Un pour tous, tous pour rien ! ALL FOR NOTHING, c’est le hasard d’une rencontre au sortir d’un bosquet. Hellfest 2012, il fait plutôt beau et le stand de patates n’est pas loin. On s’aventure donc pour la première fois vers la Warzone, scène dédiée majoritairement aux groupes de Hardcore. Et là, devinez quoi, une nana vêtue d’un shorty qui laisse ses beaux jambonneaux apparents arpente les planches de gauche à droite en sautillant. On se fige et on écoute. Ce sont là les premiers (et uniques) souvenirs que j’ai des Néerlandais. A mon retour sur Terre, ni une, ni deux, je demande à me farcir leur petit dernier qui, mine de rien mine de crayon, est déjà leur quatrième effort. Enregistré dans le mythique Kohlekeller Studio (BENIGHTED, POWERWOLF, CREMATORY…), To Live And Die For, sorti en ce début d’année 2012, va très certainement propulser nos tulipes rotterdamoises à la place qui est la leur. Celui de maître-étalon.

Avec le désistement récent et inattendu de BORN FROM PAIN, il restait de toute façon une place à prendre dans le paysage Hardcore néerlandais. Et le siège désormais vacant épouse parfaitement la chute de rein rembourrée de dame Cindy, la frontwoman du combo. Ce qui ressemble pour le commun des mortels à une curiosité de la nature est pourtant un fait de jeu très habituel, puisque IWRESTLEDABEARONCE, IN THIS MOMENT, WALLS OF JERICHO ou AURAL WINDOW se sont désormais parfaitement fondus dans la sphère Hardcore mondial, bien que guidés par des nanas. Dans le cas d’ALL FOR NOTHING et de son nouveau disque, il faut reconnaître que la madame se démerde aussi bien qu’un mec, si ce n’est mieux. Ses cris généreux, loin de prêter à confusion, donnent tout de suite à cette rondelle une énergie et un punch inestimable. To Live And Die For démarre dans le chaos et se conclut de la même manière. Entre les deux, il y a des morceaux comme « Idle Hands », « Twisted Tongues », « The Silence », « Seize Today » ou « Tried And True » qui sont de véritables hymnes d’un Hardcore très légèrement revitalisé par des nuances Punk. Le grand talent d’ALL FOR NOTHING, c’est justement de concentrer épisodiquement ses efforts sur des morceaux qui tabassent dur (« Insidious ») avant d’enchaîner des compositions sur lesquelles les refrains scandés façon NYHC seront à l’honneur. Cette dualité entre des créations facilement mémorisables et d’autres, plus axées sur la brutalité pure du Hardcore moderne seront les balles qui garniront un barillet qui ne demande qu’à se soulager de son poids sur vos tempes. Jamais cet album ne relâche la pression et là encore, ce qui est censé être une constante pour le HxC n’est pas toujours vérifiable sur chaque disque du style. To Live And Die For maintient ses bonnes intentions jusqu’au terme de ses vingt-sept minutes, qui auront vu défiler la bagatelle de treize morceaux ! Dernier fait de jeu notoire, et pas des moindres, ALL FOR NOTHING s’efforce de donner du groove à sa musique, en offrant une grande liberté d’expression à une basse dynamique ou à des passages en beatdown écrasants, comme sur le final ahurissant de l’éponyme, qui clôt d’ailleurs cette œuvre plus que convaincante de la meilleure des manières.

Avis de tempête sur vos oreilles. Les Néerlandais font le métier et le font extrêmement bien. En plus, je ne pense pas avoir été influencé par leur performance au Hellfest, dont je ne me souviens quasiment plus de rien, si ce n’est de l’intensité dégagée par leur set. Loin de toute prétention, loin de toute facilité et fidèle à l’esprit du Hardcore, ALL FOR NOTHING mérite ce qu’il leur arrive. L’histoire ne dit pas s’ils en ont bavé pour arriver à ce stade, mais forcément, pour débiter un Hardcore aussi hargneux, il faut avoir quelques blessures internes. Et en persistant dans cette démarche, je persisterai à leur apporter mon soutien.