« Mon Amour,
Aujourd’hui, j’ai rêvé que j’étais cette voix dans ta tête, que je te contrôlais. J’ai rêvé que j’étais ton amant, que je te contrôlais. J’ai rêvé que j’étais le plaisir que tu me prodigues, que je te contrôlais. Que j’étais la haine que tu cachais…Je ne suis plus qu’un tas d’os brisés, je suis tout seul…que suis-je supposé faire ? Tu m’as abandonné. Mon compagnon s’est cousu les yeux, car il avait peur de voir, il a essayé de me dire ce qu’il y avait à l’intérieur de moi, puisqu’il a les réponses à ma curiosité !
Je n’aime pas ce que je vois, ce que je sens, je rêve de tout voir s’écrouler. Tout ça me tache comme ce sang sur mes dents, je les emmerde tous. Aide moi, je n’ai même plus d’âme à vendre. Je veux te baiser comme une bête, je veux te sentir de l’intérieur, tu m’as emmené près de Dieu. Tu es de leur coté n’est ce pas ? Tu crois tous leurs mensonges ? Ils n’ont rien à perdre, et ils ont réussi à t’y faire croire…
Je suis coincé dans ces rêves et je suis en train de devenir celui que tu connaissais et qui avait des pensées cachées. J’essaie de m’échapper, mais je suis coincé. Je ne veux pas les écouter, mais leurs voix sont trop distinctes. J’ai vécu tellement de vies dans ma tête, je sais que tu t’en fous, après tout, c’est pas grand-chose, non ? Je suis si malade, peut être est ce tout ce qu’il me reste ? Peut être que je n’ai pas le choix ?
Le mec avec le gros flingue m’a encore mis à genoux. Il a sorti sa grosse bite, m’a mis le pétard sur la tempe, et m’a demandé de le sucer. Je lui ai dit « vas y, tire ! », mais rien ne pouvait l’arrêter…J’ai besoin de toi, je rêve de toi, tu m’as perdu, tu me détestes, alors achève moi…Ma merveilleuse menteuse, ma précieuse salope, tu es mon infection, moi si impur.
Je ne savais pas que c’était si facile en fait, de mettre un flingue sur ce visage, et bang !!! Tous ces problèmes résolu par le simple impact d’une balle ! Que suis-je devenu, toi ma meilleure amie, tous ceux que j’ai connus, ont fini par partir. Je peux tout te laisser, mon empire de sable, moi aussi je te laisserai tomber, je te ferai souffrir.
Si je pouvais tout recommencer, à des milliers de kilomètres, je trouverai une solution…
Je t’aime »

En 1977, Alan VEGA balançait à la face du monde les aventures de Frankie Teardrop, effrayante descente aux enfers de 10 minutes, où l’horreur le disputait à la froideur. En 1975, Neil YOUNG consacrait un album entier, Tonight’s The Night, à la mémoire de chers disparus. Un disque traumatique ou les larmes de l’auteur semblaient transpirer des sillons. Deux ans plus tard, Roger WATERS se montre tel qu’il est, nu, désarmé face à une société qu’il déteste au plus haut point. Il ne réussira jamais à détruire ce mur qu’il a mis tant de temps à construire.
En 1994, un musicien approche plus du génie total à lui tout seul qu’une myriade de groupes avant lui. En nous contant la triste déchéance d’un homme jusqu’à son suicide, il nous implique dans un cauchemar sans fin. Tous les sons, toutes les ambiances, tous les mots semblent sortis d’un esprit à jamais possédé par la tristesse, la solitude, la résignation.
Si cette pièce noire qui nous sert de conscience portait un nom, nous l’appèlerions The Downward Spiral.
Léo FERRE chantait qu’avec le temps va, tout s’en va. Il n’en est rien. Le vide reste et emplit nos vies d’une envie d’ailleurs.
Mais il n’y a pas d’ailleurs. Juste la douleur.