrir des portes trop longtemps restées fermées, de se débarrasser de démons qui vous rongent de l’intérieur.
Cette démarche peut recouvrir bien des aspects, du simple dialogue avec autrui, au passage douloureux dans le cabinet d’un psychiatre/psychologue, voire à l’internement et au sevrage chimique dans les cas les plus extrêmes.
On peut parfois trouver la solution soi même, en se repliant sur sa propre existence et en se penchant sur sa Némésis, ou opter pour une diffusion orale du problème, à qui veut bien l’entendre.
Nous – je parle en tant que simple fan de musique – pouvons, à un moment T donné nous sentir si proche d’un musicien que son entreprise individuelle nous semble collective, à partir du moment ou celui-ci choisi de diffuser ses œuvres d’une façon publique, et ainsi, nous retrouver impliqué dans cette voie de guérison, d’une manière ou d’une autre. Ecouter un album en est ainsi une.
Mais faut il au moment de cette écoute prendre tous les paramètres en compte, ou bien simplement juger de l’œuvre en tant que pièce musicale avec sa propre raison d’être, sans y inclure tous les éléments à notre disposition ?
Lorsque Devin s’est lancé dans cette vaste entreprise de déconstruction de lui-même, nous savions que nous ne pourrions avoir une vision globale de sa volonté qu’une fois sa tétralogie achevée. Au moment même où le dernier volet sort enfin, il devient difficile de l’extraire de sa quasi globalité pour en juxtaposer un jugement objectif et sur.
A la manière de Ki il y a deux ans, Ghost brouille les pistes, et, musicalement parlant, n’a que très peu de liens avec l’univers du Metal. Cette musique si apaisée, si éthérée ne saura convaincre les détracteurs de son concepteur, ni de l’utilité de son essence même, ni d’un quelconque rapport avec une pertinence qui de toute façon n’a pas lieu d’être dans le monde si particulier de Townsend. Alors faut il le prendre simplement comme un élément à décharge de plus, ou alors, faire un effort et faire preuve d’abstraction pour juger cet album pour ce qu’il est ? A savoir, plus d’une heure de musique sublime, qui n’est rien de plus qu’une facette supplémentaire de la personnalité complexe d’un homme à l’âme insondable, et une étape en avant dans son désir de nous faire partager les épreuves qu’il a pu connaître.
Il est certain qu’avec ses guitares cristallines, ses flûtes subtiles et ses lignes de chant épurées à l’extrême, il est très ardu en tant qu’adepte de musique agressive de se sentir concerné par Ghost. Je ne vois guère d’équivalent (ce qui dans le cas de Devin est un phénomène récurrent) à vous proposer, et encore moins quoi que ce soit à quoi vous raccrocher. Nous sommes ici à des années lumière de STRAPPING, encore plus de nombre d’albums solo du bonhomme, car à aucun moment – et j’insiste sur ce point – un quelconque accès de fureur ne vient troubler la quiétude ambiante. Avec en apport la voix sublime d’une « non chanteuse » (amie de Devin), et des arrangements subtils dignes du meilleur quart d’heure Zen possible, ce LP est, et ce depuis le début car il nous avait prévenus, l’épisode le plus difficile d’accès de la tétralogie sur les addictions de Devin.
Alors l’inconnue de l’équation restera votre capacité à faire abstraction de vos attentes initiales, et votre aptitude à vous plonger dans cette heure de bonheur que nous propose une fois de plus un homme capable de faire tomber les frontières stylistiques, non par une volonté acharnée, mais par le simple fait que ce concept de « catégorisation » lui est complètement étranger, lui qui ne souhaite qu’une seule chose, nous offrir la musique qui sort de sa tête et de son cœur.
Et si à l’écoute du sublime titre-track, « Ghost », vous n’éprouvez pas comme une sensation de bien être et de paix intérieure, si « Blackberry » ne vous donne pas envie d’ouvrir la fenêtre, de sortir pour marcher la tête haute en respirant l’air frais, alors il conviendra d’admettre que cet album n’est pas fait pour vous, sans ironie ou méchanceté aucune.

Que retenir donc d’une tétralogie qu’il nous faudra écouter encore et encore, inlassablement pour en saisir toutes les nuances et subtilités, et qui, au grand dam de son créateur, va porter aux nues un individu dont les seuls talents sont d’être un musicien hors norme, un compositeur fabuleux, et un homme honnête ? On pourrait affirmer que Devin, tel Saul, a parcouru son chemin de Damas, et a fini par voir la lumière. Qu’il a eu la générosité de nous envoyer par l’intermédiaire de quatre pièces musicales aussi différentes que complémentaires.

Le Yin et le Yang. Dieu et le Diable. La noirceur et la lumière. Indivisibles, la liberté et la justice pour tous. Comme le disait très justement Robert Smith en intro de « A Thousand Years », « Ca n’a pas d’importance si nous mourrons tous ».
Le principal est d’avoir vécu, pour pouvoir le raconter aux générations futures, pour leur montrer que nous étions là, que nous avons souffert, mais surtout, que nous avions choisi d’exister.
Car après tout, nous ne sommes que des êtres humains.



Ajouté :  Mardi 07 Juin 2011
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Devin Townsend Website
Hits: 11062
  
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