SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION (FRA) - II (2003)
Label : Osmose Productions
Sortie du Scud : 28 avril 2003
Pays : France
Genre : Brutal Grindcore
Type : Album
Playtime : 22 Titres - 32 Mins
A une époque où le cumul des emplois, bien qu’illégal dans certaines situations, est devenu une nécessité financière pour beaucoup de personnes, SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION délivrait en 2003 un brulot qui était déjà assez représentatif de l’improbable mariage entre ménestrel du dimanche et artisan boucher-charcutier. Succédant à un premier album éponyme d’une remarquable finesse, II s’était imposé à l’époque comme une expérience jusqu’au-boutiste qui, sans aller jusqu’à révolutionner l’idée qu’on se faisait du Grind, mettait sacrément à l’épreuve le bien-fondé de certains artifices. Issu de l’agriculture biologique, cet album est un des rares à pouvoir se vanter de n’avoir subi aucun traitement chimique, de n’être passé sous aucune panoplie de malice pour un rendu incroyablement pur et sec. Ainsi connaissait-on les parisiens qui aujourd’hui, n’ont plus beaucoup d’affinités avec leur passé de délinquants musicaux.
Nous aurons l’occasion de revenir prochainement sur leurs nouveaux exploits. En attendant, il apparaît indispensable de bien disséquer ce fœtus mort pour comprendre comment ils en sont arrivés à de telles extrémités. La difficulté ici réside dans l’approche intrinsèque du produit. Pas de titres pour les morceaux, pas d’intro, pas de pauses, pas d’effets, ni sur les voix ni ailleurs. Dire que cet album aura donné du fil à retordre à bien des chroniqueurs est une gageure. Car rien n’en émerge distinctement. Rien de concret, d’analysable, de potentiellement décortiquable n’apparaît au fil de ces 32 minutes d’holocauste sonore. Extermination en bonne et due forme, raclage intempestif de cuvette mouchetée, détartrage explosif de canalisations bouchées, II atteint des sommets dans la barbarie. Mais attention, cet acte de violence primaire n’est pas la conséquence directe de besoins inassouvis. Non, il est un calcul réfléchi, une équation perverse dont la solution ne réside qu’en deux coups de crayon. Ce Grind est à la fois simpliste et torturé. Simpliste, pas minimaliste. Car SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION officie dans un genre où être bruyant n’est pas une assurance tous risques. Certains passent à travers les mailles du filet, d’autres pas. Les français, sur ce coup, n’ont pris aucun risque démesuré. C’est une machine de guerre aux rouages bien huilés, qui sait où elle va. Pour l’époque, ce full-lenght avait tout pour lui et c’est peu dire que presque dix ans après, il n’a pas pris une ride. Seule la production semble aujourd’hui d’une autre époque. Pour le reste, difficile de ne pas remarquer le côté précurseur de la chose, puisque certains tentent encore actuellement repomper certaines idées, non sans se couvrir de ridicule. C’est une question de feeling peut-être, puisque à l’image de SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION, ce sont ceux qui jouent libérés qui délivrent souvent les meilleures performances. On n’a pas besoin de technicité, pas besoin de démonstrations en tout genre, cet album opulent se suffit à lui-même, si loin et en même temps si proche de l’extase bruitiste.
Mais bien au-delà de ses qualités strictement musicales, c’est l’objet de collection que j’ai choisi de passer au crible. Vous n’êtes pas sans savoir que SCD est revenu, il y a quelques semaines, avec un quatrième opus. On m’avait prévenu, on m’avait dit que le dernier né serait « différent » de ses frangins. Alors j’ai pris le temps de faire les choses dans l’ordre, j’ai pris le temps de faire comme si le Grind était une passion qui me dévorait déjà en 2003. La réalité, c’est que quelle que soit l’issue de cette nouvelle expérience, j’aurais eu le privilège de connaître SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION sous son meilleur jour. C’est sorti il y a maintenant neuf ans, et ça s’appelait II.
Ajouté : Mercredi 22 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Sublime Cadaveric Decomposition Website Hits: 9092
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