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NO RETURN (FRA) - Steeve (Sept-2002)


Metal-Impact avait déjà rencontré No Return en Avril 2002 et lorsque l'on a su que celui-ci allait partagé l'affiche de Nile et Sinister lors d'une prochaine tournée et qu'il avait signé un deal avec Nuclear Blast, nous avons voulus en savoir plus. Nous avons donc profité de leur venu à Ris-Orangis (91, Le Plan) pour discuter avec Steeve lors du concert organisé le 21/09/02 par l'association Metal'Hand : Paris Metal King avec Killers, Malédiction, Gronibard et Koroboree.

Line-up
: Steeve Petit (chant), Malko Pouchin (samples), Didier Le Baron (batterie), Olivia (basse), Benoît Antonio (guitare), Alain Clément (guitare)

Discographie : Psychological Torment (album – 1990), Vision Of Decadence (demo – 1990), Contamination Rises (album – 1991), Seasons Of Soul (album – 1995), Red Embers (EP – 1997), Self Mutilation (album – 2001), Machinery (album – 2002), No Return (album – 2006), Manipulated Mind (album – 2008), Inner Madness (album – 2012)

M-I Interviews du groupe : NO RETURN (FRA) - Steeve et Al1 (Avril-2002), NO RETURN (FRA) - Steeve et Alain (Avril-2002), No Return (FRA) - L. Chuck D. et Al1 (Mai-2012)


Metal Impact. Metal-Impact vous a rencontrés sur la 1ère date de votre tournée française en avril 2002, comment s'est passée cette tournée ?

Steeve. Je dirai que la tournée s'est plutôt bien passée car au niveau du budget on est rentré dans nos frais. Ce qui est important quand on sait comment marche le Metal en France. Mais au final, ça nous a fait chier de faire la dernière date à la Loco (Paris) car ça sonnait un peu le glas, la fin de la tournée en fait.
Mais ce n'est que partie remise car on a pas mal déliré avec les mecs de Scarve, on a dit qu'on allait se refaire une tournée ensemble. Du coup en février 2003, on est censé retourner ensemble. Et il y a aussi le fait que depuis quelques jours, on sait que Scarve a réussi à se placer sur la tournée avec Nile. Donc on sait qu'ils viennent avec nous sur cette tournée ce qui fait qu'on va se taper un mois ensemble et là ça va être le pied. Car on est quand même 2 groupes français sur cette tournée et là ça va être mortel.
Pour revenir à cette tournée, c'est nostalgique à fond. Quand on est rentré à Paris et qu'on s'est dit que ce soir c'était la Loco, on a fait " waouh ". Car 5-6 jours avant on se disait que le moment où l'on allait être à la Loco, ça allait nous faire bizarre. Au final, c'était une pure tournée, ça a été le délire total tout le temps, voilà c'était rock'n roll.

MI. No Return connaît du succès à l'étranger alors que l'accueil en France reste toujours mitigé. Selon toi, quelle en est la raison ?

Steeve. C'est un gros débat ça, c'est toujours pareil. Je crois que le Metal est rentré trop dans un phénomène de mode dans les années 80's et comme tous les phénomènes de mode, ça évolue et on est passé à autre chose. Donc je pense qu'il y a déjà ce premier problème, et le deuxième est qu'il n'y a pas eu assez de gens suffisamment passionnés à l'époque pour vouloir continuer à faire ça, et qui aient les épaules pour pouvoir garder cet énorme phénomène en France.
Donc évidemment, c'est parti en sucette... C'est pour ça qu'en France, nous, ça ne marche pas énormément. Cet été, on a joué au Summer Breeze où il y avait 6000 personnes pour nous acclamer alors que tu sais qu'en France si tu arrives à plafonner à 600 c'est énorme pour un groupe Français. Tu dis "waouh" quand on est en Allemagne on fait 6000, là ça calme, on se fait "ah ouais quand même" [Rires].
Et là, tu vois les retomber, tu vas au stand de dédicace. J'ai halluciné car c'était la première où je signai des dédicaces sans relever la tête, ça y allait, ça y allait... C'était impressionnant, c'est un peu space car au niveau de ça tu n'as pas le temps de serrer la main, de discuter, c'est très rapide.
Mais sinon le concert, c'était énorme, inoubliable, je m'en souviendrai toute ma vie, vraiment, de même que tous les membres de No Return s'en souviendront. C'est vrai qu'à l'étranger c'est la différence.
Après on est parti à Burgen en Norvège, on ne connaissait pas. C'était une ambiance un peu à la française du genre : "ouais, vous êtes No Return c'est bien on s'en fou" et puis quand on a mis la guerre c'était la différence directe. D'un seul coup on était leurs meilleurs amis et là on a été impressionné car c'est quand même le pays d'Immortal, Enslaved et compagnie. Donc, quand tu as un des mecs d'Enslaved qui te prend dans ses bras en te disant "c'est l'un des meilleurs show que j'ai jamais vu de ma vie". Tu sais que ces gens ne sont pas là pour pipoter. Ceux qui organisaient le festival ne regrettaient pas de nous avoir fait venir, donc du coup mortel pour nous.
MI. Du coup c'est paradoxal, dans un sens, car vous avez fait 2 succès à l'étranger par rapport en France mais en même temps, on a l'impression qu'à l'étranger ce n'est pas encore ça au niveau de la reconnaissance du Metal français.
Steeve. Les mecs en France... C'est peut être un peu prétentieux ce que je vais dire ou ai dit mais de mon côté j'en ai chié grave pour arriver là où j'en suis. Il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas qu'il faut faire des efforts et des sacrifices énormes et que c'est un boulot de malade.
Moi, ça fait 2 ans que je ne bosse pas et je vis avec queue dalle même si les gens croient par certaines rumeurs que je vis du Metal à mort... nous on vend quoi 2000-2500 albums en France donc tu vois, t'hallucine, tu te dis que c'est de la merde.
Quand tu vois que tu es épaulé comme ça et qu'à l'étranger la différence, elle est claire. Dès fois, tu te demandes si ce ne serait pas mieux de déménager comme Massacra et de partir ailleurs.
Ce qui m'a fait halluciner par rapport au Summer Breeze, c'est que des Français sont venus nous voir et nous disaient comme ça : "on ne savait pas que No Return était un groupe français". Or ça fait 12 ans que l'on existe dans ce putain de pays ! On a de la presse à mort parce qu'on bosse comme des malades pour avoir tout ça et bah... on ne peut pas faire mieux...
Cependant, les Français se bougent quand même le cul car il y a du monde dans les concerts. En fait, ils se déplacent que lorsque c'est exotique. Nous, on a le côté un peu exotique car les français sont la grande question actuellement. Ce sont des groupe comme No Return, Scarve ou Anorexia Nervosa par exmples qui sont vraiment les grandes questions par rapport aux étrangers. Antheus aussi car maintenant il part en tournée avec Deceide. Les mecs se posent pas mal de questions car ils voient que les français commencent à avoir beaucoup de patate et tout mais le seul truc qui nous manque, c'est une identité et arriver à dire "nous, on impose ce style" et le véhiculer.
Maintenant à voir comment ça va se passer dans l'avenir mais je pense qu'on va arriver avec quelque chose d'un peu comme ça un jour... On va y arriver mais faut se battre.
Moi je le dis, je bouffe pas normalement tous les jours même si ça a l'air. Les mecs quand ils nous voient en Autriche, un mec nous a dit "putain j'ai l'impression que vous avez des crocs les mecs quand vous êtes sur scène". Ben ouais, normal car la différence est que tu vois beaucoup d'Allemands qui jouent sont blasés donc lorsque l'on arrive derrière on mène une guerre scénique, on travaille beaucoup sur ça car si tu arrives à faire un show monstrueux, tu gagnes du public...

MI. Quel est le bilan, à l'heure actuelle, de votre concept album qu'est "Machinery" ?

Steeve. Le bilan, on est super content de cet album. Je pense qu'on en est tous fiers mais c'est vrai que j'ai l'impression que l'on a avancé de 10 ans par rapport au style qu'on faisait.
Je trouve qu'au niveau de la musique, on a élargi le champs, qu'en penses tu ?
MI. Oui c'est sur, de toute façon il faut avancer, il faut progresser mais je reste quand même un peu nostalgique des 2 premiers albums...
Steeve. Oui c'est clair et le changement de line-up a contribué à cette évolution...
Mais pour en revenir au bilan, c'est déjà un meilleur plan par rapport à la France où les gens achètent plus d'album depuis "Self Mutilation". On se demandait ce qu'on allait faire et l'on s'est posé la question de savoir si on allait lancer l'album ou pas ! Puis on s'est dit aller on le fait pour le fun et sur Machinery ça l'a fait donc je crois qu'on va relancer un album. Maintenant il faut qu'on voie après la tournée de Nile de façon à faire le bilan. Car lorsque tu vois l'investissement et toute l'énergie que tu mets là dedans pour le peu de retour qu'on a en France par exemple et bien tu flip... Donc, la passion avant tout...

MI. Vous avez décroché un deal avec Nuclear Blast concernant l'étranger, qu'est ce que cela a changé concrètement au jour d'aujourd'hui ?

Steeve. En général, il y a des moments où l'on peut arriver à se trouver des riffs...
On avait prévu de travailler là dessus, moi je travaille en même temps sur mon projet. Je sais que pendant la tournée, on aura que ça à foutre, faire de la zik donc on va faire ça ou se promener et voir les villes où l'on va aller. Voilà c'est ça la zik, on va pas s'emmerder non plus [Rires].

MI. Vous avez connu pas mal de problèmes en line-up, où en êtes vous aujourd'hui ?

Steeve. Alors faut faire attention aux rumeurs. De un, Olivia ne quittera pas No Return et de deux, j'avais entendu dire qu'Alain et Didier étaient partis du groupe parce que je faisais des crasses en répétition, c'est n'importe quoi les mecs racontent n'importe quoi.
Concrètement, ce qui se passe c'est qu'on est super soudé le seul truc pour lequel on est emmerdé c'est que Didier est très serrés sur ses jours, il n'a plus de jour et là pour la tournée je ne sais pas comment il va faire. Donc ça va être l'ambiance car il y a 6 dates qu'il ne peut pas faire et sur les 6 dates, il a fallut que l'on trouve une solution du coup on a trouvé un batteur intérimaire pour ses dates là.
Et Alain pareil, lui, il a son boulot et son job s'est d'être professeur de physique-chimie pour les 1ères terminales. Comme il vient de recommencer les cours, il ne peut pas se barrer comme ça du jour au lendemain. Le truc c'est qu'il va se porter malade pendant 15 jours et c'était super chaud car les mecs ils veulent pas la rater cette putain de tournée.
Si les gens ne comprennent pas qu'un groupe comme nous ne peut faire tout ce qu'on nous demande, c'est vrai que c'est chaud. Maintenant, on essaye de démarrer comme on peut donc la solution était là c'était de prendre des zikos pour les remplacer. Il y aura donc le frère d'Olivia qui est guitariste et le batteur qui joue actuellement pour Misanthrope.

MI. Après ces problèmes de line-up, vous avez changé un peu de style. Comment cette évolution a t-elle été ressentie par les anciens membres (Alain et Didier) ?

Steeve. Pour No Return ce qui est important c'est justement l'évolution. Rester figé sur une chose de la musique, ce n'est pas développer quelque chose d'artistique, c'est dans ce cas rester sur des acquis et on se dit ok on vit là dessus pour pas se prendre la tête. Nous, on se prend la tête, on a envie de faire évoluer notre truc sans partir dans des trucs trop techniques non plus mais on fait ce qu'on aime...

MI. Vous avez commencé à travailler sur le successeur de "Machinery". Peux-tu nous en dire plus ? Si oui, sera t-il dans la même lignée que "Machinery" ?

Steeve. Il sera dans la lignée de Machinery et Self Mutation en fait. Un mix dans le sens où il faut les 2. Je pense que dans l'idée c'est ça avec encore un peu d'évolution au niveau de la musique avec peut être plus de samples. Nous, ce qu'on veut c'est rester brutal. Mais on a envie d'élargir encore plus le truc, de passer de trucs brutus à des trucs un peu plus cool aussi, essayer de varier les tempos, travailler au niveau de vocaux plus claires. En fait de rentrer dans le délire musicos et s'éclater aussi soi même en sortant de nos influences.
On aime bien Self Mutilation et il y a une certaine brutalité que l'on aimerait pouvoir ramener une certaine simplicité au niveau des riffs, qui posaient avec la batterie, créée une pure osmose, essayer de mêler les deux en fait. Enfin c'est notre idée de départ pour le moment, ça se trouve dans trois mois on changera d'idée.

MI. Steeve, tu t'occupes d'une association Zuule Tribe qui fait du management, gère des salles de répet... Quel est ton sentiment par rapport à la 1ère date de la tournée française en avril 2002 ( 45 personnes) ?

Steeve. Je me dis qu'on ne peut pas faire toujours des bonnes choses, il y avait peut être pas mal de paramètre qui faisait que ça s'est passé comme ça. Un jour tu fais 45 personnes et le lendemain 300, nous, on fait notre show, on donne le meilleur de nous même, même s'il n'y a que 3 personnes.
MI. Parle nous un peu plus de ton assoc Zuul Tribe...
Steeve. Et bien c'est un truc pour l'instant qu'on s'est crée pour travailler sur les tournées et comme je suis graphiste c'est surtout sur le design dont je m'occupe.
Donc, en fait c'est pour essayer d'aider un peu la scène Metal française en essayant de monter des mini tournée en France pour essayer de faire tourner les groupes, de bouger tout ça. Car même par rapport aux petits labels français, c'est d'essayer de faire vivre le Metal, de le faire évoluer qu'il puisse y avoir une assise du Metal en France. Je pense que c'est comme ça que l'on peut arriver à faire quelque chose.
L'anti-business ne marchera pas, il faut un minimum de business et présenter les choses, de toute façon autour de nous, tout marche par le business c'est comme ça. Si le Metal en France, il est comme ça, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures... C'est parce qu'on ne veut pas le faire évoluer.
Pour l'instant mon association se met en route tout doucement, je vois un petit peu les trucs et si demain je vois que ça ne porte pas ses fruits, je vais passer à autre chose, je me prends pas la tête là dessus.
Maintenant j'essaye de faire évoluer le truc, je bosse par rapport à ça je fais des pochettes d'albums pour des groupes qui dès fois n'ont rien à voir avec le Metal mais ceci dit j'essaye de faire cela pour bouger les choses.
Et il y a moyen de faire bouger les choses mais il y aura toujours des gens qui veulent garder des choses pour eux. Par exemple, les collectifs montent un truc ensemble, ok, mais les mecs se tirent entre eux.
MI. C'est un peu le principe des rappeurs...
Steeve. Oui, je connais très bien car avant de faire du Metal je faisais du hip hop. Et je trouvais que le Metal avait une démarche un peu plus sereine mais à une époque, le hip hop avait une démarche qui rassemblait tout le monde. Quand est arrivé le rap, c'était plus sectaire, c'était " moi je fais mon truc et les autres c'est de la merde ". C'est un petit dommage et c'est ce qui m'a fait passer à autre chose. Remarque le Metal français prend un peu le même chemin, tu me diras ça fait partie des mœurs...
Maintenant, moi par rapport à l'asso je ne veux pas faire n'importe quoi pour planter le truc. Les deux tournées se sont bien passées donc je continue et tant que cela se passera bien je continurai...

MI. Ce soir, vous avez jouer avec des groupes d'orientations musicales différentes. Quelle est votre opinion, par exemple, sur Gronibard et son Porno-Grind ?

Steeve. Je trouve ça carrément cool. Je pense qu'on devrait plus s'ouvrir pour mélanger les styles, faire venir beaucoup de gens et qu'il y est du respect par rapport à tout ça ! Car le fait de rester chacun dans son coin, ça va limiter, limiter et ça va partir en sucette...
Comparé aux années 80's, la nouvelle génération a tout divisé en particulier pour la France, c'est les mentalités qui ont fait ça car avant les mecs allaient voir aussi bien Slayer que Bon Jovi par exemple...
MI. Et le fait de jouer avec Killers ?
Steeve. Tu veux que je te dise, j'aurai même préféré que ce soit eux qui est la tête d'affiche car j'ai un énorme respect pour Bruno (ndlr : leader de Killers) car, et même si j'affectionne pas le chant français, ils sont là depuis 20 ans... Tout est dit, respect...

MI. Un dernier mot pour les M-I cyber lecteurs.

Steeve. Continuez à lire ce webzine et continuez à défendre tout et surtout le Metal en France. Il faut se bouger, aller aux concerts parce qu'on a besoin de tout le monde… Il faut faire vivre le Metal pour qu'il continu à être présent et à évoluer...


Ajouté :  Lundi 30 Septembre 2002
Intervieweur :  Blasphy De Blasphèmar
Lien en relation:  No Return Website
Hits: 17781
  
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