STONEBIRDS (FRA) - Fañch (Juil-2015)
La Bretagne, terre des mystères, livre durant l'été 2015 le premier album d'un power trio embrumé. Ajoutant du mystique au mystère, l'opus est enregistré dans un ancien pensionnat catholique. Metal Impact a décidé de lever le voile sur toutes ces ombres en interviewant le groupe. Fañch s'est prêté au jeu avec un souci du détail remarquable et nous livre une histoire du groupe détaillée et passionnante.
Line-up : Fañch (chant, guitare), Sylvain (basse), Antoine (batterie)
Discographie : Slow Fly (Démo - 2011), Kreizh Breizh Sessions vol 1 (split w/STANGALA - 2013), The Mirabelle's Night (EP - 2013), Into The Fog...and the Filthy Air (Album - 2015)
Metal-Impact. Pouvez-vous nous présenter STONEBIRDS : date de naissance, histoire du groupe ?
Fañch. Stonebirds a débuté en 2008, dans un poulailler abandonné du centre-bretagne avec les 4/5 musiciens de mon âge que j'ai trouvés dans les 50km à la ronde.
Au bout de quelques semaines on a loué une petite maison dans le fond d'un bois afin d'y enregistrer la première démo en total DIY, Slow fly. Nous avons fini les prises à la roots dans le poulailler abandonné en plein mois de décembre. Sylvain est arrivé à la basse juste après et a apporté son bagage musical, plus sombre, plus violent.
On a ensuite rencontré les zombigoudènes de Stangala et l'alcool désinhibant nos aprioris communautaire (les bigoudens sont des violeurs de poules, c'est un peu nos Belges à nous) on s'est mis d'accord sur un projet de split ensemble, Kreiz-Breizh sessions Vol.1. On a choisi de l'enregistrer dans une petite ville du coin, Guéméné-sur-Scorff et son musée national de l'andouille, toujours en DIY. A la sortie du split on a découvert les joies de la tournée, toujours avec les larrons de STANGALA, et on s'est fait braqué le camping car à Paris mais on à tout de même réussi à finir la tournée à Birmingham. Juste à la sortie de la tournée, on a recruté Antoine à la batterie et commencé à travailler sur Into The Fog...And The Filthy Air avant de repartir sur une tournée française à la roots. Finalement en septembre dernier on a enregistré notre album au studio Kerwax, commencé à travailler avec DZO sur l'artwork puis finalement signé chez Pink Tank Records (de) pour une sortie prévue le 14 Juillet là, dans quelques jours.
MI. Vous avez commencé à jouer à 5 avant de stabiliser votre line-up à 3 musiciens, quels impacts cela a-t-il eu sur votre musique ?
Fañch. En premier lieux, la méthodologie de travail, c'est beaucoup plus simple à 3, ca nous a permis de composer des morceaux plus personnel. Et puis à 5, si t'as pas bossé le morceau, tu peux toujours te cacher derrière un de tes collègues, alors qu'à 3, t'as fait déplacer tes potes pour rien (et y'a 100 bornes pour aller au local de répét'). En nous stabilisant à 3, le fait que l'on ne se côtoyait pas souvent, qu'on ne se connaissait pas, nous a poussé à laisser de coté l'aspect desert-rock/fun/bande de potes du projet. Le projet est devenu plus ambitieux, plus studieux et une forte volonté de faire un son différent est née de ca.
MI. Vous avez évolué du Desert Rock vers le Sludge. Comment définiriez-vous le son actuel de STONEBIRDS ?
Fañch. Question compliqué, je dirais une musique lourde, sensible et progressive, les tempos sont assez lents, les structures plutôt complexes pour maintenir une tension tout au long des morceaux. Les ambiances sont très variées au sein d'un même morceau et peuvent aller du Doom à des parties très aériennes, très volatiles. J'espère que nous ne sonnons pas comme un tel ou un autre, après, tout à plus ou moins déjà été fait donc chacun trouvera l'étiquette qui lui convient. On nous a rapproché (dans le style) à des groupes comme ELDER, KYLESA, YOB, ISIS... des trucs assez variés dans la grande marmite fumante du sludge/stoner/doom/post truc, ce qui nous plait bien.
MI. Quelle influence la weed a-t-elle sur votre musique ?
Fañch. L'influence principale de la weed sur notre son vient sûrement plus de celle qu'elle a sur les groupes qu'on écoute, et dont on s'inspire, qu'une influence directe sur notre composition.
MI. Quelles sont vos sources d'inspiration ?
Fañch. Ma principale source d'inspiration viens de mon vécu, du centre Bretagne où j'ai grandi, de cette oppressante masse grise qui plane autour de toi tous les jours, de ces routes désertes jonchées d'anciens calvaires. J'éprouve toujours le sentiment d'être seul, hors du temps lorsque je me balade en Kreizbreizkistan. Les films visionnés, les livres lus et les jeux joués sont également une part importante de mes influences lors de composition.
J'essaie toujours de retranscrire du visuel, des émotions, plutôt que de partir d'un riff et de voir où ça mène. Mon objectif est d'occulter au maximum la musique que j'écoute lorsque je me mets en mode composition pour STONEBIRDS, et de retranscrire l'ambiance/l'histoire que j'ai en tête.
MI. Quelles sont vos références musicales ?
Fañch. On écoute de tout, ca va du classique au Grindcore. Là où on se rejoint c'est sur des groupes comme NEUROSIS, ISIS, TOOL, AMENRA... Des groupes qui savent t'imposer une histoire non linéaire, qui te font contracter tes muscles et te donnent envie de déchirer ton tshirt quand tu rentres dans l'essence du morceau... Ou alors tout le contraire, qui te surprennent et qui t'amène à faire un voyage intérieur. Je suis incapable de citer 2/3 groupes majeurs nous ayant grandement influencés pour cet album, peut-être PINK FLOYD, CULT OF LUNA et BLACK SABBATH ? Vraiment je ne sais pas.
MI. Votre album Into The Fog...And The Filthy Air a été enregistré dans un studio 100% analogique. Quel type de son avez-vous cherché à obtenir avec cette configuration ?
Fañch. On cherchait un son très naturel, assez proche de celui qu'on a en live. La grande majorité des albums Sludge/Stoner/Doom qui sortent de nos jours ont une énorme prod avec beaucoup de guitares, une batterie hyper compressée... On voulait vraiment se démarquer de ça, sortir un son travaillé mais honnête, sans artifice. On a aussi choisi de mettre une petite couche de reverb sur la batterie pour donner un sentiment d'oppression quand ça bastonne, plus aérien quand ça doit l'être mais également pour que l'auditeur puisse avoir le sentiment d'être avec nous lorsqu'il écoute l'album au casque.
On avait aussi en tête depuis le début du projet de le sortir en vinyle et cette visée là nous a conforté dans l'idée du studio analogique.
MI. Avez-vous enregistré live ?
Fañch. Oui, c'était important pour nous de l'enregistrer live, pour rester dans la démarche qu'on s'était fixée depuis l'étape de composition. De la même manière qu'on ne voulait pas de click pour le batteur, j'aime quand la musique bouge, elle est bien plus vivante ainsi et Antoine (batterie) est partisan du sans-click également. Telle partie aura besoin de quelques BPM en plus alors que le break d'après doit être bien plombé dans le fond du fond du temps... c'est notre conception de la musique. Après évidemment on ne prend pas 10 BPM dans la gueule après un roulement trop enthousiaste, ca reste très subtil, presque inconscient.
MI. Le lieu (un ancien pensionnat catholique) vous a-t-il particulièrement inspiré ?
Fañch. Bien sûr oui, tout autant que le producteur/technicien/gourou Christophe qui nous à accompagné durant l'enregistrement. Le lieux est vraiment unique et cadrait parfaitement avec l'ambiance qu'on souhaitait donner au disque. Après, l'album était écrit avant le choix du studio, il a juste donné une énergie différente sur certains morceaux et Christophe nous a fait bouger quelques structures, arrangements. Le fait qu'il ne soit pas un aficionado de la scène Sludge/Doom et cie nous a énormément plu, il a apporté une texture plus 70's au son de départ et nous a poussé à développer nos parties progressives, à assumer tous nos choix d'arrangement en nous donnant plus confiance en nos morceaux.
MI. Votre musique semble très écrite. Quelle part laissez-vous à l'improvisation dans votre travail ?
Fañch. Pour cet album, il n'y a que la fin de "Perpetual Wasteland" qui à été écrite puis arrangée presque en direct sur bande. L'improvisation est quasi-inconcevable dans STONEBIRDS, il n' y a pas de soli de guitare. Tout est écrit au mieux de ce que nous entendons, la structure des morceaux est assez éloignée du couplet/refrain... Il nous arrive parfois en live de faire durer un riff lorsqu'on sent que c'est nécessaire mais c'est la seule part d'improvisation qu'on s'accorde. L'improvisation vient seulement au cours du processus de composition.
MI. Que signifie le titre de l'album, Into The Fog...And The Filthy Air ?
Fañch. C'est une référence à MacBeth de Shakespeare. Je me suis beaucoup inspiré de cette phrase, "fair is foul and foul is fair, over through the fog and the filthy air". L'ambiance de cette pièce, et aussi de son adaptation cinématographique par Akira Kurosawa, "throne of blood" sont profondément ancrées dans l'album, il y'a ce brouillard crade qui fait le lien entre notre production, et ces deux œuvres. De plus, le concept de l'album est également en lien avec le thème que je m'était imposé pour l'écriture de l'album, la destruction de l'humanité par l'homme. Au tout début de l'écriture, j'avais l'histoire en tête et ces deux œuvres m'ont permis d'enrichir l'image que je m'en faisais.
MI. C'est un album plutôt court (5 tracks, 34 minutes), vous avez pensé à mettre un ou deux titres supplémentaires ?
Fañch. On aurait pu, on avait pas mal de morceaux en stock mais ces 5 titres racontent une histoire qu'on ne voulait pas altérer. En plus de ca, notre budget ne nous permettait pas de rester plus longtemps en studio ni même de sortir un double vinyle plutôt qu'un simple. Je trouve que ces 5 titres se suffisent, ils ont suffisamment d'ouverture, une production immersive, pour que l'auditeur ait le temps de se sentir partir, de lâcher prise. La durée n'est pas tout, l'intensité est bien plus importante à mon sens. Mais je peux déjà annoncer que le prochain sera plus long.
MI. Est-ce que vous envisagez une tournée de concerts pour promouvoir le nouvel album ?
Fañch. Bien sûr, on a prévu une tournée d'une dizaine de dates début octobre qui devrait essentiellement se dérouler en Allemagne et 2/3 dates en France. On a choisi de s'exporter un peu après la tournée française qu'on à fait au printemps dernier, on espère rencontrer Jan du label Pink Tank et un nouveau public.
Après ca, on fera le plus de dates possibles jusqu'à l'enregistrement du prochain album, que l'on compose actuellement, et qui devrait se faire autour de l'été 2016 si tout va bien.
MI. Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Fañch. Merci à Metal Impact pour cette interview, et la chronique. On est très heureux de l'accueil de l'album dans la presse pour le moment, on espère qu'il vous plaira ! Pour ceux qui veulent se le payer, il sortira le 14 Juillet 2015 en plusieurs versions, l'édition vinyle rouge est toujours en précommande chez Pink Tank. Une version grise splattered sera disponible à nos concerts et la version Black sur Bandcamp.
Ajouté : Lundi 03 Août 2015 Intervieweur : Rivax Lien en relation: Stonebirds Website Hits: 6865
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