SPIRE OF THE LUNAR SPHERE (usa) - Pangaea Ultima (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 25 septembre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Avant Garde Metal
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 26 Mins
Daytona, USA. Deux excentriques qui triturent des sons, et des références ultimes, genre Melt-Banana, Horse The Band, Genghis Tron, Battles, Zombi, Goblin et la J-Pop. beaucoup d'ailleurs citent HORSE THE BAND comme comparaison fatale pour parler du duo SPIRE OF THE LUNAR SPHERE.
A gauche, Michael Smith, guitare, synthé, chant. A droite, Brandon Jolly, claviers, chant, production. Au milieu, mademoiselle Korg M3 Workstation, rythmes. Une jolie partie à trois, pour un résultat qui ressemble à une gigantesque orgie sonore, avec préservatifs, attention.
On ne sait pas grand chose d'eux, et c'est tant mieux, j'aime le mystère. Ils se veulent jolis garçons, aiment les jeux vidéo, l'animation et le porno des années 70, THE NUMBER 12 LOOKS LIKE YOU, jouer ensemble, faire des bruits bizarres, et ARSONISTS GET ALL THE GIRLS, ce qui est déjà un bon début, et après tout, pas besoin d'en savoir plus.
Ah, pour la légende, il semblerait qu'ils se soient réunis un premier avril de cette année, mais gimmick ou pas, là n'est pas la question, car même drôle et ludique, leur musique est tout sauf une blague.
Comme d'habitude face à ce genre de groupe, le plus grand dénominateur commun va sans doute rejeter en bloc ces sonorités d'extra terrestres, et hurler à l'imposture, au scandale. Les mêmes probablement qui honnissent Mike Patton et M.BUNGLE, et les groupes pré cités. Ceux dont les parents vomissaient sur SUICIDE, les RESIDENTS, etc, etc.
Ils sont sympas, mais on les emmerde. Parce qu'en six morceaux seulement, ce Pangaea Ultima place SPIRE OF THE LUNAR SPHERE sur orbite, et pour un bon moment j'espère.
Alors de là, ou vous avez pigé le truc et tout va bien, ou sinon, cassez vous, c'est que vous n'avez rien à foutre ici.
Ici, on joue et on s'amuse.
Alors autant prendre les choses à l'envers.
Beaucoup parlent de Mathcore en évoquant Michael et Brandon. Sans doute est ce du au premier morceau de cet EP, "4 Bears", qui n'a rien à voir avec une comptine, quoique si en fait, et bien barrée. Il est certain que la structure rythmique de mademoiselle Korg est relativement heurtée, que les patterns dissemblables s'enchaînent sans discontinuer, et que l'énergie développée est intense, mais je verrais plus à la rigueur une exaction enfantine de CARNIVAL IN COAL, surtout pour ce break harmonique qui vient tout casser au milieu.
"Alpha Boost" commence comme une BO Sci-fi un peu cheap, ou soundtrack de jeu vidéo, et d'ailleurs, cette impression dure tout le morceau, puisque le duo a bien forcé sur les effets sonores, tout en agrémentant le tout de riffs bien Thrash et de guitares assassines sur fond de clavier puérile. Instrumental, pour la forme, délirant pour le fond, un peu Nintendocore dans l'esprit, mais en moins bourrin et systématiquement crétin. Car les gus savent se servir de leur machin, et l'arrière plan très technique et détaillé ne trompe pas.
Pas plus d'ailleurs sur "Berzerker Cloud", qui délire VideoGrind, se prend pour THE BERZERKER, le groupe, et sonne le glas d'un combat de catch entre un chien et la console qui traîne par terre. Un peu MANSON dans les vocaux, mais complètement hilare, et vas y que je te balance des cris, des effets stridents, spatiaux, et on remplit le tout sous l'oeil médusé du clébard.
Arrivé là, on a déjà mal aux genoux. Mais c'est con parce que mamie ne va pas rapiécer le velours côtelé, et il faut encore se manger la plus grosse claque du disque, le terrifiant morceau éponyme et ses huit minutes de délire total.
Pourtant, le truc commence clair et onirique, un peu comme du TOWNSEND, mais on sait que ça ne va pas durer. Et en effet, un gros riff sorti de l'espace vient déchirer la tranquillité ambiante, mais ça reste quand même assez mélodique. Et puis ça recommence, fulgurances Grind, Nintendocore, dialogues improbables entre un interphone et un fantôme, vocoder, trituration de voix, arrangements qui peignent un décor intersidéral aux couleurs chamarrées, mais comme d'habitude, beaucoup de savoir faire, de l'instrumentation précise, et une jolie collision entre le Metal libre moderne et l'univers cheap & digital des 80's. Free, but true.
Et comme si ça ne suffisait pas, on sort ce fameux clebs pour qu'il aille pisser, le temps de s'envoyer le totalement inclassable et presque DREAM THEATER sous champis "Sweets City". La ville est alors entièrement recouverte de bonbons et autres douceurs, et une fois de plus, une harmonie aux synthés 80's, une suite progressive en moins de quelques secondes, et le chien a enfin pissé.
"Underwater 7Crystal" nous rappelle pourquoi certains ont prononcé le mot "Mathcore" il y a quelques temps, même si celui ci se teinte d'un clavier paranoïaque et bordélique, suscitant même des murmures du chanteur, qui n'ose pas faire trop de bruit. KRAFTWERK, DEVO, DEP, M.BUNGLE, avec une petite dose tant qu'on y est de TANGERINE DREAM sur le plateau de Téléchat, et l'affaire est dans le sac. Le chien aussi. Il pissait trop.
Alors bla, bla, allez y, je m'en fous, "c'est n'importe quoi", "ça ne va nulle part", "Maître GYM c'est hachement mieux", "c'est pas vraiment du Metal".
Non, mais qu'est ce qu'on en a à branler ? Vous voulez finir comme le chien ? Et vous en connaissez beaucoup des groupes capables d'invoquer à la même table l'esprit de Yoko Ono, de Siouxsie et Mike Patton en moins de dix secondes ? ("Underwater 7Crystal", encore, toujours.)
Moi non plus. Alors ta gueule.
Ajouté : Vendredi 18 Mars 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Spire Of The Lunar Sphere Website Hits: 6174
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