Un peu comme tous mes copains chroniqueurs, mon premier réflexe en faisant connaissance avec TETRAZEPAM aura été de faire sur la Toile des fouilles minutieuses, presque archéologiques, afin de trouver l’origine de ce blaze peu orthodoxe. L’ami Wiki nous dit alors que "le tétrazépam est une benzodiazépine que l'on prescrit en général pour son effet myorelaxant". Merci pour ton aide précieuse. Alors plutôt que de vous faire la lecture de la posologie de ce myorelaxant, autant vous présenter le groupe du même nom. Originaires de la région Aquitaine, ces cinq dingos revendiquent l’appartenance à un style bien précis. Le "Brutal Hardcore". A priori, on voit déjà dans quelles eaux ces garçons vont patauger. Reste à savoir si l’aide précieuse de Mathieu Pascal (GOROD) pour l’enregistrement de leur premier EP autoproduit, Spread Your Venom, ainsi que son aura, seront deux éléments suffisants pour faire décoller la carrière de cette toute récente formation.

Après plusieurs écoutes approfondies, je dirais que malheureusement, cet EP sera beaucoup trop juste pour faire planer TETRAZEPAM parmi les plus grands espoirs de la scène Hardcore française. Cet enregistrement ressemble davantage à un brouillon, à une esquisse de ce à quoi le groupe veut ressembler, qu’à un vrai test d’identité. Ces mecs ont vraiment de chouettes idées, et je le dis en connaissance de cause parce que le Hardcore et moi, ça ne fait qu’un. On retrouve en eux des éléments très intéressants, à commencer par le côté percutant du mouvement ainsi que des rythmiques hachées très persuasives. Spread Your Venom, c’est un direct du droit qui aurait pu mettre K.O debout, à condition que la production autorise un peu de relief à ces compositions belliqueuses. Hélas, et on ne leur en tiendra pas rigueur, cette facette "autoprod’", bien qu’elle respecte totalement les codes d’un Hardcore sincère, ne donne pas à cet EP toute la dimension à laquelle il aspire. Le jeu de batterie de Robin, certes fluide, avec une super utilisation des cymbales, comme je l’aime, résonne sec comme un coup de trique. On a vraiment entre les oreilles une musique brute, sans artifices mais également sans vraiment d’animation. Idem pour les guitares, qui se montrent très incisives et un brin techniques, mais qui souffrent terriblement d’un rendu audio imprécis. Musicalement parlant, TETRAZEPAM fait le boulot, s’orientant vers un Hardcore classique et teinté d’un Death tout à fait honnête (« Thoughtless Act »). La balance affiche rarement un équilibre quasi-parfait, mais qu’importe, ces Aquitains affichent beaucoup d’énergie et de bon vouloir, ce qui est surement le principal. On ne retiendra pas forcément l’imagination débordante de Spread Your Venom, mais plutôt son dynamisme communicatif. Je ne vous cache pas que je préfère le Hardcore quand il est bien rond et généreux, baignant dans un corps gras. Celui-ci est plutôt frêle, pas vraiment poussif mais il évolue sur un câble sans filet de sécurité.

Une chose demeure néanmoins sûre. Aujourd’hui, le nom de TETRAZEPAM est griffonné quelque part dans un coin de mon cerveau. Il est possible que je m’en serve à nouveau un jour, comme de l’inverse. C’est une roulette russe. En tout cas j’ai été très heureux de faire leur connaissance. Même si leur Hardcore n’est pas le plus "Brutal" qui soit, il en a dans le pantalon. Et une fois "l’amateurisme" enterré, on pourra sans aucun doute discuter de choses plus sérieuses.