OMNIUM GATHERUM (fi) - Beyond (2013)
Label : Lifeforce Records
Sortie du Scud : 25 février 2013
Pays : Finlande
Genre : Death Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 57 Mins
On ne change pas une équipe qui gagne. Enfin, à part le bassiste. Deux ans après que New World Shadows ait créé la surprise dans la communauté Death Mélodique en propulsant le groupe vers les hautes sphères de la maturité musicale, OMNIUM GATHERUM rempile avec Beyond. Avec eux, soit on attendait un an pour un résultat mitigé, soit trois pour une bonne surprise ; voilà une nouveauté dans le planning des Finlandais. Et ce sera sûrement une des seules. Effectivement, particulièrement satisfaits de leur orientation sonore, et de la critique unanime, c’est sans surprise que ce nouveau disque est de nouveau passé entre les mains habiles et expertes de Dan Swanö et Teemu Aalto : sans compter l’éternelle présence d’Olli Lappalainen pour le design visuel, plutôt à la baisse ici.
Mais ce n’est pas dérangeant car, au final, ce qu’est Beyond, c’est simplement un "New World Shadows, Part. II", ni plus ni moins. Prenez l’intro, « Luoto », ce délicieux démarrage en arpèges qui entraîne jusqu’à l’apothéose du riff mélodique, sublime. Cette construction, on la connaît déjà de « Watcher Of The Skies », le solo en plus ici. Et rebelote juste après avec « New Dynamic » ; ne seraient-ce pas les riffs d’« Ego » qui rythment le morceau ? C’est pourtant toujours aussi efficace et prenant, dans cette subtilité poétique propre à la Finlande. Les leads harmonisés et la batterie judicieusement dosée donnent vie aux mélodies enivrantes, toujours grâce à un doigté sensationnel pour travailler le caractère onirique des atmosphères. Mais le groupe stagne, patauge, à l’exemple de « White Palace », lancinante, mélancolique, impressionnante de maîtrise pittoresque, mais inintéressante et bloquée sur le même leitmotiv tantôt en acoustique, au synthé, en lead, sur une cadence morne. Le son ne dévoile rien de nouveau, si ce n’est un aspect plus effacé, plus atmosphérique, et une forte présence de claviers, qui partent parfois dans des boucles empruntées à leurs collègues de chez MYGRAIN (« In The Rim »). Plutôt regrettable, aussi, c’est la sous-exploitation de la basse alors que le mix de Swanö a toujours su en faire profiter le groupe. On repense à sa réussite sur « An Infinite Mind » du précédent, ou même l’ensemble de The Redshift, et le seul morceau qui la met un tantinet en avant ici, c’est la ballade d’arpèges « Who Could Say », aux scissions intenses, qui se pose presque comme une « Greeneyes » transposée de 2008 aux sonorités présentes du groupe.
C’est-à-dire, en somme, une batterie en retrait pour laisser les mélodies se déverser, ce qui n’a pour résultat que d’accentuer leur omniprésence, et finit par ennuyer. La grâce instrumentale, les alternances dans les schémas, les plans, la vitalité incombée aux mélodies pertinentes de New World Shadows, se retrouvent rechignées pour les sempiternelles même textures fournies, percées de leads cristallins. Un filon dont le charme s’épuise à force de tirer sur la corde. Et cette même tonalité claire surexposée rend l’album fastidieux, presque forcé, là où son prédécesseur s’écoutait avec fluidité. Même la voix claire est de retour, non plus de Dan Swanö, mais de Jukka Pelkonen qui s’était pourtant juré de la laisser de côté. Heureusement, ses lignes restent en harmonie avec les pistes. Mais on leur préfèrera ce growl bien brouillon et dense qui affiche malheureusement peu de variations dans son phrasé, même sur les sections de blast. Malgré ses compositions fouillées finement arrangées, Beyond est trop long et prévisible. Ce constat se pose tout du long puisque, sur une heure de matériel, seul un quart d’heure parvient à ne pas sonner trop familier. C’est d’abord le combo de mi-album « Formidable »/« The Sonic Sign », qu’il faut attendre pour vraiment s’amuser sur l’album trop homogène jusqu’alors. Deux déferlantes aux riffs explosifs, un chant de caractère phénoménal, de belles alternances acoustiques, et du solo réalisé avec maestria et un feeling hallucinant. Virtuosité que l’on retrouve sur le titre suivant, « The Unknowing », même si la piste repompe « Soul Journeys » sans vergogne, dans l’ouverture et les synthés ; une manie très agaçante quand on en est à 80% de l’album. Ce doublet est, avec un « Living In Me » bien dur rythmiquement qui fait écho à The Redshift, le véritable faire-valoir d’un album constamment à cheval entre low et medium tempo pour construire ses atmosphères (« Nightwalkers » qui s’enlise dans son Doom vrombissant malgré de beaux passages Death sauvages).
OMNIUM GATHERUM s’était enlevé une épine du pied au départ Harri Pikka, ce qui avait largement contribué à cette réorientation vers un "INSOMNIUM Metal", il y a deux ans. Markus Vanhala en profitait alors pour dévoiler l’entière étendue de ses capacités fascinantes. Cependant, là où New World Shadows impressionnait dès les premières écoutes, ce Beyond a plus du mal à rendre son travail subjuguant. Faute, notamment, à cette sensation de redite, cette impression qu’on est en train d’écouter les chutes studio qui n’ont pas pu finir sur le "premier volet", et l’aspect novateur n’est plus réellement là. Le groupe abuse même de ses qualités. Et si l’ensemble est toujours très éloquent et généralement de qualité, gare au syndrome BEFORE THE DAWN qui a valu une redondance ennuyeuse et, aux dernières nouvelles, un split définitif de la formation.
Ajouté : Mercredi 15 Mai 2013 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Omnium Gatherum Website Hits: 7898
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