En quête d’inspiration pour aborder le tout nouvel opus des gros costauds d’I DECLARE WAR, je me suis dis qu’il ne serait pas totalement idiot de relire le papier que j’avais écrit jadis pour Malevolence, histoire de savoir déjà approximativement dans quelle direction cette sortie serait susceptible d’aller. La condition est désormais claire comme de l’eau de roche, si ces mecs arrivent à proposer deux compos honnêtes sur l’ensemble de l’œuvre, ce disque sera considéré comme meilleur que son prédécesseur. De toute façon, il leur sera bien compliqué de faire pire que ce grotesque monceau de brutalité coreuse proposé en 2010. Et pourtant, en y réfléchissant bien, il n’y a que seize petits mois qui séparent ces deux disques, autant dire que les probabilités d’entrevoir une nette évolution sont assez faméliques, quand on sait que la logique actuelle de productivité implique d’enchaîner albums sur albums, en s’octroyant parfois une petite pause tournée.

Tout ça pour dire que contre toute attente, I DECLARE WAR s’est bel et bien repenti. La pochette très glauque, presque Black Metal de cette sortie éponyme le confirme partiellement. Et ce qui est purement génial ici, c’est qu’en six minutes et trente secondes montre en main, les américains ont déjà fait plus que sur Malevolence. « I, Tormentor » démarre au quart de tour, avec un riffing technique et vif, qui débouche sur une lente double-décélération, d’abord mid-tempo puis carrément down-tempo. Trois rythmes, trois ambiances pour un premier morceau assez explicite qui sera suivi par « Misery Cloud », idéal pour mosher. On y retrouve une facette très groovy, généralement caractéristique de groupes de qualité comme ANNOTATIONS FOR AN AUTOPSY, avec des riffs sourds, quelques breaks et une batterie qui fait cavalier seul. Plus moderne, plus dynamique et moins austère, ce Deathcore correspond davantage à l’image qu’on s’en fait généralement. Là où Malevolence se montrait inaccessible et exagéré, I Declare War fait dans la simplicité et se base sur de nombreux changements de tempo, plutôt que sur des rythmiques linéaires. Le groupe se désolidarise de sa ligne directrice pour ouvrir son panel d’influences, voguant désormais entre CHELSEA GRIN, SALT THE WOUND, parfois KING CONQUER. Et si cette galette s’en retrouve plus accessible, elle reste néanmoins difficile à chier. I DECLARE WAR a conservé son aspect granuleux, mais a juste eu la bonne idée de faire d’en faire des machines à tubes, tels que sont « Final Hour » et sa conclusion dantesque ou « Weak Minds » en guise d’outro bien tourmentée. Mon seul regret est l’absence totale de pistes du calibre de « Putrification Of The Population » qui mettait en avant le peu de musicalité qu’ils possèdent, et ce n’est certainement pas le pauvre motif mélodramatique en fin de « Pillow Talk » qui suffira à inverser la tendance. Tout ça est fort heureusement compensé par la découverte d’un certain talent qu’on ne soupçonnait plus, par un album servi dans un enrobage gourmand et glucidique et simplement par les nets progrès réalisés par les ricains. Reste juste encore un peu de travail à accomplir au niveau du chant car une fois encore, Jamie Hanks cherche des notes abyssales et plus graves encore que ce dont il est capable. On a juste l’impression qu’il pousse tellement fort qu’il va finir par se chier dessus tôt ou tard. A part ça, tout va bien j’ai envie de dire.

Réelle satisfaction que ce disque ? Trois fois oui. Parce qu’on ne pouvait pas s’attendre à quelque chose qui change réellement de Malevolence dans un laps de temps si restreint. Si I DECLARE WAR sonne encore aujourd’hui comme de très nombreux groupes, au moins il sonne comme les meilleurs, ce qui n’était pas le cas encore un an auparavant. J’ai très envie de croire qu’après six années de tâtonnements, les mecs ont fini par prendre la bonne porte, et qu’avec ce disque, on pourra en toute logique enfin les prendre au sérieux.