ENSLAVED (no) - Vertebrae (2008)
Label : Indie Recordings / Season of Mist
Sortie du Scud : 29 septembre 2008
Pays : Norvège
Genre : Black / Viking Metal Expérimental
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 49 Mins
Introduction. Primo, puis-je me permettre de dire que j’adore la cover du dernier enfantement d’ENSLAVED ? Une vertèbre lombaire qui glisse le long d’une paroi, répandant hémoglobine derrière elle… c’est autre chose qu’une représentation de Mère Nature couverte de sa fourrure de neige. Deusio, ENSLAVED est de retour ! Eux qui fréquentent assidûment la Metallo-sphère depuis mes premiers jours repartent pour une périlleuse croisade sur leur drakkar, redoré comme le blason des Templiers. Inutile de préciser qu’une telle sortie ne peut passer inaperçue. Et comme si leur nom ne suffisait pas à déclencher une violente trique à bon nombre d’aficionados du genre, il aura fallu qu’ils s’entourent d’un gratin d’experts des studios pour promouvoir leur come-back. Voyez plutôt ; mixage par Joe Baressi (TOOL, QUEENS OF THE STONE AGE) et mastering par George Marino (LED ZEPPELIN, METALLICA). Si avec ça, Vertebrae ne vous brise pas les cervicales, c’est que les vôtres sont plus habilitées à se déboiter sur du LORIE.
Phase d’écoute. Primo, ENSLAVED sonne toujours aussi expérimental. Deusio, peut-on se plaindre de voir qu’ils conservent la recette du succès, alors qu’ils auraient tout aussi bien pu jouer dans l’innovation et bénéficier d’un effet de surprise ? Assurément non, les norvégiens restent ancrés dans leurs traditions. Pratiquer un hybride de Black Metal teinté d’Odinisme et beaucoup trop déstructuré pour prétendre à la moindre once de cohésion. Un peu à l’instar d’un MESHUGGAH qui se plaît à exhiber ses tentatives déshumanisées, les nordiques privilégient le transfert d’émotions à toute forme de musicalité extrême. Leur meilleure arme se situe dans l’exploitation des chants. Une doublette de « Blackened » growls (Grutle Kjellson) et de passages clairs (Herbrand Larsen) qui offre une complexité et des aspects psychédéliques rares. Les rudiments d’une musique barbare sont toutefois préservés. A savoir guitares puissantes, rôdées et empreintes de nostalgie. Et comment omettre de souligner la qualité des effets orchestrés par les claviers de Mister Larsen, qui dédouble d’efforts pour placer un spleen, une chape opaque en bonne et due forme surplombant chaque mesure. Subtil. Le temps passe, sans s’inscrire dans la réalité, défiant les lois de l’ennui. Puis arrive « The Watcher ». Dernière piste. Synonyme : apogée, consécration, glorification, summum, triomphe. Les mots m’échappent pour mettre en valeur la perfection de cette composition. J’ai connu bien des frissons avec ENSLAVED, Ruun, Isa, Vikingligr Veldi, Monumension… tant de plages provoquant rêves, évasions mais jamais une telle transcendance. Cette conclusion est la fuite vers les étoiles du Nord matérialisée. Un appel à prendre ses clics, ses clacs, son casque et sa hache, à embarquer sur un navire aux côtés de guerriers hirsutes, prêts à en découdre sur l’honneur pour la gloire, à piller sans vergogne, à rependre horreur et cendres derrière eux. Pour peu que la dignité baigne leur âme.
Conclusion. Primo, ma notion de la perfection est abstraite. Presque autant que celle du culte. Un album culte serait celui qui traverserait les âges sans se démoder, celui qui frapperait d’un sceau indélébile le Metal, celui qui aurait la faculté de s’inscrire dans la ligne directrice du temps… à jamais. Deusio, il est encore trop tôt pour prévoir la destinée de Vertebrae. Mais nul ne doute que dans la catégorie du « quasi-culte », cet enregistrement fait déjà office de figure de proue. Et de proue d’un bâtiment viking, quoi d’autre ?
Ajouté : Lundi 15 Septembre 2008 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Enslaved Website Hits: 10573
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