SUIS LA LUNE (se) - Distance/Closure (2015)
Label : Topshelf Records
Sortie du Scud : 31 juillet 2015
Pays : Suède
Genre : Post Rock
Type : Album
Playtime : 4 Titres - 29 Mins
Je suppose que vous n'avez pas pu passer à côté de cette news, pilonnée un peu partout sur le net. Il y a quelques jours, nous avons eu droit à une lune bleue, phénomène qui se reproduit tous les trois ans. C'est assez joli, et si vous l'avez manqué, rendez vous en 2018 pour avoir une chance d'y assister.
De toutes façons, en ce moment, la lune est omniprésente. Pleine, rousse, bleue, elle est le centre de toutes les attentions, plus que notre planète elle même... Pas mal pour un satellite.
Alors parlons-en...
Ou mieux, suivons là. Puisque c'est ce que nous conseillent nos héros du jours, qui malgré leur patronyme ne sont pas français, mais bel et bien suédois. Quel exotisme...
SUIS LA LUNE existe déjà depuis de nombreuses années, et possède à son actif un joli catalogue de sorties. Quelques titres placés sur des samplers, des 7'', des 12'', et deux longue durée, Quiet, Pull The Strings! en 2006 et Riala il y a... trois ans.
Font-ils exprès de coller à l'actualité lunaire et colorée ? Je n'en sais rien, mais le parallèle est troublant...
En ce bel été 2015, le quatuor suédois constitué de Henning et Daniel (guitares), Andy (basse) et Karl (batterie) nous propose donc un nouveau format hybride, un 12'' à la dualité patronymique intéressante. Distance/Closure, et son opposition d'ouverture/fermeture est à l'image de sa musique, très opaque et hermétique, et pourtant délicatement aérée. La simplicité des raccourcis me ferait dire qu'ils naviguent clairement en eaux Post, ce que j'ai d'ailleurs indiqué, mais leurs chansons ont tellement d'empruntes différentes qu'il est impossible au jugé d'être aussi catégorique.
Si les allusions à LA QUIETE, ou THE SADDEST LANDSCAPE peuvent s'avérer pertinentes, elles placent juste les débats pour mieux les localiser, mais restent incomplètes. Car SUIS LA LUNE à son propre son, assez particulier et peut autant rassembler les fans d'Indie, de Post Rock, d'Alternatif, ou de Screamo, car ils proposent une sorte de Dream Post Screamo (hybride entre le Post Rock, le Screamo et la Dream Pop) qui les rend à part.
Les guitares sont la plupart du temps mélodiques, et les thèmes développés privilégient des harmonies blanches, aux motifs tournoyants. L'alternance entre distorsion et son clair est très pertinente, et les quatre longues pistes se complaisent à explorer des émotions contraires, oscillant entre la quiétude et la colère larvée. Rien n'est vraiment franc sur ce disque, mais tout est naturel.
La meilleure illustration de ce constat reste la longue pièce finale, "Within", et ses onze minutes, aussi abrasive sur sa première moitié qu'elle est éthérée sur la seconde. Entame franchement Post, Rock et Hardcore même dans les montées en puissance, avant qu'une mélodie sobre et onirique n'emplisse l'espace de son apaisement, suivant un peu le même genre de chemin qu'emprunte TENGIL dans ses constructions les plus simples.
Mais les suédois peuvent aussi jouer l'agression plus avouée, comme sur "Better Parts" qui lance des riffs rayonnants avant de se placer à mi chemin entre l'Indie Rock et le Shoegaze sobre, tandis que les deux morceaux d'ouverture, "Different Perspectives" et "Endless Cycles" jouent la diversité déjà expliquée, et tendent parfois une toile blanche quasi transparente de mélodie qu'un chant hurlé d'un ton monocorde vient transpercer sans aucune empathie. Arrangements faussement amateurs, arpèges à l'économie qui flattent dans le sens du poil une harmonie épurée, puis rythmique cassée, avant que les guitares ne se décident à durcir le ton, tombant parfois dans le Core le plus dru ("Different Perspectives" qui cavale parfois sur un tempo rapide, soutenu par une basse qui gronde en arrière plan).
"Endless Cycle" lui préfère un crescendo subtil, à l'image d'un faux plat qu'il faut gravir la sueur au front, mais reste en câblage assuré et médium, pour une montée plus équilibrée entre Alternatif et Post Rock.
Rien de nouveau sous le soleil, mais ça tombe bien, parce que lui aussi à rendez vous avec la lune. Mais quelques finesses de composition, ainsi qu'un ton délicieusement onirique rendent Distance/Closure assez fascinant dans sa démarche, pas vraiment droite.
Le genre de décalage qui hésite entre violence sourde et accalmies pas vraiment reposantes ni rassurantes, un peu comme une nuit éclairée qui laisse deviner dans sa pénombre des silhouettes floues et pour le moins inquiétantes.
J'ai donc regardé la lune, je l'ai suivie, mais son discours reste abscons. Veut elle vraiment qu'on la devine, ou préfère elle rester un mystère que nous nous évertuons à rendre poétique ?
Ajouté : Jeudi 29 Octobre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Suis La Lune Website Hits: 5210
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