ABSOLUT (ca) - Hells Highest Power (2015)
Label : D-Takt & Råpunk Records
Sortie du Scud : 1er Juin 2015
Pays : Canada
Genre : Crust D-Beat
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 27 Mins
Décidemment, le Canada serait il la nouvelle patrie de la brutalité sous ses formes les plus diverses ? Hardcore, Post Noise, Crust, D-Beat, les groupes locaux s'agitent et remuent du bocal pour exploser le notre à grands coups de déflagrations assommantes...
Mais qui s'en plaindrait ? Après tout, et surtout des heures passées sur le net à traquer la nouveauté excitante, je constate que les petits groupes font preuve d'une énergie redoutable et d'une réelle envie d'en découdre... A l'heure où Cubase® et Pro Tools® ont remplacé les antiques quatre ou huit pistes analogiques, chacun peut sortir sa démo sous un format pratique, et surtout, avec un son convenable.
Mais au niveau éthique, le problème se pose... Doit on conserver l'esprit DIY d'antan, et continuer de proposer des albums/démos/EP sous format cassette, histoire de se la jouer vintage ?
La réponse est bien évidemment oui, car certains groupes n'ont cure d'une quelconque propreté sonore, et à l'écoute de leur musique, j'affirme que leur décision est la bonne.
Ok, donc Canada, Toronto, Ontario. C'est bien de là que viennent les furieux ABSOLUT, et je suis ravi que leur musique trouve écho par chez nous.
Jeune groupe ayant déjà sorti une démo, un EP (Punk Survival, tout est dit) et un split, ABSOLUT ne trompe personne sur ses intentions avec pareil patronyme.
Vous connaissez tous les vertus alcoolisées de cette fameuse vodka du même nom. Alors, il vous suffira de transposer ses effets secondaires sur l'esprit en musique, et vous aurez ainsi une petite idée de la puissance de ce nouvel effort des Canadiens, qui ma foi est encore plus enivrant que cette boisson diabolique.
On savait que les bougres étaient portés sur la violence du D-Beat et de ses rythmiques affolantes et affolées, mais ce nouvel album prouve qu'en plus, ils savent manier le mid tempo et les ambiances putrescentes et délétères.
Mon Dieu quelle violence transpire de ce bien nommé Hells Highest Power... ABSOLUT serait-il l'arme secrète du Diable pour pervertir nos pauvres consciences affaiblies par la télé réalité et les journaux du soir ? Si tel est le cas, Lucifer a un bel avenir devant lui...
Le propos n'est certes pas tendre. Et après une entame ne ménageant ni les effets venteux, ni les cris féminins, les guitares grasses rentrent en scène sur fond de percussions animales, et la bête se lance enfin corps et âme dans une orgie de violence très effrayante... Voix à l'arrachée mixée en arrière plan, "choeurs" bestiaux et arrangements chaotiques, nulle discrétion n'est faite quant aux aspirations bruitistes des Canadiens... "Sick Pleasures" se complait ensuite dans un mid tempo caractéristique du Crust, avant de s'envoler d'une rythmique en bélier soutenant des lignes vocales étouffées. Le terrain est connu, et apprécie les citations du passé, en piochant allégrement dans l'héritage Anarcho Punk des années 80, tout en mettant l'emphase sur une violence bien contemporaine, comme le prouve le très ébouriffé et véloce "Reich".
Le combo sait resserrer les mailles, et concentre ses efforts sur de courts et virulents pamphlets de moins de deux minutes ("Hysterias Window", "Devil", "For Fuckin What" tous trois agités d'un D-Beat grondant et rampant), tout en aménageant parfois de courts instants de faux répit ("Shadows" genre berceuse salement décalée et malsaine), mais ne peut s'empêcher de côtoyer les cimes du chaos presque absolu(t) ("Noose" et sa méchanceté gratuite et sale qui donne franchement envie de se pendre), tout en prenant soin de taquiner un groove rugueux et abrasif sur une demie piste ("Systems Cross"), de développer une accroche médium profonde et trouble ("Survival", caverneux et rempli de rebonds en forme de gimmicks), avant de se finir sur une de ses saillies les plus véhémentes ("Last Corpse", qui en effet serait la bande son idéale pour l'agonie du dernier homme).
En gros, un sacré panel de griefs à l'encontre de toute forme de tempérance et de mélodie, gardant une belle cohérence vitupérant sans négliger pour autant la variété des incisions... En gros, la chirurgie sans anesthésie, avec gants à la propreté douteuse et instruments stérilisés à la chaux, pour un résultat qui cautérise à l'ancienne sous des cris de douleurs déchirants.
Fans de Crust et de D-Beat, ruez vous de suite sur Hells Highest Power si la netteté et les coupes au biseau vous font chier. Ici, le foutoir est intégral, bruyant, puissant, instinctif et immédiat, mais le résultat, aussi primaire soit il, est de première bourre et efficace... en diable.
Un peu comme une bouteille de vodka de contrebande avalée cul sec un soir d'hiver, à Toronto. Ca arrache, ça laisse sur le carreau, on ne se souvient de rien le lendemain (et on préfère sans doute), mais qu'est ce que ça réchauffe...
Ajouté : Mardi 22 Septembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Absolut Website Hits: 5950
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