ANGRA (br) - Secret Garden (2015)
Label : earMusic
Sortie du Scud : 16 janvier 2015
Pays : Brésil
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 49 Mins
ANGRA aime le tragique. En 2001 déjà, lors du départ du charismatique André Matos, ils nous avaient joué le coup de la résurrection avec Rebirth, album très réussi qui marquait le début de la période Edu Falashi au chant. Entre temps les choses se sont gâtées, les deux derniers disques sont bâclés, Aqua (2010), le concept-album inspiré de La Tempête est une vraie tragédie, les fans lâchent l'affaire et les tournées se raréfient... Edu finit par quitter le navire pour se consacrer à ALMAH, laissant Kiko Louleiro et Rafael Bittencourt, les derniers membres fondateurs tenir la barre de ce vaisseau fantôme. Après avoir laissé planer le doute sur l'avenir d'ANGRA, le groupe se remotive en 2013 pour célébrer ses 20 ans en engageant Fabio Lione (RHAPSODY) pour quelques dates. Il massacre les morceaux un à un, pourrit le DVD live filmé à l'occasion, mais le public répond présent, et une fois n'est pas coutume, l'intérimaire obtient un CDI.
C'est dans ce contexte un peu bancal que sort Secret Garden, le huitième album studio. Un accouchement dans la douleur, avec un line-up remodelé dont les deux guitaristes restent garants d'une marque de fabrique que les fans de la première heure aimeraient beaucoup voir ré-émerger sur ce disque. Les rythmes exotiques, les sonorités classiques, les percussions tribales... Hélas de tout cela il ne reste plus que quelques allusions parsemées avec tact. Mais assez intelligemment, ANGRA a décidé d'adapter sa musique aux forces en présence, à la tessiture vocale de Fabio notamment, ainsi qu'à son background musical. Le groupe donne un son à des aspirations nouvelles, de composer des titres peut-être plus simples et plus directs, mais plus accessibles et efficaces. A moins que ça ne soit une envie d'assurer le coup après s'être bien vautré lors de ses derniers essais...
Quelques semaines avant la sortie de ce Secret Garden, le groupe a diffusé un premier extrait, "Newborn Me" (Renaissance, Acte 2). Si je n'avais pas eu de tendresse particulière pour ANGRA, André Matos ayant bercé de ses vocalises haut-perchées ma crise d'adolescence, je n'aurais pas été plus loin. C'est un amuse-bouche quelconque et convenu, sans grand génie. C'est aussi lui qui ouvre l'album. Mais d'emblée on se rattrape avec un rapide et puissant "Black Hearted Soul", à la structure certes classique, presque formatée, mais simplement bien exécuté, avec des chœurs très justement placés et des soli bien chiadés. Sur "Final Light", on reconnaît la patte du groupe dans les gros riffs et les percus, et entrevoit la lumière...
Parmi les vraies réussite, on a plusieurs mid-tempos très bien construits, sans superflu ni facilité. "Storm of Emotions" et surtout "Violet Sky", sur lesquels Rafael Bittencourt prend le micro sont de belles démonstrations que le groupe en a encore sous la semelle. Le dernier est conclu par une montée en émotion remarquable, avec des chœurs puissants qui tournent en boucle, un joli solo de guitare et une belle performance de Bittencourt au chant. "Upper Levels" est dans la même veine, audacieux et technique, avec un solo de guitare résolument jazzy, certainement l'oeuvre de Kiko qui excelle dans ce domaine musical.
Pour on ne sait quelle raison, ANGRA a confié à Simone Simons (EPICA) l'interprétation de "Secret Garden", la première ballade de l'album. Hélas c'est une pure chienlit, un vrai piège qui plombe le disque, avec une mélodie moisie, déjà entendu sur chaque album du groupe hollandais avec la même mièvrerie. En revanche, le duo Bittencourt / Doro Pesch sur "Crushing Room" est emballant : l'ambiance inquiétante du morceau, la complémentarité des voix, la belle approche mélodique donne à ce titre une classe folle et apporte une vraie plus-value au CD. Fabio revient sur un titre bien speed, "Perfect Simmetry", pas extraordinaire en soi, mais parfaitement adapté à son style de voix. La maîtrise instrumentale fait le reste, avec en prime l'intervention d'un orchestre à cordes juste avant les soli, évocation appréciable des origines musicales du groupe, que Matos avait tant défendues jusqu'à Fireworks. Le disque se termine sur une nouvelle ballade, acoustique celle-ci. Très dépouillée, elle met en exergue la voix de Bittencourt et de jolis chœurs presque gospel.
Un vent de fraîcheur nous est donc venu du Brésil. Un vrai come-back, aux ingrédients assemblés avec une grande intelligence. Fabio Lione fait le boulot, mais l'apport de Rafael au chant est incontestable. L'inclusion discrète mais réelle de sonorités traditionnelles plaira aux nostalgiques. Et le ressenti global du disque annonce un renouveau, dans les intentions, dans les idées, et dans la musique elle-même. Espérons que ça ne soit pas qu'un effet de scène.
Ajouté : Vendredi 30 Janvier 2015 Chroniqueur : JB Score : Lien en relation: Angra Website Hits: 6524
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